Géostratégie. Leçon de Géostratégie Africaine n° 50 : L’ESPIONNAGE RELIGIEUX - partie 4/5 : LE VATICAN

C.P: Jean Paul Pougala Mardi le 07 Mai 2013 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Dans son livre intitulé « Il vangelo secondo la matematica » (l’évangile selon la mathématique), le penseur et mathématicien italien Piergiorgio Odifreddi soutient que « La vera religione è la matematica, il resto è superstizione. O, detto altrimenti, la religione è la matematica dei poveri di spirito. » (la vraie religion est la mathématique, le reste n’est que superstition. Ou, dit autrement, la religion est la mathématique des pauvres d’esprit).

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 Mais ce qui nous intéresse le plus aujourd’hui est ce que ce mathématicien va dire pour définir le Vatican : « un nido di vipere e spelonca di ladri», c’est-à-dire, (le Vatican est un nid de vipères et une grotte pour cacher les truands).

Lorsqu’il dirigeait le département de philosophie de la prestigieuse université américaine, la Harvard University, un autre mathématicien, le Britannique Alfred North Whitehead (1861-1947) déclara ceci : « la théologie chrétienne a été le pire désastre de l’histoire de l’humanité », avec ses 9 millions de personnes tuées en Europe après 1484, toutes des personnes qui refusaient la pensée unique de la vision déiste du clergé. A la fin de l’empire romain au 5ème siècle de notre ère, c’est l’église catholique romaine qui prend le relai et va gouverner, mieux, commander sans partage dans toute l’Europe pendant tous les 1000 ans du Moyen-Age. A la Renaissance à partir du 15ème siècle, des voix des intellectuels téméraires se lèvent, certains  pour contester l’existence de dieu, d’autres pour contester le pouvoir de l’Eglise catholique.

En 1497, la ville italienne de Florence est le théâtre du plus grand bûcher public de l’époque. La musique devait être essentiellement religieuse, les peintres ne pouvaient dessiner que Jésus ou Marie portant Jésus, les poèmes et les livres ne devaient traiter que de dieu. Tous ceux qui s’écartaient de cette ligne furent brulés dans ce bucher. Même les instruments de musique jugés trop festifs furent brûlés.

Mais ce qui trouble le sommeil du pape à Rome n’est pas l’activisme des non-croyants, mais plutôt les nouveaux croyants, les dissidents, la montée du protestantisme. Pour le pape, le fait de dire que dieu n’existe pas ne trouvera jamais l’adhésion de la masse populaire, surtout une masse depuis très longtemps conditionnée par les messes dominicales, les nombreuses fêtes religieuses et les veillées de prières tous les jours. Le plus grand danger pour le pape, ce sont les autres religions qui naissent et contestent l’hégémonie du pouvoir du clergé catholique. Ce sont les protestants. Et c’est surtout pour les espionner, les contrôler pour mieux les combattre que  le Pape Pie V crée les premiers services secrets modernes, en 1566, une véritable structure organisée d’espionnage qu’il va appeler la « Sainte Alliance ». C’est ce service qui va assassiner le roi de France Henri V, jugé trop mou pour combattre les protestants en France. A peine 6 ans après sa création, ce sont ces services secrets qui vont organiser en 1576 toujours en France, la mort de 10 à 15.000 protestants le jour de Saint Barthélémy, le 24 aout 1572.

La « Sainte Aliance » sera complétée en 1909, grâce à  Monseigneur Umberto Benigni, par une autre structure, celle-là de contre-espionnage, dénommée : « Sodalitium Pianum ».

COMMENT EN EST-ON ARRIVE LA ?

Tout commence au 11ème siècle lorsque le pape décrète sa compétence universelle pour commander tous les pays du monde connu à l’époque. Le mot « catholique » signifie « universelle » pour revendiquer cette autorité, ce pouvoir, pas seulement religieux, mais aussi politique et économique sur le monde. C’est pour cela qu’à cause de son prosélytisme, et contrairement au judaïsme, le christianisme est une religion de conquête coloniale, parce qu’il nait avec des prétentions hégémoniques sur les autres peuples. Il naît comme continuation de l’empire romain en décadence, mais conserve toute la fatuité, l’insolence, l’arrogance et la soif de gouverner le monde. Il naît avec  une présomption de supériorité civilisationnelle et spirituelle sur les autres cultures et spiritualités du monde.  C’est une culture, une civilisation qui se veut supérieure, au point de sentir le devoir de la propager au monde. Mais il s’agit, somme toute, d’une civilisation caractérisée par la brutalité, l’atrocité et la bestialité. Par exemple, même les animaux sont condamnés à mort. L’inhumanité de ce modèle prend souvent des allures plutôt grotesques, comme par exemple, les chenilles qui  détruisent les récoltes sont excommuniées avec tout le rituel qui va avec et condamnées à l’exil. Un cheval qui fait tomber son maitre, un chien qui mord un enfant, un cochon qui a bouffé la récolte du voisin etc… tous ces animaux subissaient un procès qui finit presque toujours par la sentence de mise à mort avec un cérémonial des plus morbides, comme la mutilation, l’amputation ou la pendaison de l’animal. Toute la population avait l’obligation d’assister à cette mise à mort qui souvent allait de pair avec celle du propriétaire de l’animal. Il faut attendre le milieu  du 18ème siècle pour qu’en Europe, l’Eglise catholique mette fin à cette barbarie et le dernier procès contre un animal s’est passe en France, en 1741, c’était contre une vache coupable, selon le clergé : « d’actes honteux ».

Pour les humains, la torture est encore pire et va prendre le nom de « purgatoire » comme maladie et « d’indulgence » comme remède.  C’est contre cette tyrannie théocratique qui n’épargne même pas les animaux que les résistances vont s’organiser à partir du 15ème-16ème siècle, pour lutter surtout la goute d’eau qui a fait déborder le vase et a un nom : le purgatoire.

LE PURGATOIRE


Dans son livre de 516 pages intitulé "La naissance du Purgatoire", publié en 1981 chez Gallimard dans la collection : “Bibliothèque des histoires”, l’historien français Jacques Le Goff soutient que contrairement à ce qu’affirment ses collègues historiens, le Moyen-Age n’a pas été que les  1000 ans de sommeil mentale de l’Europe, mais bien plus. Dans une interview qu’il accorde à Nicolas Truong  dans  le mensuel « Le Monde de l'éducation » de Mai 2000, il va déclarer :  « Au Moyen Âge se met véritablement en place l'élément fondamental de notre identité collective occidentale, qu'est le christianisme». Pour comprendre le poids de ces mots il faut attendre un an, pour lire dans le numéro de Juillet-Aout 2001, du même magazine où il ajoutera : « Le christianisme. C'est une spiritualité, une vision du monde, mais surtout un processus de civilisation, la civilisation européenne ».

Mais en quoi le Purgatoire est-il si important à l’Eglise Catholique ? Pour le savoir, il faut rentrer dans son livre « La naissance du Purgatoire » où il explique que c’est grâce à l’invention du Purgatoire que l’Eglise va revivre son deuxième souffle.

La bible est un livre sacré, son contenu est supposé dicté par dieu lui-même. Oui mais voilà, au 13ème siècle l’église va surprendre tout le monde en organisant la vie même chez dieu. Jusque-là on était habitué au fait que le Pape représentait dieu sur terre et dieu s’occupait des hommes après leur mort. Cette fois-ci, constatant que dieu était trop laxiste, et incapable de bien gérer l’au-delà, l’Eglise catholique va prendre les devants et créer ce que Luther appellera au 16ème siècle « Le Troisième Lieu », ou tout simplement, « Cet au-delà "inventé" qui n'était pas dans l'Ecriture » conclura Jacques Le Goff, ce Purgatoire qui sera validé ensuite par le Concile de Lyon en 1274.

Cette décision de l’Eglise va recevoir une publicité inespérée au début au 14ème siècle avec la publication du plus grand chef d’œuvre poétique de tout le moyen-âge, le livre de l’Italien Dante Alighieri, dénommé « La Divina commedia », la Divine Comédie (ou « La Commedia » à l’origine), un cantique de poèmes écrits entre 1307 et 1321. Ce sont des poèmes en langue florentine. Son succès est tel que ce qui n’était qu’un dialecte régional, va s’imposer sur les autres dialectes de la péninsule où jusque-là, seul le latin est la langue officielle, pour devenir l’italien que nous connaissons aujourd’hui.

Dante va s’imaginer après la mort où les choses ne se passent pas exactement comme il a toujours cru d’une destination simple entre le paradis et l’enfer en fonction de ses péchés sur terre. Les choses ne sont pas aussi faciles parce qu’il se retrouve devant une troisième voie : le purgatoire.  Contrairement, à l’enfer qui est éternel, le purgatoire de Dante est temporaire. L’Eglise catholique va s’engouffrer dans la popularité du livre de Dante, pour cette nouvelle vision de la vie après la mort. Et va pratiquer l’impensable : monnayer la sortie du purgatoire. En d’autres termes, le clergé va instituer qu’après la mort, désormais, tout le monde passera d’abord par ce purgatoire, quel que soit la bonté de votre vie sur terre. Et pour sortir du purgatoire, les familiers doivent faire beaucoup de prières. A moins que vous décidiez de payer, alors là, votre séjour au purgatoire s’écourte immédiatement et vous passez directement au paradis.

Cette nouvelle stratégie de la peur du purgatoire, mais une peur qu’on peut dissiper avec l’argent aura un nom : « l’indulgence » et va procurer à l’Eglise un pactole financier inespéré, de l’argent frais qui va servir pour ériger la plupart des somptueuses cathédrales et monastères que nous connaissons de nos jours à travers toute l’Europe.  L’indulgence est le nouveau pouvoir que dieu aurait donné au pape pour agir en son nom, même pour des situations qui se passeraient dans la compétence territoriale de dieu lui-même, c’est-à-dire après la mort. C’est un dieu paresseux qui agit par procuration. Le problème c’est que rien de tout cela n’est écrit dans la bible, ni dans l’ancien testament, encore moins dans le nouveau testament. La solution est vite trouvée : comme pour les musulman et les juifs, il est alors formellement interdit aux fidèles de toucher ou de lire la bible jugée avoir des pouvoirs que les non-initiés, les non-prêtres ne doivent pas approcher.  On a ainsi avec l’indulgence et le purgatoire, des nouveaux péchés dits de métier. Le hasard veut que ces nouveaux péchés touchent les professions les plus riches, comme les banquiers, les commerçants. L’astuce est simple et la filouterie bien rodée : dieu est contre la richesse, tous ces métiers qui rendent riches sont condamnés par l’Eglise et par conséquent, leurs  opérateurs doivent passer plus de siècles au purgatoire que les autres. A moins qu’ils payent très cher le ticket de sortir du purgatoire et ce, même avant leur mort. C’est ainsi qu’à la lecture des testaments, il était fréquent de découvrir que le banquier qui vient de mourir a laissé l’essentiel de ses biens au clergé, pour dit-il payer l’indulgence pour ne pas séjourner même un seul jour au purgatoire.  Une publicité du clergé de l’époque récitait ceci : « le bruit de l’argent dans la caisse de l’église fait passer automatiquement l’âme du défunt directement du purgatoire vers le paradis ».

D’autres éléments vont s’ajouter à l’indulgence, comme le fait de ne pas vouloir faire le jeune du carême. Ainsi, si un riche veut continuer à manger les produits gras durant la période du jeûne du carême, il devrait juste payer une forte somme d’argent à l’Eglise catholique et il a son indulgence, ou le droit de violer les commandements de dieu.

Pour justifier ces comportements délictueux et immoraux du clergé, l’église va créer deux classes sociale, celle du clergé, les illuminés et le peuple, tout le peuple, les non-prêtres, appelés « laics ». Seuls les premiers peuvent posséder et lire la bible, rigoureusement en Latin, même si en Europe presque personne ne connait le latin, même pas les prêtres eux-mêmes. Mais pourquoi cette interdiction de la bible au peuple ? parce qu’il est impossible d’instaurer un  tel totalitarisme dans le respect des textes bibliques. Plusieurs entorses sont alors permises, validées par les ordonnances du Pape, qui à la fin dépassent de loin, les pages même de la bible. On en compte environ 1800.  En voici 3 pour exemple, de pratiques inventées par le clergé et qui ne figurent nulle part dans la bible :

-          "Tu n'appelleras personne père car un seul est ton père et il est dans les cieux". Or pour marquer sa domination sur le peuple, le clergé impose que même le plus vieux d'un village, du haut de ses 103 ans doit appeler un jeune prêtre de 25 ans "mon père"

-          "Tu honoreras le Seigneur ton Dieu, et à lui seul tu rendras un culte". Personne ne peut donc expliquer d'où l'Eglise sort son culte aux Ange et à la vierge Marie.

-          "l'évêque doit être mari d'une seule femme". Cette partie est en parfaite contradiction avec le célibat des prêtres.

Toute cette tromperie va perdurer jusqu’à un événement en apparence anodin, mais qui va faire écrouler tout l’édifice : l’imprimerie. Lorsque Gutenberg invente les nouvelles techniques d’imprimerie dites de typographie, pour permettre  de réduire drastiquement le coût du livre en multipliant sa quantité, parmi les premiers livres à être imprimés, il y a la bible. La multiplication de la bible va finalement permettre à la partie de l’Europe avec le moins d’analphabètes (Europe du Nord) de lire elle-même son contenu et de comprendre pour enfin déduire que le clergé avait menti.  Le plus grand foyer de contestation va naitre dans le sud de l’Allemagne et pour cause, c’est là que sont concentrées les plus grandes banques, c’est-à-dire, celles-là même dont les propriétaires ont été les plus spoliés par le clergé avec l’histoire du purgatoire et de la conséquente indulgence. C’est d’ici qu’un certain Matin Luther va conduire la fronde qui va se propager à toute l’Europe surtout du Nord.  Ce n’est donc pas un hasard si c’est un Allemand qui invente la typographie, qu’il soit associé à un banquier (Allemand) pour exploiter son invention, que leur cible soit de vulgariser la bible pour mettre à nue ce qu’ils appellent « l’imposture  du clergé » et que ce soit un Allemand Luther à faire la révolution contre l’église catholique.

Du côté du clergé catholique, la contre-attaque ne se fait pas attendre. Elle prend tout d’abord la forme du refus catégorique de la légitimité des églises concurrente. Et à aujourd’hui, après 5 siècles, l’Eglise Catholique romaine est la seule organisation religieuse au monde qui refuse de se faire appeler par son vrai nom : Eglise catholique. Elle se considère comme la seule légitimée à parler de Jésus Christ, toutes les autres ne sont que des imposteurs. Voilà pourquoi elle préfère d’être appelée non pas l’Eglise catholique, mais « l’Eglise ». Là, nous ne sommes plus dans une bataille purement religieuse, mais politique. En effet, qui détient le pouvoir religieux contrôle aussi plus facilement la politique. L’autre contre-attaque prendra le nom de la « Sainte Alliance », les services secrets du Vatican, réputés par certains comme étant les meilleurs au monde.

 

LA SAINTE ALIANCE ET LA SODALITIUM PIANUM !  QU’EST-CE QUE C’EST ?

C’est le responsable de la Sainte Alliance au milieu du 17ème siècle, un certain Paluzzo Paluzzi, qui va pour la première fois expliquer au public et officiellement ce que fait le service secret du Vatican : « Si le pape ordonne de liquider quelqu'un pour défendre la foi, on le fait sans poser de questions. Il est la voix de Dieu, et nous, son bras exécuteur. » Ces propos sont reportés par le journaliste d’investigation péruvien, Eric Frattini (né à Lima en 1963), dans son livre : "La sainte alliance : histoire des services secrets du Vatican"  publié en 2006 et traduit en français chez Flammarion.

Parlant de la Sainte Alliance, Frattini affirme : «elle a œuvré dans l'ombre au cours des cinq derniers siècles, faisant assassiner des rois, finançant des coups d'Etat, soutenant des dictatures, créant nombre de sociétés secrètes chargées d'éliminer des opposants, aidant à l'évasion de criminels nazis, provoquant des faillites financières et nouant des relations occultes avec la mafia et les trafiquants d'armes ».

Selon Antonella Colonna Vilasi, professeure d’Espionnage dans différentes facultés de plusieurs universités italiennes, dont Molise, Naples, Pontife etc., dans une interview concédée au journaliste Alfonso Palumbo dans le journal Prisma News du 9 Juin 2012,  les espions du Vatican sont composés essentiellement  : « d’un réseau de prêtres qui n’ont pas peur, prêts à tout, même à mourir, ce sont des soldats de l’ombre aux ordres du pape.   Depuis 500 ans, ce sont les avangardistes de la foi chrétienne, ils obéissent aveuglement à l’autorité pontificale :  en diffamant, en conspirant, en empoisonnant et en assassinant la cible choisie, au nom de dieu ». Ils se servent aussi des services de certains fidèles plus croyants pour atteindre l’objectif. Et lorsque le journaliste Palumbo lui demande quel est le meilleur service secret du monde, elle répond en paraphrasant le chasseur de criminels Nazis Simon Wiesenthal, qui répondant à la même question avait alors dit sans trop réfléchir : « les services secrets de l’Etat du Vatican ». Wiesenthal avait été émerveillé de la capacité des services secrets du Vatican à cacher une personne ou de la trouver partout sur la planète terre, grâce à une forte ramification des églises presque partout dans le monde, avec toujours une direction locale de la « Sainte Alliance » à l’intérieur de chaque ambassade du Vatican dénommée Nonce Apostolique.

L’instrument le plus puissant entre les mains du Vatican pour espionner le peuple a été de tout temps la « confession ». Mais cela ne lui sera pas très utile lors de l’unité d’Italie, qui a signé la fin de l’emprise du Vatican sur un tiers du pays en 1870. On a accusé ces services secrets de n’avoir pas su anticiper les évènements qui vont finir par confiner le pape dans un espace aussi petit que les 44 hectares. Mais ces derniers ont répondu que ce sont les prêtres, les cardinaux et le pape qui n’ont pas su analyser les informations qui venaient des services secrets. La vérité est que les partisans de Garibaldi (l’artisan de l’unité d’Italie), même si ce dernier avait été excommunié par le pape en personne, ont continué d’aller à l’église, et ont mené une intense activité de contre-espionnage qui consistait principalement, à fournir les mauvaises informations aux espions du Vatican, surtout dans les isoloirs de confessions.

L’Italie ne sera pas le seul pays qui, pour réussir son unité et stabiliser son autorité doit faire face à l’hostilité du Vatican et de ses puissants services secrets qui travaillent plutôt pour la maxime romaine : diviser pour mieux régner. Nous allons voir comment, avec deux exemples de rapports conflictuels avec le Vatican, non pas avec 2 pays communistes mais occidentaux : le Royaume Uni et les Etats-Unis d’Amérique.

 

EN ANGLETERRE

En Angleterre, c’est le roi Henri VIII qui au 16ème siècle va mettre le pied dans le plat du catholicisme. De 1533 à 1540, il prend sa liberté de Rome. Il déclare alors que « il existe plusieurs Jésus et chacun suit le sien en fonction de ses intérêts. L’autonomie spirituelle est le socle de la liberté d’une nation. Le Royaume Uni ne peut pas se dire indépendant tout en recevant des ordres d’une spiritualité décidée à Rome ». Comme Le pape à Rome ne l’entend pas de cette oreille et ne veut pas se laisser faire, c’est le début de 30 années de turbulences et de guerre civiles qui vont accompagner 3 règnes successifs de Henri VIII (1491-1547) à Eduard VI, puis Marie Ière. 30 ans qui vont voir l’Angleterre se libérer du catholicisme pour s’installer dans le protestantisme et revenir au catholicisme, c’est-à-dire, perdre le bras de fer avec Rome qui sait que le temps joue toujours en sa faveur.  

Tout commence avec une histoire personnelle qui va mettre le roi Henri VIII  en route de collision avec la domination spirituelle de Rome. Lorsqu’il devient roi le 22 Avril 1509, il a 18 ans. Il doit épouser Catherine d’Aragone (fille du roi d’Espagne) qui a 26 ans, la veuve de son frère ainée Arthur, mort de tuberculose en 1502 à l’âge de 15 ans.  Pour l’épouser, il faut le certificat de virginité décerné par le pape en personne. Cette histoire chiffonne le jeune roi, qui décide d’y mettre un terme.

Mais comment peut-il dire à ses sujets qui depuis des siècles croient que dieu existe et qu’il a son seul et unique représentant sur la terre, c’est le Pape à Rome, que ce n’est pas vrai ? Surtout, il a envie de leur dire que dieu existe bel et bien oui, mais son seul et unique représentant n’est plus le pape, mais le roi d’Angleterre ?  Henri VIII sait par ailleurs que ce n’est pas facile de se lever un matin et d’aller contre une institution millénaire comme l’Eglise catholique. Il a un casse-tête à résoudre : il sait que le point fort de l’Eglise catholique c’est la prise sur la masse de pauvres. Comment drainer tous ces pauvres avec qui on ne peut pas trop philosopher pour leur expliquer  le principe de l’autonomie spirituelle comme gage de l’autonomie tout court ? Le roi est une personne très intelligente. Contre les idées de tous les conseillers, il va avoir une intuition, une idée qui va se révéler révolutionnaire pour solutionner son problème : frapper les pauvres au portefeuille. Et ça marche. Henri VIII décide tout simplement d’obliger tous les adultes à aller à la messe au moins une fois par semaine et si on ne veut pas y aller, il suffit de payer une petite amende de 12 pences. Oui, mais ce montant équivaut à la moitié du salaire hebdomadaire d’un ouvrier. Et c’est comme cela que les pauvres, les ouvriers, les artisans vont se bousculer en masse pour aller à l’église le dimanche, tout en se faisant bien jolis. C’est Elisabeth Ière qui va officialiser le tout dans sa fameuse Uniformity Act adoptée en 1559.

Aujourd’hui, au 21ème siècle, être un catholique au Royaume Uni est avant tout être un traitre. Ainsi, un Premier Ministre Britannique ne peut pas être de confession religieuse catholique. Il peut être de toutes les sectes : scientologue, Mormon, Témoin de Jehova etc… mais pas catholique. Un diocèse anglican peut usurper du nom d’un diocèse catholique, ce qui est illégal, même en commerce où vous ne pouvez pas usurper du nom d’un concurrent. Mais au Royaume uni, si le diocèse qui subit un tel préjudice est un diocèse catholique, il n’y aura aucune poursuite. Parce qu’au pays de la « démocratie avancée », il existe des lois pour punir toutes les formes de discrimination possible, mais pas pour l’Eglise catholique. Il est par exemple formellement interdit à l’héritier au trône d’épouser une ou un catholique. Car pour les Britanniques, un catholique est un sujet du Vatican et un Roi du Royaume Uni ne peut pas prendre des ordres d’un pays étranger. Etre catholique c’est menacer la sécurité nationale de tous les Britannique.

LES USA : OU COMMENT LES NOIRS SONT A L’ORIGINE DE LA REDUCTION DU VATICAN EN L’ETAT LE PLUS PETIT DU MONDE AVEC 44 HECTARES.

Réagissant à un ensemble de mesures prises par l’administration Obama comme la surpression des subventions fédérales à l’Eglise catholique américaine, dans la revue catholique dénommée : American Papist, du 26 novembre 2011 dans un article intitulé : « La discrimination anticatholique du gouvernement Obama fait l’objet d’une audition à la Chambre des Représentants »,  on peut lire sous la plume de Daniel Hamiche, ceci : « Rompant tous ses engagements antérieurs – y compris ceux jurés par Barack Obama lors de sa prestation controversée à la Notre Dame University le 17 mai 2009 – preuves, s’il en était besoin, de l’erreur commise par la présidence de cette université catholique d’avoir défié la mise en garde des évêques américains, et de l’absence de parole du médiocre politicien qu’est Obama –, le gouvernement américain a déclaré une guerre sournoise mais impitoyable à l’Église catholique ».

Le ton acerbe et même injurieux et offensant de cet article de la part d’un prélat, montre à quel point l’église catholique est aux abois, sur le territoire américain, perçue par l’administration américaine comme une ennemie à contrôler et même à combattre, malgré la liberté religieuse que professe ce pays. Pour comprendre l’origine de cette haine réciproque, il faut retourner à la bulle papale, citée 3 fois dans le tome1 qui dit que les noirs n’ont pas d’âmes et sont assimilés à des animaux, donc peuvent être réduits en esclavage.

Le 1er janvier 1863, en pleine guerre civile (depuis 1861) contre le Sud qui ne veut pas lâcher prise sur le commerce et l’exploitation des esclaves noirs capturés en Afrique, le président des Etats-Unis Abraham Lincoln proclame l’abolition de l’esclavage des noirs.  Cet acte va encore plus attiser les braises de la guerre. Il est vécu par le Pape à Rome, comme un véritable affront. Il va alors s’activer pour prêter main forte aux rebelles du Sud. Les services secrets du Vatican vont faire tourner à plein régimes deux diocèses : celles de New-York dans le nord unioniste et celle de la Nouvelle Orléans dans le sud séparatiste. C’est à travers ces 2 points que des contacts sont entretenus avec le chef des rebelles séparatistes Jefferson Davis le Pape Pie IX à Rome. Deux correspondances en particulier entre les deux hommes vont entrer dans les livres d’histoire.  La première, écrite le 23 septembre 1863 depuis Richmond, est signée par Jefferson Davis, adressée au Pape pour le remercier de son soutien. La deuxième lettre qui nous intéresse est la réponse du Pape Pie IX envoyée de Rome le 3 décembre 1863, où le pape donne tout le soutien au chef rebelle. Lorsque les Agents de Lincoln interceptent cette lettre du pape, et la font lire au président Lincoln, il va tout simplement déclarer : « Cette lettre du pape change complètement la nature et le fondement de la guerre ». C’est en effet, le premier état étranger qui ose défier Washington en apportant son soutien à la rébellion. Lincoln a raison de s’inquiéter, car la papauté n’est pas un état comme un autre et la soumission religieuse des fidèles va au-delà de tout sentiment nationaliste. Ceux qui croient qu’avec le pape ils ont une place bien au chaud au paradis, après leur mort, ne vont pas la perdre pour satisfaire un politicien qui parle de sauver la Nation. Ainsi, à la fin de la guerre, les statistiques montreront que les catholiques irlandais représentaient les 76% des défections dans l’armée unioniste de Lincoln, les catholiques allemands, les 16% et toutes les autres confessions religieuses, les restants 8%.

Le président Lincoln a un ami qui l’informe de ce qui se fait et se dit dans l’Eglise catholique. Il s’appelle : Charles Chiniquy,  un ancien prêtre catholique né en 1809 au Canada et envoyé aux USA, dans l’Illinois avec le titre de « prêtre colonisateur » pour les immigrants français de cet Etat. Il critique presque tout de l’Eglise catholique, comme son immense patrimoine immobilier, le dogme de l’adoration de la Vierge Marie qu’il juge une pratique païenne, il est suspendu de l’Eglise et excommunié en 1858. Il va quitter l’Eglise catholique en entrainant avec lui tout son diocèse de Sainte Anne et passer le restant de sa vie à une croisade anti-catholique. Il déclare dans son livre autobiographique : « Voilà donc la vérité, mes amis, concernant l'attitude de l'Église Romaine. Ils ont la Bible, vous la trouverez sur la table des prêtres et de certains catholiques, mais il n'y a pas deux prêtres sur 10.000 qui lisent la Bible du commencement à la fin et y prêtent attention. Ils lisent quelques pages par ci par là et c'est tout ».  

Il raconte à Lincoln qu’il est condamné à mort par la papauté à Rome, pour avoir proclamé l’abolition de l’esclavage. Il l’exhorte par conséquent de ne plus s’exposer en publique : « Par cette lettre, le Pape dit à ses esclaves aveugles (les fidèles de toutes les églises catholiques des Etats-unis) qu’en abolissant l’esclavage et en poursuivant la guerre contre les séparatistes du Sud, vous avez outragé le Dieu du ciel et de la terre. Par cette lettre du Pape à Jeff Davis vous n'êtes pas seulement un apostat, comme vous le pensiez avant, que chaque homme a le droit de tuer, selon les lois canoniques de Rome: mais vous êtes plus vile, criminel et cruel que le voleur de chevaux, le vulgaire bandit, et le brigand sans foi ni loi, voleur et assassin (…), c'est l'explication unanime que m'a donné un grand nombre de prêtres de Rome, avec qui j'ai eu l'occasion de m'exprimer sur ce sujet. Au nom de Dieu et au nom de notre cher pays, qui a tant besoin de vos services, je plaide que vous fassiez plus attention à protéger votre précieuse vie, et ne pas continuer à vous exposer comme vous l'avez fait jusqu'à présent ».

La réponse de Lincoln à son ami Charles Chiniquy est des plus touchantes : «Si le Vatican m'a condamné à mort, c'est un vrai miracle que ses tireurs ne m'aient pas encore atteint. Mais peut-on s'attendre à ce que Dieu fasse un miracle perpétuel pour sauver ma vie? Je ne crois pas. Les Jésuites sont si experts dans ces actes de sang que Henri IV (roi de France qui a été assassiné par les mêmes Jésuites), a déclaré qu'il était impossible de leur échapper, et il devint leur victime, alors qu'il pensait qu'il faisait tout ce qu'il pouvait pour se protéger. Depuis la lettre du Pape à Jeff Davis, un million de poignards ont certainement été aiguisés pour percer ma poitrine (...). Toute personne qui a une mission de justice à accomplir doit se soucier non pas de comment et où il va mourir, mais s'il doit mourir au poste d'honneur et du devoir ».

Sur le terrain de la guerre elle-même, les forces armées unionistes de Lincoln sont en train de prendre le dessus et en Juillet 1864, c’est le dernier raid des séparatistes sudistes sur Washington. En Septembre, c’est Atlanta qui est prise par les unionistes de Lincoln. Le 9 Avril 1865, c’est la reddition du général Lee et donc, la fin de la guerre. Lincoln a gagné.

5 jours plus tard, le 14 Avril 1865, Lincoln est assassiné. Mais pour saluer son sacrifice, le 13 décembre 1865, c’est la ratification du 13ème amendement à la constitution américaine abolissant l’esclavage. Et Rupture des relations diplomatiques entre les Etats Unis d’Amérique et le Vatican. 11 jours plus tard, c’est-à-dire le 24 décembre à la veille de noël, c’est la création du Kux Klux Klan, suivi par la White Anglo-Saxon Protestant (WASP) deux mouvements racistes qui se battent pour la « suprématie blanche » en se référant à des passages de la bible, notamment la Genèse 9:27. Ils sont très actifs dans le fameux « Bible Belt », la ceinture biblique, ce sont les 11 états séparatistes qui viennent de perdre la guerre et 6 autres états qui leur sont frontaliers et qui se considèrent comme des fondamentalistes chrétiens. Ils ne vont pas mettre longtemps à faire parler d’eux. En 1866 on a les massacres des Noirs à Memphis et à La Nouvelle-Orléans.

Avec l’émotion de la mort de Lincoln, c’est son dauphin qui sera élu pour le remplacer. Débute alors une chasse à l’homme contre Pie IX. Les américains financent ouvertement les rebelles italiens conduits par Garibaldi pour renverser le Pape à Rome. 5 ans après la mort de Lincoln, le 18 Juillet 1870, l’armée française de Napoléon est contrainte de quitter Rome, où les troupes de Garibaldi s’installent. Les Etats Pontificaux sont terminés à jamais, depuis l’an 752 crées sur la base d’un faux document selon lequel l’inventeur du christianisme l’Empereur Romain Constantin 1er, lorsqu’il déplace la capitale de son empire de Rome à Constantinople (Turquie)  aurait cédé au pape Sylvestre 1er, tous ses provinces de l’Occident. Ce faux document prend le nom de « Donation de Constantin » et symbolise la rupture avec les Orthodoxes qui se disent les vrais et légitimes chrétiens, puisqu’ayant continué sous le commandement de Constantin et les catholique romains, des imposteurs.

Pour les Américains, Lincoln a été vengé. Le pape est confiné dans 44 hectares de lambeau de terre avec toute l’humiliation qui perdure encore de nos jours, coloriées de scandales financiers et sexuels, jusqu’à la démission du Pape Benoit XVI et son remplacement par un Jésuite, François Premier. Les mauvaises langues disent qu’il a été contraint à la démission par les Jésuites qui contrôlent les services secrets et les finances du Vatican et donc, la fondation de tout l’édifice.

Si les Américains n’ont pas complètement effacé le Vatican, c’est parce qu’ils avaient besoin de la docilité d’un micro Etat qui à son tour peut contrôler, 1 milliard de fidèles vrais ou supposés, dans le monde. En effet, ce calcul va se confirmer à la deuxième guerre mondiale avec ses trois protagonistes, L’Allemagne, l’Italie et le Vatican.

En Allemagne, Hitler va obtenir la plus grande légitimité de sa politique dans l’accord qu’il signe avec le Vatican, c’est le Concordat du 20 juillet 1933. Ce qui attire notre attention dans ce concordat, est son article 14 qui dit « Les nominations d’archevêques, d’évêques et toute autre nomination ne deviendront définitives que lorsque le représentant du Reich aura donné son accord pour ce qui est de savoir si ces nominations ne présentent pas d’inconvénients au point de vue politique générale. »

Dans le Communiqué que le 3ème Reich publie dans la presse le 10 juillet 1933 pour informer le peuple allemand de cet accord, Hitler déclare : « La conclusion du concordat me paraît apporter la garantie suffisante que les citoyens du Reich de confession catholique se mettront dorénavant sans réserve au service du nouvel État national-socialiste ».

A la fin de la guerre, toute la faute sera portée uniquement sur l’Allemagne. L’Italie en sera épargnée. Pas d’occupation militaire de la capitale italienne pendant 50 ans, comme dans le cas de l’Allemagne, pas de procès du genre Nuremberg aux responsables de la guerre. Rien. Cette amnésie collective voulue par les Américains va arriver à l’impensable où lorsqu’on pose la question aux Italiens s’ils ont perdu ou gagné la deuxième guerre mondiale, la majorité répond sans hésiter qu’ils ont gagné la guerre, contre Hitler et Mussolini, grâce à leurs Alliés américains. Il y a une raison à tout cela. Avec la guerre froide, le Vatican tenu en apnée par les Américains du fait d’avoir été poussé à la faute pendant la deuxième guerre mondiale (avait-il beaucoup de choix avec Hitler et Mussolini, confiné dans 44 hectares ?) a été très utile pour combattre les ennemis communistes de l’Est, et par définition, des athées.

Il faudra attendre l’année 1984 pour le re-établissement des relations diplomatiques entre le Vatican et les USA du conservateur Ronald Reagan, après 119 ans de rupture. En échange, le Vatican mènera une campagne contre ses propres prêtres en Amérique du Sud jugés trop hostiles à l’ultralibéralisme américain et qu’on accusera de prêtres communistes ou pratiquant la « théologie de la libération ».  

Mais malgré ses 45/60 millions de fidèles qui font d’elle la toute première religion aux USA, le catholicisme est paradoxalement classé dans ce pays comme religion minoritaire. De tous les 44 présidents américains, un seul a été catholique, Kennedy, élu dit-on avec l’aide de la mafia italienne, et il a été assassiné.  Son frère, sur le point d’être élu à la présidence des USA a lui aussi été assassiné. Avant Reagan, il n’y avait eu qu’un seul Catholique à siéger à la Cour Suprême des Etats–Unis, il va en nommer de nouveau, jusqu’à Obama qui en nommant Sotomayor, fait basculer, à la majorité de ses membres et pour la premier dans l’histoire des USA le nombre des juges de cette Cour Suprême.

QUELLES LECONS POUR L’AFRIQUE ?

La leçon de ce cours nous vient de l’Abbé Charles Chiniquy qui jusqu’à sa mort en 1899, a multiplié les conférences à travers les Etats-Unis pour expliquer les vrais raisons du complot du Vatican contre les Etats-Unis.  Il dit que le soutien de la papauté aux sécessionnistes du sud s’expliquait par une volonté de balkaniser le pays et d’empêcher sa fédération politique, parce qu’il fallait empêcher que le président de la fédération américaine soit plus puissant que le Pape. La sécession des 11 premiers états, n’était que la première étape de la dislocation, car ces 11 états n’auraient jamais accepté ensuite de former une confédération, mais se transformer en 11 pays indépendants. Et grâce à l’action des hommes de l’Eglise, on aurait encouragé les autres états à prendre leur indépendance jusqu’à avoir 50 pays indépendants. Dans cette situation, on aurait 50 chefs ‘etats fragilisés par leur division et seul le Vatican aurait un maillage fédéral des Etats-Unis et donc par définition, ce serait le Pape qui serait le vrai président des Etats-Unis.  

20 ans plus tard, en 1884, à la Conférence de Berlin, forts de l’expérience de la puissance de la fédération américaine, Il est curieux de constater que la priorité des participants à la rencontre sera de diviser le continent africain en une cinquantaine d’Etats. Le chiffre de cinquante n’est pas un hasard. Démanteler l’Afrique en une cinquantaine de morceaux a une parfaite analogie avec l’expérience américaine. Les erreurs commises par le Vatican à la guerre de secession américaine seront corrigées pour l’Afrique. L’occupation coloniale sera précédée de l’arrivée des missionnaires chrétiens. Là aussi ce n’est pas un hasard. Il faut se rappeler les objectifs confiés à l’Abbé Chiniquy lorsqu’il est dépêché dans l’Illinois et surtout son titre : « prêtre colonisateur ». On arrive à la conclusion qu’aujourd’hui, l’Afrique, toute l’Afrique est sous colonisation religieuse. Les pays ont eu l’indépendance certes, mais à cause de leur fragmentation, qui commande réellement en Afrique sont les ONG ou les missionnaires qu’ils soit catholiques, protestants ou musulmans, c’est eux qui rythment la vie politique et économique du continent africain. Ils sont de loin au contact de toute la population et au parfum de ses humeurs alors que les dirigeants sont souvent cloitrés dans leur tours, tel que voulues et construites par les conseillers Européens.

Le Pape est la seule personne qui a un pouvoir fédéral sur l’ensemble des pays africain, puisque chaque chef d’Etat ne contrôle que ses petites frontières. Les hommes du Vatican, eux, n’ont aucune frontière en Afrique et la coordination de ses hommes sur le terrain est un atout pour soigner les intérêts de ce pays aussi petit soit-il de 44 hectares, mais dont le pouvoir dépasse largement celui de tous les 53 présidents africains réunis. Leurs pouvoirs atomisés ne sont pas sommables, ne sont pas additionnables, d’où l’urgence des Etats-Unis d’Afrique, pas pour la nostalgie des héros de nos indépendances, mais comme unique réponse stratégique adaptée à l’adversité que le système dominant a imposé à l’Afrique.

Connaitre l’histoire des relations conflictuelles de la course au pouvoir réel entre les américains et leurs cousins européens nous permet d’anticiper les conflits sur le continent africain et ailleurs. Le soutien du Vatican au chef rebelle séparatiste sudiste Davis  est le même qu’on a retrouvé au Sud Soudan qui a porté à l’émiettement du plus grand pays africain en superficie entre deux pays, un au Nord prétendument musulman et l’autre au sud, soi-disant chrétien.

C’est le même appui qu’on trouve aux rebelles au Nord du Mali où le pyromane devient pompier pour la circonstance, et qui ne vise que l’objectif de diviser ce pays dont la superficie est le double de la France. C’est le même support dont bénéficient les multiples rebelles en République Démocratique du Congo, avec pour soi-disant les combattre, ces mêmes pyromanes qui les arment et les financent, précieux prétexte pour occuper le Congo faisant de ce pays africain, celui au monde avec le plus grand contingent des casques bleus des Nations Unies. Mais aussi le pays le plus religieux d’Afrique, où chaque maison est une église réveillée, garantissant au passage la précarité économique du peuple et l’effacement de toute conscience populaire.

Le soutien hors d’Afrique à la radicalité des factions rivales chrétiennes et musulmanes au Nigeria ne va se terminer que par la division en deux nations indépendantes, du pays le plus peuplé d’Afrique si on ne prend pas conscience du fait que depuis la fin de l’empire romain, remplacé par la papauté, la religion est le cœur même de la réorganisation et du commandement du monde.

Si la Chine moderne n’a jamais voulu avoir des relations diplomatiques avec le Vatican c’est parce qu’elle est consciente que la liberté religieuse n’existe nulle part au monde. Ce sont les pays qui utilisent le prosélytisme chrétien et musulman pour conquérir et dominer les autres qui l’invoquent. Accepter que l’Eglise catholique installe ses diocèses sur les 9500 km2 du territoire chinois aurait signifié, instaurer un maillage du territoire par un service secret étranger plus puissant que les services de renseignement chinois et donc, qui aurait pu faire basculer le pouvoir à Pekin à tout moment. Voilà pourquoi le Dalaï-Lama est un parfait idiot-utile qui permet à l’occident d’utiliser le prétexte religieux des moines tibétains pour émietter la Chine en préconisant de chasser plus de 100 millions de populations de la province chinoise du Tibet et la rendre indépendante avec un pouvoir théocratique, qui sera bien sûr balayé par le christianisme et l’islam, c’est-à-dire, par tous les auto-proclamés « démocrates » qui en Occident, aujourd’hui soutiennent l’indépendance du Tibet sous le contrôle du Dalaï-Lama. L’enseignante italienne d’espionnage, Antonella Colonna Vilasi, nous révèle un récent accident diplomatique entre la Chine et le Vatican, parce qu’une cellule spéciale des services secrets du Vatican était chargée à compiler l’encyclopédie en ligne Wikipédia avec des informations fausses et alarmantes sur la Chine, décrite comme dictatoriale.

L’erreur de beaucoup de dirigeants africains c’est croire qu’ils vont utiliser le prélat local pour le mettre à son service. Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que les prêtres africains, tous les prêtres africains sont là pour satisfaire d’abord les intérêts de leur employeur qu’est le Vatican. Pire est que le Vatican veut leur pouvoir et non être à leur service.

EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Lors des élections présidentielles de 2011, le président sortant Joseph Kabila a cru par erreur que les hommes de dieu étaient avec lui avec toutes ses largesses à leur égard. Il a d’abord fait chapeauter la Commission Electorale Indépendante par un homme de dieu. Et autorisé que le Vatican dépêche 30.000 observateurs catholiques dans les 64.000 bureaux de vote, avant d’être surpris le jour de la proclamation de sa réélection de la contestation des résultats, non pas par les partis ou candidats rivaux, mais par la conférence des évêques catholiques congolais. Au lendemain des élections, dès le 14 decembre 2011, à contester la crédibilité des élections, c’est celui-là même qui avait présidé 20 ans auparavant  la Conférence Nationale Souveraine au Congo, c’est le cardinal catholique congolais Laurent Monsengwo Pasinya. 3 semaines plus tard, c’est au tour de la Conférence épiscopale nationale congolaise (CENCO)  qui, dans son rapport du 11 Janvier 2012, demande sans ménagement à la CENI, organe indépendant chargé d’organiser et de valider les résultats des élections, de modifier son verdict ou tout simplement de se dissoudre ou de démissionner.   

AU CAMEROUN

Au Cameroun, en 1990 l'opposition politique mené par John Fru Ndi exige le multipartisme et l'organisation de la conférence nationale souveraine. Mr Biya, la déclare sans objet. La situation est très tendue. Personne ne sait comment tout cela va se terminer. Les services secrets du Vatican mettent alors au point une stratégie infaillible où quel que soit le vainqueur, l'Eglise catholique serait toujours comme le point de recours des différentes parties antagonistes.

Les tacticiens venus de Rome mettent alors sur pied une stratégie portant à organiser les camerounais dans deux factions artificielles, une derrière l'Archevêque de Yaoundé, Monseigneur Jean Zoa et l'autre derrière l'Archevêque de Garoua, le cardinal Christian Tumi. C'est la messe pour la paix que le premier organise le 30 mars 1990 devant les militants du RDPC, le parti au pouvoir qui officialise le parti pris de Jean Zoa pour Paul Biya, Les semaines suivantes, à l'occasion de la fête de la pentecôte, il y a la publication d'une lettre pastorale par l'ensemble des Evêques du Cameroun, officiellement pour parler d'économie, mais qui va tacler Biya et prendre indirectement le côté de l'opposant John Fru Ndi. Le piège se referme sur la population camerounaise. Désormais l'opinion publique, les journalistes vont articuler leurs positions autour de ces 2 personnages qui jouent, chacun, son rôle de faux antagoniste. Le pot aux roses viendra au grand jour, lorsque passé les élections présidentielles de 1992, l'Archevêque de Yaoundé Jean Zoa qui semblait être pour le parti au pouvoir, va le 11 Décembre 1992 se joindre aux autres évêques pour soutenir l'Evêque de Bamenda Monseigneur Paul Verdzekov attaqué par le gouvernement camerounais pour avoir utilisé la radio publique française Radio France Internationale du 7 décembre 1992, comme caisse de résonnance pour son opposition au pouvoir en place à Yaoundé.

L'erreur des politiciens africains, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition, est de ne pas savoir qu'on n'est jamais pour ou contre un prêtre catholique, qu’un prêtre catholique n’est jamais pour ou contre un politicien africain, parce qu'il ne décide de rien sans l'accord de sa hiérarchie, sans l'accord de Rome. Parce qu'il est là pour soigner au préalable les intérêts de ses employeurs à Rome. Le sort réservé par Rome aux prêtres Sud-Américains, jugés trop proches des souffrances de la population est là pour nous le rappeler.

 

Les services de renseignement en Afrique ne peuvent pas fonctionner convenablement et efficacement si ce sont les politiciens qui font l’allégeance aux services de renseignement d’autres pays, mêmes religieux. Lorsqu’un président est Pasteur protestant ou Prêtre catholique ou bien va s’agenouiller dans les loges, comprend-il qu’il vend l’âme même de la Nation ?

En Europe, plusieurs pays comme la Hongrie ont inscrit dans la constitution que le pays fonde sa culture dans ses racines chrétiennes. Lorsqu’un Agrégé et professeur d’université en Afrique déclare qu’il est catholique ou protestant et fier de l’être, se demande-t-il quelle place il offre dans sa tête à la culture africaine, c’est-à-dire à lui-même ? Avant d’être fier de squatter la spiritualité des autres, se demande-t-il quel message de respect pour lui-même, il envoie à ses maîtres en brandissant ainsi le mépris qu’il a pour ses propres ancêtres ?

Dans la plupart des pays africains, à cause de ces intellectuels en mal de reconnaissance du maître, la plupart des cérémonies de commémoration, comme les funérailles d’Etat se passent à la cathédrale, c’est-à-dire des funérailles chrétiennes. Ce geste en apparence sans importance est le symbole de la dépendance spirituelle du pays. C’est-à-dire, de la dépendance tout court. Il existe même dans certains pays africains une mode macabre d’un programme des obsèques calqué sur l’interprétation qu’on croit faire de l’aristocratie française d’avant 1789.

CONCLUSION

Il me plait de conclure avec ces mots du penseur Kenyan Okot O'bitek, professeur à l'Université de Nairobi et créateur du courant de pensée dénommé "Black Theology", qui affirme :

« Les Africains gagneraient en réinstaurant leurs religions traditionnelles et en évacuant définitivement le christianisme et l’islam (…) Les religions traditionnelles africaines sont une meilleure réponse que le christianisme et l’islam au besoin de religion ressenti par les Noirs. Parce qu'elles sont supérieures en termes de réponses adéquates et de répercussion concrète dans l'environnement »

 

Douala le 7/05/2013

Jean-Paul Pougala

(diplômé de l’université de la rue et des vendeurs à la sauvette)

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