Cameroun - Communication. Commission de la carte : Réveil sous fond de suspicions

Monique Ngo Mayag Mercredi le 27 Mai 2015 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La récente nomination de nouveaux membres de cet organe remet sur la table, d’anciennes critiques et dénonciations.

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Depuis 2011, date de la dernière rencontre entre ses 9 membres, la Commission de délivrance de la carte de presse est en hibernation. Le 18 mai dernier, le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, nomme 9 nouveaux membres. Ils sont essentiellement chargés de la relance de cet organe d’assainissement de la profession de journaliste et ses métiers connexes (reporter-photographe, cameraman, reporter-dessinateur, réalisateur d’actualités audiovisuelles, opérateur de son, caricaturiste, etc.) Toutefois, le nom du président et du secrétaire permanent (pour un mandat de deux ans renouvelable une fois) de ladite Commission restent inconnus. Ces derniers étant nommés par le Premier ministre sur proposition des membres de la « Commission de la carte ».

 

Les spéculations vont donc bon train pour savoir qui remplacera Richard Ekoka Sam Ewande au poste de président et Roger Owona (nommé en 2007 en remplacement d’Alain Blaise Batongué, démissionnaire) à celui de secrétaire permanent de cette Commission. La date de la première réunion de la nouvelle équipe est tout aussi énigmatique. Loin de s’inquiéter des hommes devant faire partie de cette structure, d’aucuns s’inquiètent du système ayant plombé la Commission au point de décrédibiliser la carte de presse au Cameroun.

 

« Il y avait de tout parmi les bénéficiaires de cette carte de presse, sauf les vrais journalistes », déplore un reporter ayant requis l’anonymat. Ce dernier dit avoir identifié un photographe commercial et un chauffeur de « boss » parmi les détenteurs de la carte de presse. L’octroie de ce document à Tchop Tchop, humoriste et bien connu animateur radio et télévision a d’ailleurs fait jaser. « Moi-même qui vous parle,  raconte notre source, il ne m’a pas été difficile d’obtenir deux cartes, deux fois de suite, du temps où je travaillais pour une publication peu connue». Ce dernier rappelle qu’entre autres modalités d’attribution de la carte, il est exigé au demandeur d’avoir un contrat de travail et des documents attestant qu’il est affilié à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps).

 

« Pourtant, poursuit-il dans un rire strident, mon directeur de publication de l’époque m’a confectionné une fausse attestation d’immatriculation à la Cnps et un faux contrat de travail mentionnant que je percevais 250.000 Fcfa à la fin du mois ! Ce qui était bien loin de la réalité », souligne-t-il, sourire en coin. La Commission n’y verra que du feu puisque dans la foulée, le journaliste obtient sa carte de presse et couvrira tous les évènements auxquels elle donnera droit. Cette expérience, parmi tant d’autres, illustre la gestion foireuse de la Commission de la carte.  Laquelle a pourtant été créée en 2002 par décret du Premier ministre, pour résoudre la porosité de la profession de journaliste et des auxiliaires de ce métier. Les récentes nominations ressuscitent d’ailleurs de vieilles critiques sur le fonctionnement de cette Commission.

 

D’autant plus que ce fonctionnement s’adosse sur une loi bientôt trentenaire (datant du 19 décembre 1990), régissant la communication sociale au Cameroun. Laquelle renferme une définition du journaliste qui a été querellée durant les états généraux de la communication de décembre 2012. « Cette loi n’est pas aussi poreuse que certains le pensent, soutient Félix Zogo, conseiller technique n°1 au Mincom. « On peut faire avec l’existant et parvenir à un bon seuil d’assainissement de la profession », déclare-t-il optimiste. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, certains ne vendent pas chère la peau de la nouvelle équipe de la Commission. « Elle est vouée à un échec cuisant », tranche Denis Nkwebo, président par intérim du Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc).

 

 « Dans les pays sérieux, souligne ce dernier, la Commission de la carte de presse est paritaire (comme en Côte d’Ivoire), en ce sens qu’elle comprend des représentants de patrons de presse, des employés de presse et celui de l’Etat en tant qu’arbitre. Ce qui n’est pas le cas dans la constitution actuelle de la Commission », regrette Denis Nkwebo. Un membre de l’ancienne équipe confie que ce qui a tué la Commission il y a 4 ans, c’est « le nerf de la guerre ». « Sans argent, la machine ne peut pas fonctionner », martèle notre source.

 

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