Cameroun - Politique. Cameroun : Laissez Paul Biya tranquille, c’est notre président !

Marie Robert Eloundou | Essingan Mardi le 23 Décembre 2014 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Jamais Paul Biya n’a été autant la cible de toute sorte d’attaques des francs-tireurs.

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 « Sans doute voudrait-on absolument distraire le président de la République des lourds dossiers qui doivent capter son attention » estiment ses thuriféraires. « Il ne peut en être autrement pour un régime vieillissant, répressif, corrompu » renchérissent ses contempteurs. Les artificiers eux, se recrutent dans tous les milieux. L’on n’a pas besoin d’être un expert en sciences politiques pour s’en rendre compte.

Comme dans d’autres pays africains, les puissances étrangères qui croient pouvoir choisir nos dirigeants à notre place sont à la manoeuvre. L’ex-président français Nicolas Sarkozy, tout au long de son magistère, a eu un comportement assez étonnant, voire choquant. L’histoire des relations entre le Cameroun et la France nous renseigne pourtant que de Pompidou à Chirac, tous les présidents français ont effectué au moins une visite officielle au Cameroun. Sauf Sarkozy qui est venu pratiquement dans tous les pays frontaliers du Cameroun, y compris au Tchad, pour jouer les « Tarzan » à l’occasion de la libération des « voleurs d’enfants » de l’Arche de Zoé.

Nicolas Sarkozy s’est longtemps fait désirer au Cameroun et, de guerre lasse, Paul Biya a laissé en plan ce dossier. D’autant plus que M. Sarkozy a multiplié des déclarations provocatrices sur la trop grande longévité au pouvoir de certains présidents africains. Même s’il n’a pas expressément cité Paul Biya, Yaoundé a parfaitement compris le message. Comme pour bien marteler les choses, Sarkozy, toujours lui, a fait adopter une loi limitant à deux, le nombre de mandats présidentiels en France. Au Cameroun, Paul Biya faisait le chemin inverse avec la suppression du verrou de limitation des mandats présidentiels en 2008. La donne n’a inversement pas évolué avec son successeur à l’Elysée.

François Hollande  garde une distance pour le moins soupçonneuse vis-à-vis de l’actuel locataire d’Etoudi. On dirait un félin consumé par l’impatience de neutraliser sa proie à la moindre faille. Barack Obama, le président américain s’est lui aussi montré particulièrement offensif. Tout comme la plupart des autres leaders occidentaux, les mots utilisés sont les mêmes et on peut difficilement croire qu’il ne s’agit pas d’une action concertée. Sûr, les Occidentaux ont décidé d’imposer leur démocratie au monde entier, surtout aux pays africains économiquement vulnérables.

On a beau dire que des écuries comme la France-Afrique sont en perte de vitesse, il reste constant que nombre de puissances occidentales croient devoir être des faiseurs de président africains. Les amitiés chinoises de Paul Biya ne lui valent pas que des applaudissements ; on lui en veut même de vouloir quelque peu s’émanciper.

Architectes du chaos.

L’intrusion de Boko Haram dans le territoire camerounais n’est pas pour déplaire à tout le monde. Le plan diabolique semble avoir été bien huilé. Les terroristes de Boko Haram sont venus pour déstabiliser le pays, installer un climat d’insécurité. Toute une partie du pays est ainsi dans la liste des territoires peu sûrs selon nombre de chancelleries occidentales. Et tout est fait pour qu’il en soit ainsi. Prises d’otages, attaques des brigades de gendarmerie, assassinats de paisible citoyens, tout y passe. L’attaque contre la résidence du vice-Premier ministre Amadou Ali à Kolofata en juillet dernier tend à prouver que personne n’est à l’abri des exactions de Boko Haram. A l’Est du pays, c’est régulièrement que des forces non identifiées venues de RCA sèment la terreur parmi les citoyens. En plein coeur de Yaoundé, la presse a fait récemment état de la découverte des armes de guerre au quartier Ekounou. Nous n’oublions pas les activistes du fameux « Southern Cameroon » qui mitraillent l’ONU des pétitions contre le pouvoir de Yaoundé.

Guerandi Mbara, l’ex-putschiste du 06 avril 1984 n’en finit pas de défrayer la chronique. Est-il mort, liquidé par le barbouze de Yaoundé comme l’a laissé croire le journal Jeune Afrique ? Dans ce cas, le pouvoir de Yaoundé serait sanguinaire, éliminant sans état d’âme des opposants politiques. Si Guerandi est vivant et libre, on lui prête toute sorte de sinistres projets, notamment le recrutement de milliers de rebelles pour s’emparer du pouvoir par la force.

Le président Biya est même personnellement ciblé. Y compris dans son intégrité physique comme à Paris le 07 décembre 2013, lorsqu’il a échappé de peu à une agression à l’hôtel Meurice essuyant au passage un torrent de diatribes d’une rare violence. Tout récemment un prêtre a initié une pétition visant à interdire au chef de l’Etat de fréquenter de luxueux hôtels en France et en Suisse au motif que cela coûte cher aux contribuables camerounais. Le père Ludovic Tonlie Lado dénonce la « délinquance politique et financière » de Paul Biya qu’il n’est pas loin de traiter comme le diable en personne. Ennemis de l’intérieur, ennemis de l’extérieur.

A l’intérieur du pays, Paul Biya est dans le viseur de quelques politiciens, y compris de son propre parti politique, le Rdpc. Ceux-ci ont fait de son départ du pouvoir leur projet de société; certains excluant même d’attendre les échéances électorales prévues en 2018 pour le battre à la régulière. Ces acteurs s’appuient dans la plupart des cas sur des rapports brumeux qui tendent à prouver que Paul Biya ne doit même pas songer à solliciter un nouveau mandat présidentiel, qu’il doit même écourter son présent bail à Etoudi, parce qu’il est un facteur de risques pour le Cameroun. Ils exhibent ces derniers temps un rapport de l’Ong « International crisis group ».

Même au sein de son système, on trouve quelques activistes qui, au lieu de travailler, affublent Biya avec une littérature nauséeuse : les motions de soutien. Au passage, ces gens pillent les caisses publiques et amassent des fortunes colossales pouvant servir un jour ou l’autre à recruter des milices. Ces proches collaborateurs du chef de l’Etat dont les partisans sont tapis dans diverses sphères du service public se marquent à la culotte et ont clairement engagé les hostilités pour l’après Biya. Ils passent leur temps à se neutraliser, font semblant de servir leur « créateur » bien que faisant tout pour torpiller son action. On voit bien que M. Biya a toutes sortes d’adversaires, je dirai d’ennemis résolus à s’emparer du pouvoir, n’excluant pas la possibilité de l’y chasser.

Il faut pourtant le laisser tranquille, c’est notre président de la République. Durant ses trente-deux premières années de pouvoir, comme d’ici la fin de son actuel mandat en 2018, Paul Biya a toujours le loisir de faire le choix, pour son départ, d’être ou non dans les bonnes grâces du peuple camerounais. Seul souverain, c’est au peuple camerounais que reviendra la charge historique d’évaluer les traces que son « despote » aura laissé dans l’histoire. Et bien sûr, le cas échéant, d’en tirer les conséquences.
 

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