Françafrique. LA GUERRE MEDIATIQUE DE LA FRANCE CONTRE LE CAMEROUN ET L’AFRIQUE

Gabriel Makang | le Sphinx Hebdo Jeudi le 26 Février 2015 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’un des principes élémentaires de la guerre consiste à susciter des trahisons, à infiltrer l’adversaire pour le fragiliser et le faire tomber de l’intérieur.

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C’est bien ce que la France a fait dans sa tentative de déstabilisation du Cameroun. Elle s’est acquis la coopération passive et active de certains de nos compatriotes dans les forces armées, la classe des élus, la haute administration, les hommes politiques, les associations de la société civile basées à l’intérieur du pays et à l’étranger ainsi que les medias.

 

Certains  l’ont fait pour un gain immédiat, notamment financier alors que d’autres investissaient à long terme, se positionnant pour le prochain régime, croyant l’actuel condamné à tomber comme d’autres en Afrique avant lui. La société camerounaise est ainsi divisée entre le tout petit groupe qui a de la sympathie pour la France de laquelle ils obtiennent des stages de formations, des dons matériels pour leurs services et même des cadeaux de ses multinationales, et la vaste majorité qui voit en elle la responsable de beaucoup de nos maux. Si tous ces aspects méritent de l’attention, celui qui nous intéresse ici est, vous l’avez deviné, celui des medias et des journalistes qui font le jeu de l’adversaire.

 

C’est bien connu, qui veut gagner une guerre contrôle l’information.

 

Celui qui contrôle les medias détermine la perception des populations des évènements. C’est grâce à leur manipulation de l’information que le vol des matières premières des pays africains a été pendant des décennies perçu comme une aide au développement, une arnaque financière telle que le Franc CFA assimilé à un soutien à notre monnaie et qu’une opération de déstabilisation par l’intermédiaire de Boko Haram  comme une de simples ambitions territoriales de radicaux islamistes.

 

Cette guerre médiatique dirigée contre notre continent et le Cameroun en particulier en ces temps de crise n’a pas commencé aujourd’hui. Déjà  au temps de la colonisation et pendant les indépendances, la France avait mis en place un vaste réseau d’artifices dans le but de contrôler la pensée des jeunes Etats naissants. Et les effets de cette colonisation peuvent être encore perçus dans les attitudes de certains des dirigeants africains, surtout francophones.

 

Parmi les outils de la guerre de la pensée qu’elle a mise en place, on peut citer les centres culturels, la Francophonie, la langue comme langue d’études, les programmes scolaires et les medias tels que RFI, France 24 ou Euronews. La France n’est pas le seul pays engagé dans cette guerre médiatique dans laquelle la recherche de la vérité n’est plus de mise.  Chaque grande puissance fait de la propagande et vend aux pays africains et aux autres nations compétitrices sa perception des évènements sociaux, politiques ou financiers, régionaux et mondiaux qui lui est favorable. La Grande Bretagne a sa BBC, les Etats-Unis la voix de l’Amérique, la Chine l’agence Xinhua et une flopée de chaines de télévisions, la Russie, la Voix de la Russie, l’Allemagne la Deutschwelle. La récente visite de Guillaume Soro au Cameroun accompagnée dans la presse camerounaise d’une vague d’articles pro-Ouattara et anti-Gbagbo est là pour nous édifier sur la manipulation de la presse et des individus.

 

En Afrique, ces medias étrangers utilisent de plus en plus des journalistes locaux, un peu comme un boulanger grec utiliserait des vendeuses noires pour inspirer confiance et établir une connexion émotionnelle avec ses clients. L’information semble passer mieux lorsqu’elle vient d’une personne qui nous ressemble. Apres tout, c’est le frère et il ne peut qu’être qu’objectif puisqu’il est supposé aimer son pays, ce qui n’est pas malheureusement toujours le cas.

 

Contrôler l’information par l’argent.

 

L’un des points-clés du contrôle de l’information est sa distribution et celle-ci a été verrouillée depuis longtemps au Cameroun par la France à travers son autre outil appelé Messapresse, qui appartient au groupe français Presstalis, anciennement Nouvelles Messageries de la presse parisienne et qui détient le monopole de la distribution des journaux au Cameroun et dans des pays africains francophones tels que le Gabon, le Sénégal, la Cote d’Ivoire, Madagascar, pour ne citer que ceux-là. La Fédération des éditeurs de presse au Cameroun (Fedipresse) s’est d’ailleurs plainte de la faible couverture de la distribution et de la violation de l’article 17 du contrat avec les éditeurs de presse, amenant certains éditeurs à travailler sur la création de leur propre société de distribution.

 

Dans un article titre : Du Vrai Visage de Messapresse, Armand Hamoua

 

Baka, ancien cadre de Messapresse affirme : « MESSAPRESSE qui est monopoleur n’est pas en réalité là pour la distribution de la presse locale camerounaise. MESSAPRESSE est avant tout un outil d’hégémonie, de propagande et de diffusion de la culture Française. A travers le livre scolaire de grands éditeurs comme Larousse, Nathan, Bordas et la presse du genre figaro, Paris Match, le Monde du Graal, Voici, Maxi, cette filiale du groupe NMPP (nouvelle Messagerie de Presse Parisienne) a su mettre en valeur le savoir-faire de la France dans plusieurs domaines. Bien plus, MESSAPRESSE est un puissant outil de renseignements et de collecte d’informations pour l’Elysée via le Quai d’Orsay à travers le Consulat de France à Douala et l’Ambassade de Yaoundé ».

 

Des vendeurs de journaux ont confié  au Sphinx Hebdo en nous en se plaignant du fait que Messapresse impose de façon injuste les règles du jeu. Par exemple, cette société favorise et pousse agressivement la vente des journaux français dans les kiosques camerounais et détermine le prix des journaux locaux. C’est cette compagnie qui a imposé une quote-part de 140 francs CFA par  journal vendu devant lui être versée, provoquant par-là une montée fulgurante du prix du journal. En effet, les Editeurs de presse se trouvent obligés de vendre un journal à 400 F CFA pour couvrir leurs dépenses. Or à ce prix, il y a peu de camerounais qui peuvent se permettre d’acheter un journal, certains préférant le louer pour une journée à 100 F CFA aux vendeurs qui entretiennent ainsi un commerce parallèle.

 

Du coup, les DP deviennent dépendants des sources de financement extérieurs pour la survie de leurs journaux que la France à travers ses multiples outils tels que l’agence de coopération, le service culturel de l’ambassade, des séminaires et ateliers  de travail, des stages de perfectionnement et différentes ONG assure gracieusement prenant au passage le contrôle des lignes éditoriales. On voit rarement certains journalistes écrire un article critiquant la France et il est pratiquement impossible d’en faire publier dans certains journaux camerounais. Selon des informations crédibles données au Sphinx par un responsable d’une chaine de télévision diffusant au Cameroun, certains journaux privés camerounais avaient reçu de l’argent pendant la période qui a entouré la sortie de prison du Professeur Edzoa Titus et Michel Thierry Atangana pour dépeindre le gouvernement sous une lumière négative.

 

On a aussi vu dans le cadre de cet effort de museler l’information, des journalistes ayant des émissions populaires se faire recruter dans les départements de la communication des multinationales françaises. Malheureusement, cet  assaut sur notre intellect ne s’arrête pas à la presse écrite. Une grande partie de cette guerre se joue sur l’internet.

 

L’internet Aussi

 

Celui-ci est une cible de choix car il dessert les membres de la diaspora riche de dizaines de milliers de personnes et dont le poids sur les évènements n’est pas à négliger. Il présente aussi le singulier avantage de permettre la diffusion de l’information à travers les frontières, dans le monde entier. Il y a des websites tels que Mediapart qu’on dit indépendant mais qui a bénéficié du soutien d’un fonds de l’Impôt, donc du contribuable français, instauré par

Sarkozy qui donnent un coup de pouce au positionnement géostratégique de la France.

 

Apres avoir publié il y a quelques mois un article accusant Marafa et d’autres ressortissants du Nord d’être des financiers d’une rébellion germant dans la partie Nord du pays, Fanny Pigeaud en écrit un autre intitulé Dans la Lutte Contre Boko Haram, Le Tchad Est Jugé Trop Ambigu, dans lequel elle fait planer le doute sur la sincérité de l’engagement du président tchadien, Idriss Deby dans sa lutte contre Boko Haram. Elle sous-entend qu’il serait un soutien de cette organisation terroriste. Cette accusation est pour le moins curieuse lorsque l’on considère le président Idriss Deby comme un allié stratégique de la France, ce qui nous pousse à nous demander si cette sortie n’avait pas pour but de lui faire payer son alliance avec le Cameroun dans sa lutte contre Boko Haram et par la même occasion créer un climat de suspicion parmi les alliés africains ? Une chose qu’il faut garder à l’esprit c’est que le Sphinx Hebdo dans un article précédent intitulé : Boko Haram : La France Mord La Poussière Face Au Cameroun Et Evalue Ses Options a évoqué des tentatives de créer la division entre les troupes alliés africaines se battant contre Boko Haram.

 

Il n y a pas que des sites français qui participent à cette guerre. Il y a aussi des sites camerounais qui sont tellement pro-français que cela frise de la propagande. La preuve en est la flopée d’articles pro-français ayant accompagné la visite de Laurent Fabius, ministre français des Relations Extérieures au Cameroun dont tout le monde comprend qu’elle était surtout une opération de Marketing à l’intention du public africain dans une vaine tentative de dissiper les soupçons qui pèsent sur la France par rapport à son soutien à Boko Haram.

 

Ces websites tentent par ces manœuvres de ramener la vieille chanson déjà dépassée et à laquelle personne ne croit plus, celle de la France, amie de l’Afrique. Lorsqu’ils publient des articles évoquant la main de la France dans l’affaire Boko Haram ils les présentent comme dérivant de la  théorie du complot, sans fondement. Par exemple, ils ont publié des articles écrits par leurs correspondants pour expliquer les sources de financements de Boko Haram comme provenant des enlèvements d’étrangers alors que Michel Collon, dans un excellent article a bien démontré que cette activité, du fait de son inconsistance et de relativement faibles revenus qu’elle génère ne peut financer une rébellion faite de milliers d’hommes.

 

Il y a parmi ces websites, un camerounais très lu qui refuse désormais de publier des articles du Sphinx Hebdo. Pendant longtemps il l’a fait puis subitement a arrêté depuis près de 6 mois sans aucune explication alors qu’il continue de recevoir comme beaucoup d’autres la version électronique de nos écrits. L’article-ci leur a été envoyé et nous espérons qu’il y sera publié.  Un de nos lecteurs, qui partage les points de vue du Sphinx Hebdo nous a révélé que certains de ses commentaires sont bloqués dans ce website.

 

Ce website en particulier contrairement à d’autres qui se contentent de publier les articles qu’on leur envoie a son propre réseau de correspondants qui couvrent et commentent l’actualité pour lui. Est-ce qu’il a des moyens de payer autant de gens ou sont-ils simplement des employés bénévoles ? S’il a d’énormes ressources financières, d’où vient cet argent ? Pourquoi semble-t-il soutenir un pays dont la plupart des camerounais savent qu’il est sinon derrière Boko Haram, du moins un ennemi traditionnel de l’Afrique dont les méfaits ne sont plus à prouver ?

 

Ces Commentateurs Qui Font Le Jeu De La France

 

Les websites sont infestés de commentateurs dont le rôle semble être de détruire la crédibilité des articles qui exposent la France. Non, ils ne la soutiennent pas toujours ouvertement, mais lorsqu’un article de ce genre est publié, ils attaquent celui-ci avec une violence verbale sans se donner la peine comme le leur suggèrent d’autres lecteurs de soutenir leur point de vue. Ils détournent constamment l’attention des lecteurs des méfaits de celle-ci sur les tares du pouvoir de Yaoundé qu’ils critiquent constamment. On ne peut pas leur reprocher de critiquer le régime en place qui par ailleurs leur donne des occasions légitimes de le faire. C’est aussi leur droit.

 

Ce qui est curieux dans leurs interventions c’est d’abord leur constance sur le net. Il y en a certains qui interviennent dans pratiquement tous les articles publiés, nous poussant à nous demander ou prennent-ils ce temps, denrée rare en Occident ? Sont-ils payés pour le faire ? Encore plus curieux est le fait qu’ils tirent non seulement sur le gouvernement, mais aussi sur les institutions de l’Etat populaires parmi les camerounais,  tels que l’armée à laquelle nous devons tous notre liberté aujourd’hui. Depuis le début de la guerre, ils critiquent notre armée et trouvent quelque chose de négatif à dire même lorsque celle-ci pose des actes de bravoures et gagne des victoires éclatantes. Tout est systématiquement critiqué dans une tentative de maintenir dans l’esprit des camerounais le ressentiment généré par les dysfonctionnements dans la marche du pays.

 

Pourtant, il nous semblait que lorsque l’on attaque votre famille, même si vous avez des doutes sur l’identité de l’agresseur et des malentendus en votre sein, la loyauté vis-à-vis des vôtres vous obligerait au minimum à adopter une attitude protectrice vis-à-vis des vôtres et au mieux à défendre d’abord la famille et régler les problèmes internes plus tard. C’est ce que font les citoyens d’autres nations. Même dans des pays dits démocratiques, lorsqu’une menace extérieure se présente, tous les citoyens, y compris les hommes politiques font une alliance pour repousser la menace extérieure de loin plus importante que les malentendus de politique interne.

Certains de nos compatriotes semblent prendre plaisir à tirer sur les leurs.

 

Il n’est pas tard pour ceux-là de se rattraper et de changer. Cet article n’est pas un appel à une chasse aux sorcières, mais à une prise de conscience. C’est contre leurs intérêts qu’ils agissent ainsi. C’est l’avenir de leurs enfants qu’ils compromettent. Rejoignez le bon camp car c’est unis que nous allons plus rapidement gagner ce conflit. Et nous allons le gagner car la victoire dans une guerre dépend certes de la puissance et de la bravoure d’une armée, mais aussi de la conscientisation de la population aux enjeux réels et sa détermination à défendre sa terre. Et cela, le Cameroun a déjà. La France le sait, c’est pour cela qu’elle a envoyé Laurent Fabius au Cameroun calmer le jeu et essayer de rattraper ce qui peut l’être. Si Boko Haram avait été en position de force, le langage aurait été différent. Rappelez-vous avec quelle cruauté ils ont traité les membres du gouvernement Laurent Gbagbo à la chute du régime et ne vous laissez donc pas berner par ces sourires devant les caméras de télévision. Ils sont furieux contre le Cameroun et ont la rage au cœur, mais ça c’est une autre histoire.

 

Nous savons que pour beaucoup de journalistes, c’est une affaire de survie financière. Vous avez besoin de cet argent pour nourrir vos enfants, payer leurs  études, les soigner et payer leurs factures, on le comprend. Et le gouvernement devrait faire un peu plus pour soutenir la presse et même l’aider à mettre sur pied sa propre société de distribution. On ne peut laisser un domaine aussi stratégique entre les mains de nos adversaires. Mais d’autres que vous ont été dans l’adversité et n’ont pas trahi. Au maquis, Um Nyobe, Ossendé Afana, Ernest Ouandié, Felix Moumié ont fait face à ce genre de dilemme et ils ont choisi l’honneur. Ils ont choisi de mourir pour nous. Nous ne vous en demandons pas tant. Nous vous demandons simplement de revenir camerounais. N’entrez dans l’histoire de cette façon-là.

 

 

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