Justin Blaise Akono. « C’est l’argent qui fait perdre la raison aux acteurs »

Camerpress Jeudi le 23 Octobre 2014 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le journaliste et essayiste Justin Blaise Akono vient de commettre un livre intitulé « Cameroun: Qui a étranglé le droit d’auteur au Cameroun » ? Cet ouvrage qui a été édité à compte d’auteur ne fait aucun parti pris. Au cours de cet entretien, le grand reporter de Mutations dit tout.

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Qu’est ce qui vous a motivé à rédiger et à produire ce livre ?
Depuis le début de ma carrière de journaliste il y a plus de dix ans, j’ai énormément travaillé sur le domaine de la culture. Je me suis demandé ce que je pouvais laisser, si je quittais le métier de journaliste. De fait, les articles que le journaliste produit sont fugaces. Ma première idée était de travailler sur la communication audiovisuelle au Cameroun, 14 ans après le décret du 03 avril 2000 qui est venu consacrer la libéralisation. La question est de savoir, 14 ans après est-ce que le secteur a vraiment été libéralisé ? Mais, pendant que je me penche sur ce livre-là, il y a un évènement qui se produit en mai 2008.  Les artistes que je côtoie vivent une situation exceptionnelle, c'est-à-dire que le PCA [Président du Conseil d’Administration] de l’une des sociétés de gestion du droit d’auteur est arrêté. Il s’agit de Sam Mbendé. En fait, avant lui, la gestion du droit d’auteur a toujours connu des problèmes. Les PCA ont toujours été accusés d’avoir « volé »des biens sociaux mais jamais, ils n’ont été inquiétés. Avec l’arrestation de M. Mbendé, on sent qu’il y a quand même une sorte de déclic, un vrai électrochoc. Je me dis que cela peut être le début d’une histoire.

On se rend compte que cette arrestation implique plusieurs conséquences. Concrètement, quelles en ont été les conséquences ?
D’abord, on l’arrête en violation du nouveau code de procédure pénale, nuitamment un week-end. Ce dernier porte plainte à l’Etat, la Cour Suprême prend des décisions et le ministère de la Culture refuse de les exécuter. On sait que l’Etat perd 50% de ses procès. En effet, l’Etat par le truchement du Minculture a violé le droit en allant jusqu’à dissoudre la CMC [Cameroon Music Corporation]. Alors je me suis dit que voilà deux éléments qui peuvent inspirer un ouvrage.
Par la suite, nous avons la SOCAM [Société Camerounaise de Musique] qui ne naît pas des cendres de la CMC, mais de manière accidentelle. On est entré pour un conseil d’administration de la CMC, on en est sorti avec la SOCAM. Cela me fait dire que ce pays est soit anormal soit anormalement constitué. Or, il faut attirer l’attention de tous. Je me suis dit, si on a l’arrestation de la CMC, le combat des pouvoirs et même le limogeage de plusieurs présidents de la CPMC [Commission Permanente de Médiation et de Contrôle]. En marge de cela, je suis rentré dans l’histoire pour me rendre compte que le droit d’auteur est sujet à problèmes depuis le début de la gestion par les Camerounais. Ce livre devient ainsi un ouvrage documentaire. Car, on y retrouvera les dates, et les décisions. Moi, je ne prends pas position, je donne juste la parole aux acteurs en faisant leur portrait.

Quelle réponse apportez-vous aux difficultés du droit d’auteur dans cet ouvrage ?
Je ne cherche pas à apporter de réponse à la question : «  Qui a étranglé le droit d’auteur au Cameroun ? ». Je laisse le lecteur se faire sa propre religion. Je prends par exemple le cas de la nationalité qui fait l’objet d’un chapitre. Cette affaire est politique. Mais, lorsqu’une personne prend des risques pour aller chercher une autre nationalité, il n’est pas normal qu’on lui refuse de servir le pays. Mais, NdédiEyango peut servir le Cameroun, autrement. Il n’y a pas que le droit d’auteur. En fait, moi je dis que toute personne qui a violé les textes a participé à étrangler le droit d’auteur au Cameroun. Mais, je donne la parole à tout le monde pour que les gens puissent se défendre. Au lieu de trancher, je donne le pouvoir au lectorat. C’est une enquête journalistique. Et en journalisme, les faits sont sacrés.

Est-ce que vous êtes à la solde d’un « camp », lorsqu’on sait le droit d’auteur est prisonnier de « camps » ?
Non, je ne suis pas artiste, je suis juste un observateur averti.

En observateur averti, qu’est ce qu’il faut pour soigner le droit d’auteur au Cameroun ?
Les hommes et les textes ne sont pas mauvais. Mais c’est la pratique des textes par les hommes qui est mauvaise. Je prends le cas de la CPMC. En 6 ans, la ministre de la Culture a employé quatre éminents professeurs de droit. Je ne peux croire que tous ces professeurs soient mauvais. Ces quatre personnalités sont des éminences grises ; Magloire Ondoua, Adolphe Minkoa She, Paulette Mvomo Ela et Jean Calvin Abah Oyono qui a battu le record de 11 mois à ce poste.  D’où vient le mal, de ces  enseignants ou de Madame  la ministre ? Je crois que c’est la quête du lucre et la mauvaise interprétation des textes.
Une affaire de droit d’auteur, c’est d’abord une affaire de droit. Il faut qu’on affecte des juristes pour la relecture des textes. Si on peut respecter les textes et être patriote.
La ministre de la Culture a pris trois textes le même jour en toute illégalité. Moi, je dis il faut que la Conac enquête sur la gestion du droit d’auteur depuis 1979 et elle va découvrir beaucoup de choses, c’est l’argent qui fait perdre la raison aux acteurs.
 
Journal-ledroit.net ///// Camerpress

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