Cameroun - Football. Jean Paul Foundjio : « La Fécafoot est une entreprise hyper facile à gérer »

Mboafootball Mardi le 16 Décembre 2014 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le patron de Smart Sports que nous avons rencontré sur le site de Promote à Yaoundé parle de sa présence dans ce lieu de rencontre. Il en profite aussi pour donner son avis sur la situation qui prévaut actuellement à la Fecafoot. Il donne des conseils à la normalisation pour sortir du bourbier.

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Vous êtes à Promote 2014, qu’est qui vous a décidé à venir à Promote cette année avec votre entreprise Smart Sports ?

D’abord je remercie le site Mboafootball.com de s’intéresser à ma petite personne et à la société Smart Sports dont le je suis le patron. Ce qui m’a motivé à être au salon Promote, c’est que depuis deux ans, je suis devenu fabricant de trophées,  de coupes et de médailles. J’ai une capacité de production de 10 mille trophées et 16 mille médailles par mois. Et cette grosse capacité de production couvre suffisamment les petits besoins du Cameroun. La raison d’être sur Promote c’est que je suis à la recherche de distributeurs de mes produits dans les autres pays que le Cameroun. C’est pour çà que je suis là.

Comment cela s’est passe ?

Çà s’est très bien passé. On a eu beaucoup de visites sur le stand, d’autant plus que j’ai remarqué que nous sommes le seul équipementier sur le site. Nous sommes les seuls distributeurs d’articles de sport sur tout un salon où il y a  1700 personnes. çà attire la curiosité des passants, ils s’arrêtent, ils posent des questions, mais nous avons enregistré pas mal de demandes. Il y a les présidents de fédérations qui se sont arrêtés sur notre stand, il y a des sociétés qui s’arrêtent. Nous démarchons aussi. Il y a même des sociétés qui nous ont déjà passé des commandes pour les trophées et pris les options pour les maillots pour plus tard. Pour nous les choses se sont bien passées.

Comment se porte Smart Sports aujourd’hui ?

Smart Sport se porte très bien. Malgré la perte du championnat du Cameroun qui était notre fer de lance, Smart vit quand même, surtout grâce à notre dernier produit dont je viens de vous parler et qui la distribution des coupes et des médailles que nous montons nous-mêmes au Cameroun.

Vous avez été pendant longtemps équipementier du championnat et de la Coupe du Cameroun. Vous avez regardé la dernière finale de la coupe du Cameroun et il est possible que vous ayez été choqué par la qualité approximative des maillots arborés par les finalistes…

Ce n’est pas seulement cette finale ci. L’avant-dernière était déjà une catastrophe. Les maillots que j’ai vu les équipes porter étaient du bas de gamme, si ce n’est tout simplement pas de la contrefaçon. Je ne comprends même pas pourquoi on est tombé aussi bas.  MTN et moi, on avait mis la barre tellement haute, on avait rehaussé le niveau, que ce soit au niveau de l’organisation, que ce soit au niveau  des équipements. Depuis le départ de MTN, j’ai l’impression qu’on est retombé 20 ans en arrière et c’est d’autant plus choquant que c’est la finale de la Coupe du Cameroun devant le Chef de l’Etat. C’est la plus grande fête sportive du pays et on n’est même pas capable d’habiller 22 joueurs ! Honnêtement çà m’a tellement choqué que j’aurais été content qu’on me demande d’équiper ces gars, même gratuitement. Je l’aurais fait ; même juste pour l’image du Cameroun.

Est-ce que le fait d’avoir perdu le championnat du Cameroun ne serait pas une affaire de coût, parce que la Fecafoot met des gens en mission pour aller chercher les médailles et le trophée de la Coupe du Cameroun en France. Est ce que Smart Sport n’était pas trop cher?

Aller chercher les médailles en France, le trophée en France, imaginez le prix du billet d’avion ! Combien çà coute pour aller chercher de simples médailles ? Je les ai vues à la télé, ce sont des breloques. Ce n’était pas de vraies  médailles. Moi je vends de vraies médailles. Quand monsieur Iya était encore président, on n’aurait jamais donné ce genre de médailles en finale de la coupe du Cameroun. Les médailles que je vends sont les vraies médailles en poids et en qualité. Çà toujours été ainsi. Je n’ai jamais fais dans la dentelle. Tous les produits que je vends sont de qualité. Pendant les 12 ans du sponsoring de MTN, vous êtes témoins, vous êtes journalistes,  vous avez vu que les maillots étaient des maillots haut de gamme, les trophées de qualité, les médailles haut de gamme. Maintenant, depuis deux ans, c’est n’importe quoi. C’est regrettable mais que voulez vous ?

Est-ce que vous êtes prêt aujourd’hui à revenir si les nouveaux dirigeants de la Fecafoot faisaient appel à vous ?

Bien sûr ! Je suis commerçant et je vends mes marchandises. La Fecafoot même était l’un de mes principaux clients. Je ne sais pas si c’est à cause de mes interventions sur votre site internet que depuis un certain temps je ne suis plus sollicité. Pourtant je n’ai rien fait de mal à la Fecafoot. Si j’ai quelques fois fait des propositions, c’est dans le sens d’améliorer les choses parce que je souhaite que mon client se porte bien, parce que tant qu’il est bien je suis bien aussi. Depuis deux ans, je ne sais pas si je suis encore dans la liste des fournisseurs de la Fecafoot. Donc s’ils font appel à moi, à tout moment, je suis disponible. Au lieu de mettre les gens en mission en France pour aller chercher de simples médailles et des trophées, ils peuvent même me demander d’aller chercher pour eux, j’enverrai par DHL ou quelqu’un à l’aéroport qui le leur rapportera. Çà ferai toujours économiser les billets d’avion et les frais de mission des gens qu’on envoie. C’est scandaleux quand même de nos jours d’envoyer quelqu’un en France chercher des médailles et un seul trophée. Franchement, c’est n’importe quoi ! Même DHL ne couterait pas aussi cher. Je ne sais pas pourquoi ils font çà.

Vous avez été non seulement équipementier du championnat, mais président de club. Lorsque vous suivez l’actualité de cette Fédération, qu’est ce que çà vous laisse comme sentiment ? Les élections sont bloquées et c’est la bagarre partout…

Vous savez, maintenant avec le satellite, nous qui vivons en France et ailleurs suivons l’actualité du football camerounais comme si nous y étions. C’est tout simplement consternant ce qui se passe. Mais je trouve que le conflit actuel c’est plutôt une bonne chose. Chez moi à Mbouda, on dit souvent qu’il n’est pas bien pour un enfant de grandir sans être malade, parce que s’il devient adulte sans jamais tomber malade, sa première maladie peut le tuer. Donc le conflit actuel est plutôt salutaire. Je vois souvent les débats à la télé, ce ne sont que les passionnés du football qui débattent. C’est une bonne chose et çà nous donne l’occasion par exemple de savoir que si le football jeune n’existe pas, ce n’est pas faute de moyens. Les moyens existent, on les donne à certaines personnes au lieu d’organiser le championnat pour lequel on leur a donné de l’argent. Ils se distribuent cet argent et comme preuves, ils apportent des « Express Union » juste pour montrer la clé de répartition de l’argent. Ces personnes devraient être mises sur le banc de touche comme un joueur qui ne mouille pas le maillot et que pour le prochain match on le met sur le banc de touche. Donc en réalité, c’est les enfants d’une même famille qui se disputent. Çà peut être une bonne chose pour le père qui,  s’il sait utiliser ce conflit, peut grandir sa famille, et le mouvement sportif avec.

Vous avez parlé du président Iya Mohammed qui était décrié du temps où il était à la Fecafoot. On a mis un comité de normalisation sur pied avec des Professeurs de Droits en son sein, mais les choses vont de mal en pis. Est ce que vous de l’extérieur, vous avez une explication à ce qui se passe aujourd’hui ?

Les choses vont de mal en pis, mais il faut savoir parfois utiliser un conflit pour en tirer de bonnes conséquences. Vous savez, quand on frotte deux silex, c’est le frottement de ces deux silex qui crée l’étincelle et c’est de cette étincelle que jaillit le feu. Çà peut être un feu qui détruit, mais çà peut être aussi un feu salutaire. Je souhaiterai que les dirigeants de la normalisation utilisent plutôt ce conflit comme étincelle pas pour brûler la maison parce qu’ils sont là pour passer, mais pour créer le feu de l’amour du football et faire en sorte que ceux qui sont capables de gérer ce football avec compétence prennent les choses en main.

Ils sont six candidats qui souhaitent prendre les rênes de la Fecafoot. Pour vous quel est le meilleur profil ?

Honnêtement, je ne peux pas dire quel est le meilleur profil. Il faut laisser le choix aux acteurs du football de choisir eux-mêmes qui va les diriger. Ils ont déjà bien fait d’ouvrir et de donner la possibilité à tout Camerounais de pouvoir postuler. Ce qui fait problème maintenant, c’est le corps électoral. Si on donne la possibilité à tout Camerounais de postuler, il faut aussi donner la possibilité à tout Camerounais de pouvoir être électeur. Pour ne pas prendre les 20 millions de Camerounais, on donne par exemple la possibilité à tous les licenciés,  tous les coaches, tous les anciens joueurs, tous les présidents, de pouvoir former un corps électoral. Et puis, toujours dans la famille du football, que toutes ces personnes fassent leur choix. Que toutes ces personnes portent leurs choix sur un candidat et tout le monde marchera avec. C’est de la responsabilité du président du comité de normalisation de réunir la famille du football. Il n’y a pas d’intrus là dedans. Ce sont tous des acteurs du footballeur. Ils aiment le football. Il faut donner la possibilité à la grande famille de choisir sa personne. Et si c’est monsieur Tombi, on travaillera avec. Si c’est quelqu’un d’autre nous travailleront avec. Si ceux qui sont élus travaillent mal, ceux qui seront recalés auront la possibilité, dans quatre ans, de revenir. L’alternance c’est quelque chose de bien. C’est de çà que se nourrit une démocratie. J’exhorte le professeur Owona à faire en sorte que tous ses enfants, parce que c’est notre père à nous tous, il a l’âge d’être notre père, il a la maturité qu’il faut, il faut qu’il rassemble tous ces enfants et leur pose la question de savoir lequel de vos frères voulez-vous qu’il prenne les rênes de la famille ? Et là il sortira grandi de cette histoire. Je souhaite qu’il tire le meilleur profit de ce conflit parce que c’est un conflit qui est sain. Il faut qu’il donne la possibilité à tous ses enfants de choisir qui sera le successeur et qui dirigera la famille football.

Vous qui avez fait du Droit à l’école, est ce que vous comprenez qu’avec un comité de normalisation composé de quatre professeurs de Droit on en soit encore à parler des textes qui ne sont pas conformes à la loi du Cameroun ?  

Les professeurs, je pense qu’ils ont la qualité. Mais les textes ne jouent pas au football. Le foot se joue au stade. Employer des professeurs pour rédiger des textes je ne sais pas si çà sera aussi utile au football que les licences que les professeurs ont donné aux enfants dans nos Universités. Les textes ne serviront pas le football mais plutôt les dirigeants. ça ne donnera pas à manger aux joueurs qui se nourrissent de canne à sucre.

Que devient le projet Mangwa FC ? Est ce qu’on peut dire que cette équipe  a définitivement disparu ?

Vous faites bien de parler de Mangwa FC. Quand j’ai monté cette équipe, c’était pour occuper l’espace laissé par Bamboutos du fait de sa relégation, d’autant plus que mes partenaires MTN avaient construit le stade du village et il n’y avait plus d’équipe. Malheureusement, je n’ai pas l’habitude de corrompre les arbitres. Il y a un super Sheriff qui est arrivé à la tête de la Ligue de l’Ouest, j’ai vu sa façon de travailler et çà ne répondait pas à mes attentes. J’ai dû dissoudre l’équipe parce que ce n’est pas comme çà que j’ai appris à travailler. J’avais une équipe professionnelle, les gars étaient logés, véhiculés, nourris, mais il fallait toujours acheter les arbitres pour gagner et la corruption ne rentre pas dans ma façon de fonctionner. Les arbitres ne voulaient pas que mes joueurs gagnent, parce que les arbitres disaient à mes joueurs, « comme votre président ne veut pas nous donner à boire et à manger, il va voir comment il va gagner ». Je ne sais pas fonctionner ainsi et c’est pourquoi j’ai dissout l’équipe.

Et que devient le Gymnase de Mbouda ?

Le gymnase de Mbouda, malheureusement, ne fonctionne pas non plus. Dès que j’ai ouvert le gymnase, j’ai eu d’autres problèmes familiaux qui m’en ont éloigné complètement. Je l’ai crée, je l’ai inauguré mais je n’ai jamais eu le temps de m’asseoir pour l’implémenter moi-même. C’est devenu une salle de fêtes, la mairie s’en sert comme salle de réunion, les mariages s’y déroulent. Le sport ne fonctionne pas là bas, mais ce n’est pas complètement perdu parce que je suis en train de construire un autre gymnase à Douala. Je récupérerai tout le matériel qui est là, je pense que çà ira mieux à Douala.

Est-ce qu’il y a un projet à court et à moyen terme pour Smart Sports ?

Smart Sport c’est une société qui tiendra toujours la route. Je souhaite que tous les acteurs du football viennent à Smart Sports s’équiper. Je ne fais pas dans la contrefaçon et même si le budget d’un club n’est pas élevé, j’arriverai toujours à trouver des équipements corrects. Vous avez vu quand Smart Sports habillait les arbitres du Cameroun, ils étaient les plus beaux d’Afrique. Quand Smart Sport habillait les équipes du championnat, c’était le championnat le plus beau d’Afrique. Malheureusement, les choses ont mal tourné, le sponsor principal s’est retiré à l’heure où le professionnalisme est arrivé. Je voudrais aussi accuser les journalistes qui, quelque part, sont aussi responsables du départ du sponsor. A l’époque, j’ai vu les journalistes, refuser de faire leurs interviewes devant le logo du sponsor. Les chaines de télé refusaient de diffuser les matches parce qu’il y avait les logos du sponsor derrière. Or je les vois prendre les images des championnats européens avec les Coca Cola, Toyota et autres sans rien effacer. Mais Smart Sports est toujours là. Nous n’allons pas disparaitre de si tôt parce que c’est quand même  une maison qui a une fondation solide.

Vous qui êtes un chef d’entreprise, est-ce si difficile de gérer une structure comme la Fecafoot ?

Honnêtement, je vais vous dire, la Fecafoot est la société la plus facile à gérer au monde. Voila une société qui distribue un produit qu’elle ne fabrique pas. Tous les acteurs de la Fecafoot sont formés par les clubs étrangers et les privés. La Fecafoot ne forme personne. Il n’y a aucune école de football que la Fecafoot a montée pour former  les acteurs de son événement. Une société qui reçoit les subventions de la FIFA, de la CAF, de l’Etat, etc. Vous ne verrez pas un stand de la Fecafoot ici à Promote en train de se battre comme nous pour chercher les clients. C’est une société facile à gérer parce que la plus grosse masse salariale de cette société est supportée par l’Etat, le coach qui est payé des centaines de millions c’est encore l’Etat qui supporte, les joueurs qui quittent l’Europe pour venir animer le produit phare de la Fecafoot, c’est encore l’Etat qui les paye. La Fecafoot fait dans l’événementiel, tous ses matches se déroulent sur des installations qui ne lui appartiennent même pas et la Fecafoot n’a même pas l’obligation d’entretenir ces installations  qu’on met gracieusement à sa disposition. Je ne comprend pas qu’un dirigeant qui a la possibilité d’avoir une entreprise qui est subventionnée de part et d’autres, les sponsors viennent d’eux-mêmes donner beaucoup d’argent, l’Etat prend en charge la masse salariale, ils ne sont même pas en location dans les locaux, c’est la société la plus facile à gérer. C’est peut être pourquoi n’importe qui se sent pousser les ailles pour devenir président. Je ne comprend pas pourquoi quelqu’un qui a tous ces atouts en main n’arrive pas à gérer une société comme celle là. Nous qui sommes dans le commerce, nous nous battons pour avoir un produit phare. La Fecafoot a un produit phare mondial qui est Samuel Eto’o. Samuel Eto’o a lui tout seul, rien que sa présence peut apporter des milliards à la Fecafoot. Le pauvre, je lis souvent des articles sur lui, il est vilipendé alors que c’est le produit phare de cette société. La Fecafoot c’est rien du tout à gérer. Ce n’est qu’une simple association. Gérer un débit de boisson est plus compliqué que gérer la Fecafoot. Je ne sais pas pourquoi il n’y a que des nuls là bas, je ne sais pas s’ils font exprès. Mais je sens qu’il y a forcément un truc qui m’échappe.

Entretien mené par Guy Nsigué et  Steve Djouguela


 

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