Lions indomptables. Sébastien Bassong : « J’ai ma place dans les Lions indomptables »

Mboafootball Vendredi le 21 Février 2014 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Invité de l’émission « Le Matin de Martin » sur RSI, l’international camerounais et capitaine de Norwich City en Angleterre revient sur ses choix de carrières, son intégration chez les Lions indomptables, la Coupe du monde Brésil 2014 et bien d’autres choses croustillantes.

ADS

Bonjour Sébastien…

Bonjour, bonjour à tous

On ne va pas bouder notre plaisir d’avoir un joueur de la trempe de Sébastien Bassong dans ce studio. Merci de venir à Rsi. Je suppose que cela vous fait plaisir d’être au Cameroun…

Ça fait plaisir. Le calendrier est très serré en Angleterre et c’est un peu serré de venir au Cameroun. Le coach nous a donné quelques jours car on est éliminés de la Cup. J’en profite donc pour venir rendre visite à ma famille.

C’est difficile de jouer en Angleterre car pendant que nous on déchire les cuisses de poulets durant la fête de Noël, vous êtes en train de courir dans les stades. Ça fait mal çà ?

Oui ça fait mal (rires). J’y suis déjà habitué mais ça fait mal. Quand je sais qu’ici il fait chaud, vous mangez bien et nous on doit faire attention à ce qu’on mange, ça fait mal. Mais ça va aller, c’est le boulot.

Ça fait toujours bizarre qu’on te présente comme un garçon de New-Bell, ça te va çà ?

Ça me va bien.

Un garçon de New-Bell qui connait New-Bell ou qui ne connait pas New Bell ?

Qui connait New-Bell. Je viens ici très souvent et je suis impliqué dans les affaires de la communauté. Je suis un gars du dehors, c’est mon quartier et ça me va très bien.

Vous avez été formé à Metz, vous êtes allé à Newcastle, ensuite Tottenham et maintenant c’est Norwich City. Qu’est ce qui a changé entre temps ? Est ce que c’est juste l’envie de marquer un pas dans votre carrière ou alors c’était l’envie de découvrir autre chose qui vous a guidé jusqu’ici ?

Quand j’ai commencé en professionnel en France, j’étais très jeune. J’ai joué un certain nombre d’années avec le FC Metz. Mais comme j’ai toujours eu des envies d’ailleurs, les envies de découvrir autre chose, l’étranger ne me faisait pas peur.

Vous arrivez à vous imposer à Tottenham et tout le monde est bluffé par ce parcours et cette explosion…

Je sortais d’une bonne saison avec Newcastle et j’avais quelques propositions. Un de mes frères vivait déjà à Londres, Tottenham était la meilleure destination pour moi. Je suis parti là-bas et les choses se sont très bien passées pendant un an et demi. On a joué la Ligue des champions et on est sorti quatrième de notre poule. J’ai marqué beaucoup de buts, vraiment c’était une bonne année sur le plan personnel et même pour l’équipe. Après, même si les choses se sont détériorées, j’ai beaucoup appris de ma période à Tottenham.

Est-ce que avec beaucoup de recul vous ne regrettez pas le choix de Tottenham ?

Je ne regrette jamais rien. Ce qui est fait est fait. Il ne faut pas vivre avec des regrets. Quand j’ai fait mon choix pour Tottenham, c’était en mon âme et conscience, avec l’avis de ma famille. Çà s’est bien passé dans l’ensemble et si je fais le bilan, j’ai plus de bons souvenirs que de mauvais. J’en suis sorti grandi.

La saison dernière avec Norwich City a été magnifique pour vous. Buteur et capitaine. Prendre le brassard en pleine Angleterre n’est pas donné…

C’est une fierté. Quand le coach m’a appelé pour me demander si j’acceptais le capitanat, j’étais fier. Je sais que le brassard que je porte là-bas en Angleterre, ce n’est pas seulement mon brassard, c’est la fierté de tout un peuple. Quand je porte le brassard, je pense à beaucoup de gens et c’est ce qui fait que je sors en bombant le torse.

Pour ce qui concerne les buts, vous en avez marqué à la pelle à un moment au point où on se demandait si votre poste véritable n’était pas aux avant-postes…

C’est vrai que la saison dernière j’ai beaucoup marqué. Il y a une période où j’étais vraiment euphorique. C’est-à-dire j’essaye. Peut être que le gardien sauve où je mets à côté. Par la grâce de Dieu, je vais marquer encore cette année

Le projet c’est de rester un peu plus longtemps en Angleterre ou de regarder vers un autre championnat ?

Je suis bien en Angleterre. Çà fait sept ans que je suis en Angleterre. C’est chez moi l’Angleterre. Mais je suis toujours ouvert à de nouveaux challenges. Je ne veux pas spécialement partir parce que je suis bien en Angleterre. Mais si demain l’opportunité s’offre à moi, je l’étudierai très sérieusement.

Puisqu’on est dans la radio du village, et comme vous êtes revenu au village, peut-être qu’il y a une exclusivité ?

A cette période de l’année il n’y a rien. Si je reviens peut être dans un mois et demi ou deux… Mais à cette période de l’année, c’est encore trop calme.

En Angleterre, il y a quelques Camerounais. Quels rapports entretenez-vous là-bas ?

J’ai joué à Tottenham pendant près de trois ans avec Benoit et on entretenait obligatoirement de bons rapports. Ça se passait très bien. Samuel est arrivé à Chelsea, j’ai quitté Londres pour me déporter à l’Est de l’Angleterre à Norwich. On s’entend très bien. On n’a pas beaucoup de temps, mais on s’appelle. C’est sans soucis.

Quel est le véritable poste de Sébastien Bassong. On croit que Sébastien est à l’aise à l’axe, il joue quelques fois sur les côtés, il marque des buts, vous vous sentez à l’aise où ?

A l’axe pardon (Rires). Je suis trop gros pour jouer sur le côté. Les ailiers vont trop me fatiguer, pardon !

Mais il y a le cas de Gareth Bale qui a commencé derrière avant de monter…

Gareth Bale et moi on n’a pas la même morphologie. Il est formé pour jouer sur les côtés, arrière gauche ou milieu de terrain. Il a la morphologie et les qualités pour ça. Mes qualités ne sont pas celles d’un latéral. Je suis bien dans l’axe. Même si j’ai parfois dépanné comme arrière gauche, c’était en cas d’extrême urgence

Ça fait longtemps qu’on n’a plus vu Sébastien avec le maillot vert rouge et jaune. Il vous manque ce maillot ?

Oui, si je dis que ce maillot ne me manque pas, c’est faux. Quand n’importe quel joueur camerounais a porté le maillot de l’équipe nationale et qu’il ne le porte plus pour X ou Y raisons, çà lui manque. C’est normal ! Après, c’est à moi de faire en sorte que je puisse reporter ce maillot le plus longtemps possible.

Durant votre séjour à l’équipe nationale, qu’est ce qui vous a le plus marqué ?

Ce qui m’a marqué, c’est notre qualification pour le dernier mondial. On s’est relevé, on a gagné tous les matches et on a tenu nos promesses. On s’était dit beaucoup de choses et la qualification pour le mondial a été quelque chose de bien.

On a découvert Bassong contre le Gabon à Libreville…

C’était mon premier match. Mon premier match officiel car j’avais déjà porté le maillot pour un match amical. C’était la première fois que l’hymne national retentissait dans un stade en Afrique.

Qu’est ce qui s’est passé lorsque Paul Le Guen est arrivé ? Vous a avez dit tout à l’heure que vous vous étiez dit des choses…

Il y a eu une prise de conscience et on a tous pris conscience de la situation. On s’est dit que la Coupe du monde ne pouvait pas se passer en Afrique sans le Cameroun. On savait qu’on avait les qualités et on s’est dit que même s’il y a quoi, on a notre place là-bas.

A quel moment quelque chose s’est cassée entre la qualification et la phase finale ? Parce qu’en Coupe du monde, on n’a pas reconnu la même équipe et la même ambiance…

La Coupe du monde est une compétition différente de la qualification. Comme beaucoup de gens le savent, Il y a eu beaucoup de perturbations au sein du groupe pendant la Coupe du monde. Ce n’est pas un secret. Pour l’entraineur, gérer 23 egos comme les nôtres, n’était pas facile.

Sébastien Bassong, l’un des meilleurs défenseurs du championnat anglais, capitaine de Norwich City. Le fait que vous ne vous retrouvez pas à l’équipe nationale, le ressentez-vous comme une injustice ?

Je ne vais pas dire une injustice. Je ressens une frustration de par mon envie de jouer pour l’équipe nationale. Après, avec l’expérience, j’ai appris à respecter le choix des entraineurs. Ce n’est pas chose facile pour tout joueur parce que nous avons nos ressentis personnels et il va falloir mettre çà de côté et se dire qu’à la fin, le boss c’est le coach. Il a ses choix, il a sa façon de voir les choses. Lui seul sait pourquoi et il faut respecter cela.

Est-ce qu’il y a eu quand même une discussion avec les responsables de l’équipe nationale pour au moins comprendre pourquoi vous n’êtes pas convoqué ?

Jamais ! Je n’ai jamais rencontré les responsables de l’équipe nationale. La seule personne que j’ai pu rencontrer par hasard, c’est Rigo [Rigobert Song, Ndlr]. On s’est rencontré à Paris et on a parlé de tout autre chose mais pas de l’équipe nationale.

Pensez-vous qu’il y a quand même encore un espoir que vous soyez au Brésil ?

J’ai la foi. Je ne suis pas inquiet. Je joue mon football et la seule réponse que je peux donner, c’est sur le terrain, Parler c’est bien beau, mais les actes comptent. Je joue tous les week-ends en donnant le meilleur de moi-même et en espérant que çà plaise au sélectionneur pour qu’il puisse m’appeler.

Quand vous regardez l’équipe du Cameroun, vous vous dites que vous avez votre place dans cette équipe ?

Bien sûr ! Ce serait manquer de confiance en moi si je dis que je n’ai pas ma place dans cette équipe. J’ai ma place dans cette équipe au même titre que d’autres joueurs. On a tous un rôle à jouer dans cette équipe. L’équipe du Cameroun ce n’est pas un onze entrant. On a beaucoup de bons joueurs et chacun peut jouer sa partition.

Il y a un débat sur les binationaux. Vous avez été formé à Metz vous auriez pu espérer jouer pour l’équipe de France. Aujourd’hui le Cameroun est à la chasse des talents alors qu’on nous dit qu’en 2010, l’un des problèmes à la Coupe du monde c’était que les binationaux comme Choupo et Matip, sont arrivés alors qu’ils n’avaient pas pris part à la qualification. Ce qui avait frustré certains joueurs. Aujourd’hui, on va chercher, Ntep, Bahebeck, Axel Ngando, est-ce que pour vous la question doit se poser en ces termes ? Est ce qu’on doit aller chercher les joueurs à quelques mois de la Coupe du monde Est ce que ça pose problème dans un groupe comme celui du Cameroun ?

L’équipe du Cameroun est assez spéciale. On ne gère pas l’équipe du Cameroun comme on gère une équipe en Europe. On a notre mode de fonctionnement à nous et c’est ce qui fait notre originalité. Le problème des binationaux dépend d’abord de l’envie du joueur.

Qu’est ce qui a décidé Sébastien Bassong à venir jouer pour le Cameroun ? Est ce qu’une délégation est venue vous voir ? Est ce qu’on a rencontré vos parents ?

J’ai joué pour l’équipe de France espoir. J’ai été formé à Clairefontaine et comme je dis toujours, je ne pourrais jamais cracher dans la soupe. Si aujourd’hui je suis le joueur que je suis c’est parce que j’ai eu droit à la meilleure formation à Clairefontaine. Les choses ont fait que j’ai été appelé en équipe de France espoir pour quelques matches, ayant la nationalité française parce que c’était normal. Mais quand il s’est posé le problème de l’équipe A et quand j’ai grandi, j’ai écouté mon cœur. J’avais essayé de poser la question à mon père sur ce que je dois faire. Il m’a dit c’est à moi de choisir, même si je savais quelle était sa position. Il m’a simplement dis fait comme tu le sens. Mais quelqu’un qui a joué un rôle dans mon intégration rapide dans les Lions, c’est Geremi Njitap. C’est Geremi qui m’accueille à Newcastle. Il était là depuis et il connaissait vraiment tout. Il m’a vraiment aidé. C’est quand je quitte Metz que j’intègre l’équipe du Cameroun. Samuel aussi à joué sa part car il m’avait invité chez lui à Barcelone pour qu’on discute. Il m’a parlé de l’équipe, ce qu’il faut faire ou ne pas faire, il m’a parlé comme un grand frère. Ces deux personnes ont joué un grand rôle dans mon intégration à l’équipe nationale. J’ai grandi en France jusqu’à un certain âge, mais j’ai été éduqué plus à la camerounaise, comme un gars qui vit ici. Mes parents ont mis un point d’honneur pour que même étant en France, qu’on ait cet esprit. C’était normal pour moi de choisir le Cameroun.

Le Cameroun va croiser le Brésil, la Croatie et le Mexique. Le groupe est considéré comme le groupe de la mort pour le Cameroun. Est ce que notre pays peut tirer son épingle du jeu dans ce groupe ?

Il n’y a pas de groupe facile en Coupe du monde. Dire que c’est un groupe facile ou groupe de la mort çà serait s’avancer, je pense que c’est un groupe relevé, un groupe qui a du niveau. Le Brésil joue à domicile et le Cameroun aime l’adversité. Un groupe facile entre guillemets ferait en sorte qu’on puisse s’endormir. Les équipes qui sont là sont les équipes de qualité, mais le Cameroun, si les choses sont vraiment bien faites, peut avoir sa place dans les deux premiers.

« Bien faites » c’est-à-dire une bonne préparation et une bonne sélection ?

(Rire) vous comprenez ce que j’entends par « bien faites ». C’est vous qui jugez.

Est-ce qu’il vous arrive souvent de regarder les matches du championnat du Cameroun ?

Je n’ai pas de chaines.

Ce n’est pas un championnat retransmis. Je veux dire quand vous êtes de passage au Cameroun ?

Quand je suis au pays oui. Quand je peux aussi. Vous savez, quand je suis au Cameroun, mes plans sont souvent très modifiés, même si je viens avec certaines idées. Je vis à la minute. Je vais jouer la « santé » le matin et après je vois comment ma journée se passe.

Je ne vais pas vous laisser partir sans parler de ce côté artiste de Sébastien puisqu’il y a une photo qui a fait le buzz sur le net. Votre fille qui tenait une arme. Je ne sais pas si vous avez posté cela sur le net par erreur ou expressément, mais ça a fait le buzz dans le monde entier. C’est quoi le fin mot de l’histoire ?

C’était une erreur. Déjà la photo, je rectifie parce que j’ai lu des choses sur internet, tout et n’importe quoi ! C’est parti d’un tabloïd anglais, c’est un ami à moi qui est venu chez moi et qui s’amusait avait une arme en plastique. Sur le moment là, c’était aussi ma faute car j’ai oublié qu’on était en Angleterre où on exploite tout. Il m’a pris en photo avec un pistolet et il a posté çà, et çà a pris une envergure ! Je ne sais même pas pourquoi on a dit que ma fille avait une arme. En Angleterre, un rien de notre vie va être exploité. J’essaye de vivre comme quelqu’un de normal, mais il ne faut pas oublier que nous sommes des personnalités entre guillemets et qu’il faut faire attention.

Sébastien on vous souhaite bonne chance et on espère que vous serez avec le Cameroun en Coupe du monde au Brésil. De toutes les façons, le Cameroun a besoin de vous. Bon séjour au Cameroun, même si selon nos informations, le séjour est très court…

Très court et très intense (Rires).

Par Martin Camus Mimb (RSI)


 

ADS

 

Lire aussi : Le MINSEP dément une quelconque modification du staff technique des lions indomptables
Lire aussi : Alexandre Song : « Hugo Ekitike peut apprendre aux côtés de Vincent Aboubakar en équipe nationale»
Lire aussi : Vers un retour de l'attaquant Eric Maxim Choupo-Moting chez les lions indomptables

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS