En toute logique, je devrais consacrer l’énergie de ce début d’année à un exercice classique de vœux, de souhaits, et d’espérances pour cette autre année qui commence.

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J’aurais pu consacrer cette énergie à pleurer à chaudes larmes mon frère, confrère et ami Noé Ndjebet Massoussi qui ne nous aura pas permis de célébrer un réveillon calme, de voir la nouvelle année sans écraser une larme. Mais lorsque je suis allé à la morgue de la Garnison à Douala accompagner le corps de mon frère, ce que j’ai entendu, m’a convaincu que je ne saurais démarrer cette année sans expédier une partie de mon énergie au combat que Noé avait embrassé : « la dératisation du football ». Parce que dans le concert des pleurs qui accompagnaient Noé, un refrain revenait, comme la conscience qu’au front de guerre ouvert pour cette « dératisation », un chef de guerre venait d’être abattu : « Noé…qui va encore nous dire la vérité sur la Fécafoot ?». Et c’est peut être pourquoi, certains de ceux qu’il combattait se sont passés un coup de main jubilatoire à l’annonce de son décès. Si c’est le destin de tous, d’autres s’en chargeront le jour de leur disparition, si ce n’est les charognards qui boufferont leurs corps abandonnés en plein air. A chacun de méditer sur son destin.

Mais le refrain qui sortait de ce concert de pleurs, m’a obligé de regarder en arrière, dans la poubelle de cette actualité qui concerne la Fécafoot, pour chercher si une actualité méritait qu’on s’y intéresse ou alors, le coup de massue de report des élections avait convaincu toutes les souris que le chat ne dormait pas, et qu’il est toujours en mode chasse. C’est de là, que je me rends compte que les souris sautillent toujours, piquent toujours les céréales dans le grenier et, visiblement, elles se disent : « autant mieux poursuivre ce que nous savons faire de mieux, en attendant d’être bouffées ». C’est une attitude stoïque pour certains, suicidaire pour d’autres.

Dans cette poubelle d’actualités, j’ai retrouvé le feuilleton que nous sert à chaque fois notre acteur principal appelé Joseph. C’est le Héros d’un feuilleton à succès qui dure depuis quelque temps à la Fécafoot. C’est un personnage à l’âge avancé, conçu par le réalisateur du film pour terrasser les dinosaures dans une forêt perdue. Sauf que dans cette forêt où Joseph était envoyé en mission, il ya au milieu un arbre de vie qui vous permet de distinguer le mal et le bien et qui en plus vous offre des vertus de métamorphose. Joseph en a consommé les fruits, et il est devenu lui-même un dinosaure. Lui ne terrasse pas simplement, il fait en plus la comédie. J’ai donc retrouvé Joseph en mode « Tchakap ». Casquette vissée, pantalon extravagant, tee-shirt « in ». Le problème c’est que Joseph croit que le « Tchakap » c’est le cou de coude au dos ! Sacré acteur. Tellement il fait rire, tellement il fait pitié. Complètement décalé de la mode, il tente en vain de s’arrimer à une époque qui va plus vite que sa réflexion. Pauvre Joseph. Joseph n’est pas loin d’être Esperantos, le petit commissionnaire qui allait de bourde en bourde, croyant rattraper ses propres lacunes de discernement. Dans un épisode précédent, juste au début de la série, Joseph nous avait assuré être lassé par son rôle et qu’au bout de huit mois du contrat qu’il avait signé avec le réalisateur, il partirait, parce qu’il a d’autres rôles dans d’autres films. Mais voilà, sans même attendre l’avis de son réalisateur, Joseph s’est découvert d’autres rôles dans la forêt. On l’a emmené discrètement vers l’arbre qui produit le miel. Costumes, soins de santé, missions bien payées, Joseph a compris que le film en huit mois n’était pas suffisant pour montrer tous ses talents d’artiste. Joseph n’est plus parti. Contradiction numéro un.

Et comme le film a continué, Joseph est allé de bourdes en bourdes. Le réalisateur qui avait prévu de faire un film d’action où à la façon de Rambo, Joseph viendrait jouer les justiciers et réparer les torts, a finalement décidé d’accepter la nouvelle tournure de son scénario comique, avec un acteur au talent fou dans la comédie et l’idiotie, qui aurait bien pu tourner aussi le « Diner des Cons ». Dans chaque épisode, il en sort ridicule, mais décide de foncer et d’aller vers l’avant. Sacré Joseph. Joseph avait déclaré qu’il organiserait les élections le 29 Novembre, qu’il pleuve ou qu’il neige. A la veille, Joseph a reconnu que le réalisateur tenait encore les clés de tout le scénario. Il s’est avoué vaincu. Deuxième contradiction.

Et puis dans des productions d’acteur dont il a seul le secret, souvenez-vous de la grande parade au palais des sports avant Coupe du Monde. Des grandes déclarations, des bons et des mauvais points distribués, des déclarations explosives du genre « nous avons aussi nos Neymar », bref une assurance qui est aux antipodes de la prestation finale au Brésil, des délégations pléthoriques avec escapades en famille, pire encore, des accusations contre tous « les petits Neymar » qu’on vantait un peu plus tôt. Troisième contradiction.

La parade la plus récente de notre acteur principal Joseph, est donc cette thèse qu’il a brillamment soutenue sur le « Tchakap ». Devant une foule amusée qu’il croyait pourtant apprécier les arguments de sa thèse, il s’est jeté dans une logorrhée verbale incroyable sur le « Tchakap ». Ses avantages, ses inconvénients, ses dangers pour le football camerounais. On a ainsi appris qu’à cause du « Tchakap », les filles de l’équipe de football féminin n’ont pas eu de primes. A cause du « Tchakap », on a été obligé d’amener une cour de personnes au Brésil à ne rien faire. A cause du « Tchakap », on n’a pas pu organiser les élections à la Fécafoot. A cause du « Tchakap », le championnat d’élite de football du Cameroun s’est joué la saison dernière avec 19 clubs. A cause du « Tchakap », Albert Ebossé a été tué, et la Fécafoot est incapable de suivre cette affaire, de porter plainte, d’inquiéter les assassins. A cause du « Tchakap », il n’y avait aucun membre du Comité de normalisation de la Fécafoot aux obsèques de Valery Mezague, à cause du « Tchakap » le Comité National Olympique ne fait qu’acculer la Fécafoot et à cause de ce foutu « Tchakap », elle ne veut pas accepter ses décisions.

Cette thèse là vous vaut bien un titre de Professeur, un vrai ! Et au lendemain de cette brillante thèse, le Vice-président démissionne, Aurélien Chedjou alias « Caipirinha » qui était sur la « liste noire » de Joseph est rappelé en sélection. Si on était à l’époque où l’ange était venu annoncer à Joseph la grossesse de Marie sans qu’il n’y ait eu rapport entre les deux, ma foi m’aurait sauvé et j’aurais cru. Mais là Joseph, pour ce que je viens de citer plus haut et parce que je ne suis plus de cette époque, je suis obligé de te dire : «Joseph…Marie t’a cocufié » !

Bonne Année 2015

Martin Camus MIMB

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