Cameroun - Sécurité. Image du chef de l’Etat : Paul Biya a mal à sa com’

Claude Tadjon | Le Jour Mercredi le 18 Mars 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La structure du message des communicants du président de la République s’articule autour du culte de la personnalité et la déification.

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Deux sites web diffusent des informations actualisées sur le président de la République et l’ensemble de ses activités ainsi que sur la Première dame. On peut y lire la biographie du chef de l’Etat, sa vision, ses discours, ses interviews, les audiences et les actes qu’il prend. A côté de cette fenêtre sur le monde, des médias traditionnels tels que la Crtv, Cameroon Tribune, l’Action et depuis un moment maintenant Le Temps des réalisations, une production du cabinet civil de la présidence de la République publient systématiquement des nouvelles des activités chef de l’Etat.

 

Les médias sociaux qui ont le vent en poupe, type Twitter et Facebook permettent aussi d’échanger des informations du président de la République avec une communauté de personnes connectées. La communication du président de la République s’appui sur un dispositif réglementaire redéfini le 9 décembre 2011, dans un décret du chef de l’Etat réorganisant la présidence de la République. Ce texte précise que le cabinet civil est chargé de la communication de la présidence de la République. Cette activité est donc placée sous l’autorité du directeur du cabinet civil, Martin Belinga Eboutou assisté d’un directeur adjoint, Joseph Anderson Le par ailleurs président du conseil d’administration de la Sopecam, société éditrice du quotidien Cameroon Tribune.

 

Tendances de l’opinion publique

 

Dans les services internes du cabinet civil, existe spécifiquement une cellule de la communication du président de la République placée sous l’autorité d’un conseiller à la communication. Cette cellule est chargée de l’exécution de tous les travaux de communication qui lui sont confiés par le président de la République ; de la mise à la disposition du président de la République des informations et des synthèses relatives à l’actualité nationale et internationale, ainsi qu’aux grandes tendances de l’opinion publique, de la constitution à cette fin d’une banque de données régulièrement actualisée.

 

Elle est aussi chargée de la promotion de l’image du Cameroun, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, en liaison avec le Secrétariat général de la présidence de la République, les services du Premier ministre et le ministère chargé de la Communication, chargé, lui, de l'élaboration, de la mise enoeuvre et de l'évaluation de la politique de la nation en matière de communication sociale. Même si le titulaire actuel du poste La cellule de communication du président de la République s’occupe aussi de la conception et de la mise en oeuvre, à la demande du président de la République, d’actions de communication à destination du public, des élus, de la presse et des milieux extérieurs. Cette cellule est en outre chargée des relations publiques de la présidence de la République dont elle est, en tant que de besoin, le porte-parole et des relations avec la presse écrite, la radio et la télévision, en liaison avec le Secrétariat général de la présidence de la République. Le conseiller à la communication, qui a rang et prérogatives de conseiller technique, peut être assisté de chargés de mission et d’attachés.

 

Partenaires extérieurs

 

Ce dispositif n’exclut par le recours à des personnalités, souvent étrangères, pour faire la communication du président vis-à-vis des partenaires extérieurs du Cameroun. Le Français Claude Marti en est un bon exemple. Il a notamment travaillé, écrit Christophe Champin dans le Pactole de communication politique en Afrique francophone, pour le président Paul Biya de 1984 à 1985, lors de la création Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Il y a eu aussi d’autres Français, Jacques Seguela, Patricia Balme...

 

«J’ai veillé à ce que la communication dans ce pays à l’étranger soit bien faite et préservée. J’ai amené les professeurs Luc Montagnier et Robert Gallo au Cameroun. J’ai aidé la Première dame à développer tout ce qu’elle fait pour la lutte contre le sida», se vantait Mme Balme. L’impact de cette armada est-il à la hauteur de ce qu’elle coûte au contribuable camerounais ? La communication du président est-elle efficace ? Contacté par Le Jour, le cinéaste Jean Pierre Békolo, auteur d’un livre intitulé Africa For The Future qui touche à la question est plus que circonspect : « C'est une communication qui est dans un modèle des années 50, elle est celle d'un président qui sent qu'il ne doit rien au peuple donc il nous fait sentir que nous ne sommes pas ses patrons, comme en démocratie où le président se sent obligé de dire la vérité au peuple parce que c'est ce peuple qui l'a mis là. Et puis ceux qui font sa communication confondent encore communication et propagande... voire mensonge.

 

Et ça c’est dépassé, on parle de nos jours de Storytelling en communication. Une méthode utilisée par Obama et Sarkozy...Le pire est qu'ils ne se rendent plus compte du ridicule de cette communication que le peuple parodie à tout vent ... Un peuple qui est en avance sur eux car il sait qu'on lui ment. Si le peuple est en avance sur les communicateurs; c'est qu'ils sont eux vraiment dans le passé ».

 

 

 Croire le contraire de ce qu'on dit

Le cinéaste n’indexe pas seulement les responsables qui élaborent la communication du président. La faute aussi, argue-t-il, au modèle de régime qui leur impose ce type de communication : « Car nous ne savons jamais si nous sommes vraiment en démocratie ou pas... La démocratie implique un type de communication qui n'est rien d'autre qu'un type de rapport qu'on a avec le peuple. Si on estime que le peuple ne mérite pas qu'on lui dise certaines choses, cela va se ressentir dans la communication. » Jean- Pierre Bekolo raille en outre un choix qu’il juge peu judicieux : « Notre président ne parle pas aux journalistes camerounais. Il ne parle qu'aux étrangers. Et quand ces étrangers ne disent plus du bien de lui, les communicateurs parlent de propagande étrangère. »

 

Jean Takougang, cadre du Sdf n’est pas moins critique sur le contenu de la communication du président dont la structure du message s’articule autour du culte de la personnalité : « C'est une communication de falsification. La communication politique consiste à annoncer ce qu'on va faire, à expliquer et à médiatiser ce qu'on a déjà fait, afin d'éviter les malentendus. La communication politique est proactive. Elle anticipe. Elle éclaire les faits, elle n'en crée pas par des photomontages. A la longue, la communication crée plus de confusion et conforte les gens dans le fait qu'il faut croire le contraire de ce qu'on dit. La plus grande illustration est la conception que les Camerounais ont de Cameroon Tribune et des Journaux privés. »

 

 

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