Cameroun - Education. Vie scolaire : Quand l’argent divise sur les bancs

Aïcha Nsangou | Mutations Mardi le 09 Juin 2015 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les différences de classes sociales des élèves créent souvent des clans au sein des établissements.

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Dans certains établissements de la ville de Yaoundé, il y a les Dpa (détenteurs du pouvoir d’achat) et les No Name (sans nom). Dans ces établissements, il y a les « fils à papa», et bien d’autres. La différence intervient au niveau du nom et le rang social des parents, ou mieux encore sur  la capacité à s’offrir deux beignets de 50 francs à la pause, ou un sandwich de 500 francs plus une bouteille de jus du même prix et des tablettes de chocolat, pour un total de 1350 Francs à la même pause. « Les riches et les pauvres ne marchaient pas ensemble, c’étaient des groupes bien distincts entre les plus nantis et la classe moyenne. Les pauvres se débrouillaient comme ils pouvaient », c’est en ces termes que cette ancienne élève du collège Libermann se souvient de la cohabitation des élèves nantis et des élèves défavorisés dans ce collège.

 

 Il en est de cet établissement comme de plusieurs autres au Cameroun. Au Collège Vogt où l’on retrouve des élèves de différentes castes sociales, la réalité est encore plus flagrante. A en croire la réaction du père Jean Hervé : « Il y a un fossé entre les riches et les pauvres qui n’existait pas auparavant », relève d’entrée de jeu le principal.

 

L’argent de poche est l’un  des facteurs qui marque clairement la différence, « il y a des enfants qui reçoivent des sommes très élevées comme argent de poche, quand nous le constatons, nous pouvons appeler le parent pour lui expliquer que cette situation n’est pas à l’avantage de l’enfant si cela persiste, nous le convoquons pour en parler plus amplement», confie le principal qui avoue également que « la situation est gérée très difficilement ». La sensibilisation, c’est également pour cette stratégie qu’à opter le responsable d’un collège situé au quartier Bastos à Yaoundé. « Nous recevons les enfants de hautes personnalités dans notre collège, nous ne pouvons pas fixer le montant d’argent qu’ils vont donner à leurs enfants, voilà pourquoi lors des différentes réunions que nous organisons pour une raison ou pour une autre, nous profitons pour évoquer le sujet », explique le principal. Ce dernier ajoute également que tout doit être dit avec tact pour que les parents que nous avons ne se sentent pas blessés.

 

Encadrement 

 

Mais selon le père Jean Hervé, le problème va au-delà de l’argent de poche. « Le vrai problème, ce sont les modes de vie des enfants. Vous avez des enfants qui vont en vacances en Europe, qui vont déjeuner dans les restaurants huppés, qui ont les dernières sorties de téléphone et d’autres qui n’ont pas tout ça, forcément leurs sujets de conversation ne sont pas les mêmes », regrette le principal.  L’encadrement des enfants au sein de l’établissement est aussi souvent fonction de la classe sociale. «Les enseignants aussi créent la rupture en suivant particulièrement les enfants des riches parce que ceux-ci leur donnent des sous, ils ont la possibilité de faire les cours de répétition à domicile à ces enfants entre autres », avoue Catherine aujourd’hui étudiante. Cette dernière rajoute que « notre principal avait des relations très particulières avec les enfants des riches».

 

Cette situation n’est pas le cas au Collège Vogt. Selon le père Jean Hervé, l’encadrement est le même, « en réalité moins on a de l’argent plus on travaille, souvent les enfants des riches prennent la grosse tête et ils négligent un peu l’école car de toutes les façons ils ne manquent de rien mais pour ce qui est de l’encadrement, il est le même pour tous les élèves», lance le principal. Dans les établissements secondaires d’enseignements publics, la réalité est un peu moins flagrante. « Si un parent qui a beaucoup de moyens vient inscrire son enfant dans un lycée, c’est qu’il ne prend pas en compte certaines considérations, du coup l’enfant aussi même s’il a envie de prendre la grosse tête sera tout le temps ramené à l’ordre par ses camarades qui vont lui rappeler qu’après tout ils payent tous la même pension », explique le surveillant général d’un lycée au quartier Ngoa-Ekellé. Étant donné qu’ils ne sont pas très nombreux dans cet établissement relève le surveillant général, ils sont obligés de côtoyer leurs camarades et de se trouver des centres d’intérêts communs. Comme quoi ici un Dpa devient très vite un No Name.

 

 

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