Cameroun - Politique. DU DÉTOURNEMENT DES FONDS PUBLICS AU DÉTOURNEMENT DES ENFANTS

C.P:Fabien Assigana Lundi le 13 Avril 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Au Cameroun, un nouveau-né disparaît dans un hôpital de la police. Judith Viviane Djuala n’a qu’une chose en tête : retrouver son enfant enlevé au Centre médical de la Police de Yaoundé, le dimanche 29 mars 2015.

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Elle implore qu’on lui rende son enfant qui, selon elle, a bien été enlevé. À ce jour, l’enfant reste introuvable et l’enquête ouverte par la police judiciaire piétine. Vincent Kamgang, le compagnon de la jeune femme, confirme être convoqué quotidiennement dans les services de la police sans pour autant être davantage informé sur la suite de la procédure.

 

La jeune femme, âgée d’une trentaine d’années, institutrice dans la capitale, raconte qu’après son accouchement, elle s’est assoupie, son bébé lové contre elle. À son réveil en fin de journée, le bébé avait disparu. Les premières recherches effectuées à l’intérieur du centre hospitalier sont infructueuses, malgré les injonctions adressées par le patron de la police nationale, Martin Mbarga Nguélé, aux services de l’hôpital afin de retrouver l’enfant dans les 48 heures. Judith Viviane Djuala a même été expulsée de l’hôpital le 7 avril 2015 !

 

Cette nouvelle affaire en rappelle une autre qui avait marqué l’opinion publique au Cameroun en 2011 : l’affaire Vanessa Tchatchou. Le bébé de cette jeune fille âgée de 17 ans au moment des faits, avait disparu à l’hôpital gynéco-obstétrique de Ngousso, dans la périphérie de Yaoundé, le 20 août 2011. La disparition du nouveau-né était intervenue entre la salle d’accouchement et la salle des couveuses où l’enfant prématuré devait être installé. L’histoire avait mobilisé le pays avec de nombreuses manifestations dans les principales villes du pays, et même à Paris où un comité de soutien avait été créé. En 2012, la justice camerounaise avait conclu à un enlèvement puis à l’assassinat du bébé. Cette thèse a toujours été réfutée par la jeune femme qui continue de réclamer son enfant.

 

Cette deuxième affaire est la consécration de ce que le pays est  géré par des inhumains qui n’ont aucune conscience malheureuse de détourner tant de milliards au pauvre contribuable et qui certainement n’en aurait aucune à lui subtiliser la progéniture. Si « l’opération épervier » a des tentacules longs sur les finances publiques, les enfants semblent désormais être la nouvelle cible dans une pratique qui, certes existe depuis fort longtemps. L’affaire Vanessa est une parmi tant d’autres prés ou post existantes. Elle met à jour une pratique ignoble où les pauvres citoyens sont les malheureuses victimes d’un système mécréant et meurtrier.

 

Ainsi, notre pays a perdu son image de société de progrès et de vitrine africaine de pays émergeants. Ainsi, affichant les indicateurs de développement humain les plus médiocres, il se classe dans le peloton des derniers États de la planète. Aujourd’hui le Cameroun est devenu un pays pauvre très endetté, et parmi les plus corrompus au monde. Les refondateurs ont échoué partout et en tout.

 

Le Cameroun est devenu un pays sinistré. Une immense tâche de reconstruction nous attend. Nous devons relever le défi et rebâtir un Cameroun moderne et reconduire le peuple camerounais vers de nouveaux horizons de liberté et de prospérité. Nous devons redonner confiance aux camerounaises et aux camerounais et faire renaître l`espoir dans le cœur de nos citoyennes et de nos concitoyens et plus particulièrement dans le cœur des jeunes générations. Ce diagnostic révèle des maux qui nécessitent un traitement conséquent. Il est donc temps que la politique nous aide à exprimer nos idées, nos différences et nos accords dans la compréhension afin d’atteindre de grands objectifs communs nationaux et républicains. Plus que jamais, nous devons agir ensemble pour construire l’avenir du Cameroun en toute confiance. C’est le vœu ardent des camerounaises et des camerounais.

 

Il y a bien quelques années déjà que le régime politique actuel, et héritier sans concession du précédent, est aux affaires. À sa tête trône un homme qui, de l’avis de certains, compte quasiment 39 ans depuis qu’il est Premier ministre et pour d’autres plus modestes, 33ans en tant que chef de l’État. Sans vouloir se fondre en conjectures, il est évident que d’interminables décennies se succèdent depuis que Paul Biya est au Cameroun – officiellement dès son retour d’études en France en 1962. Il a multiplié des fonctions cardinales au sein du système politique dont il a très certainement été le bâtisseur et de son armature, et de ses méthodes, et de son fonctionnement, et même de sa psycho-politique. C’est donc ce président qui, depuis 1982, a décidé de prendre pour devise à l’exercice de son aire de règne, le tandem « rigueur » et moralisation».

 

L’on ne pouvait que saluer une telle initiative, surtout que la prospérité assurée dont bénéficiait déjà l’économie nationale du pays au moment où il accède au pouvoir, ne pouvait qu’ouvrir la jeune nouvelle république indépendante à des lendemains glorieux où l’émergence qu’on planifie aujourd’hui pour 2035, aurait rapidement été atteinte au soir de la décennie des années 80.

 

D’ailleurs cet horizon prometteur, que l’on voulait reposer sur la «bonne » gouvernance prévoyait une « santé pour tous en l’an 2000 » qu’avait alors ratifié le Cameroun dans le protocole d’accord général mis sur pied par l’Oms. Pourtant et c’est là où la curiosité et la grande contradiction dans la démarche adoptée par le régime du « renouveau » va surprendre. Les stratégiques « plans quinquennaux » d’Ahmadou Ahidjo vont très vite être abandonnés. Ce qui servait alors de boussole et de mode d’auto-évaluation de l’État rentre dans l’histoire d’une des premières oubliettes et assurément la première grosse erreur du régime Biya.

 

Aujourd’hui les repères sont perdus et l’inconsistance du planning fait plomber les objectifs fébriles, creux, diffus et au final inopérants des nombreux gouvernements qui se succèdent. Au contraire d’une vision uni-centrée du gouvernement, on débouche à une vision poly-centrée où chaque département ministériel semble être autonome et déconnecté d’un programme global de construction du patrimoine national. Le décloisonnement se dissout dans une politique de raffermissement des identités à la tête desquelles on compte des apparatchiks qui n’ont pour seul souci la consécration personnelle et la louange sans distance du Président.

 

 

 Peu à peu, le système politique mis en place par Biya abandonne l’ambition de reconfigurer l’appareil politique de l’État qui aurait pu garantir des comportements/mentalités dont la moralité avérée permettrait à coup sûr l’avènement d’un univers socio-économique encore meilleur aux Camerounais. Que non ! Tout va basculer à la dérive. La sacralité du trésor public et l’inviolabilité des biens de l’États ne seront plus que de bons vieux souvenirs. Chacun y touchera à sa guise ce d’autant plus que l’impunité, en l’absence criarde de la fameuse rigueur, est la meilleure garantie assurée au cercle très fermé des complices du «Prince ». On se demandera sans cesse où est donc passée la « moralisation » pressentie pour être en vigueur au soir du 6 novembre 1982.

Et c’est parce que rien ne semble être fait de manière ferme, radicale et péremptoire que l’incivilité et les traits liberticides des décideurs de la république prennent des proportions encore plus vertigineuses. En effet, depuis le 20 août 2011, au-delà de l’affaire des détournements de deniers publics, il y a de nos jours ce qu’il convient d’appeler les «détournements d’enfants ».

 

Le Cameroun est devenu un pays sinistré. Une immense tâche de reconstruction nous attend. Nous devons relever le défi et rebâtir un Cameroun moderne et reconduire le peuple camerounais vers de nouveaux horizons de liberté et de prospérité. Nous devons redonner confiance aux camerounaises et aux camerounais et faire renaître l`espoir dans le cœur de nos citoyennes et de nos concitoyens et plus particulièrement dans le cœur des jeunes générations. Ce diagnostic révèle des maux qui nécessitent un traitement conséquent. Il est donc temps que la politique nous aide à exprimer nos idées, nos différences et nos accords dans la compréhension afin d’atteindre de grands objectifs communs nationaux et républicains. Plus que jamais, nous devons agir ensemble pour construire l’avenir du Cameroun en toute confiance. C’est le vœu ardent des camerounaises et des camerounais.

 

Fabien Assigana

 

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