Cameroun - Politique. Serge Siméon Noumba : « Je n’ai pas vendu le Mrc à Bafoussam 1er »

Mutations Mercredi le 10 Juin 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le second mandat de Serge Siméon Noumba à l’Assemblée nationale [2007-2013] sous la bannière du Social Democratic Front (Sdf), a fait dire de lui qu’il était devenu un « député dissident ».

ADS



Notamment au regard de ses sorties médiatiques et ses interventions au niveau du Nec, l’instance dirigeante de ce parti, où il s’est déclaré, en 2011, candidat à la succession de John Fru Ndi. Il avait déjà siégé au palais de Verre à Ngoa-Ekellé entre 1997-2002 pour le compte du Sdf. Même si au bout, il a renoncé de challenger John Fru Ndi, Serge Siméon Noumba, 48 ans aujourd’hui, n’est pas resté dans une formation politique au sein de laquelle il a fait ses premiers pas en politique. Qu’il ait démissionné ou ait été démissionné, M. Noumba a pensé pouvoir se frayer un autre chemin. En optant, lors des législatives et municipales du 30 septembre 2013, de rejoindre les rangs du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), un mouvement naissant conduit par Maurice Kamto. Le premier contact  qu’il a eu, en se frottant aux militants de sa nouvelle famille politique, ne fut pas tranquille. Surtout que ce titulaire d’une maîtrise en sciences politiques, obtenue en 2004 à l’université de Soa à Yaoundé, a essuyé une fois de plus des critiques. Sur le plan local, ces nouveaux compagnons l’ont suspecté d’avoir empoché des billets de banque pour favoriser l’élection d’un maire Rdpc à la commune de Bafoussam 1er. C’est vrai que le parti au pouvoir y a obtenu la majorité des voix, mais ses contradicteurs lui en voulaient pour, disaient-ils, avoir manipulé les cinq conseillers municipaux de sa chapelle politique sur les 61 que compte cette municipalité [44 au Rdpc et 12 au Sdf]. L’homme politique que nous avons rencontré ce week-end à Bafoussam, s’emploie à restituer sa part de vérité.

 

A Bafoussam, on se pose bien la question de savoir où est-ce que vous êtes passé ?

Honorable Noumba vit et existe. Et avant toute chose, j’aimerais toujours saluer la dynamique population de la Mifi en général et celle de Bafoussam en particulier. Je voudrais dire à cette population que je suis de tout cœur avec elle. C’est des occupations hors de ma circonscription électorale qui font à ce que je ne sois plus très proche d’elle. Ceci dit, je ne suis plus dans la circonscription ; mais je mène des activités qui, à l’avenir, doivent profiter à cette dynamique population.

Que faites-vous actuellement et où ?

Je suis à Yaoundé, où je mène des activités économiques. Sur le plan international, je continue de réfléchir, parce que je suis un expert-consultant au niveau du réseau des parlementaires de la Banque mondiale. Certains ont cru que, quand je ne devais plus être député, je ne devais plus y officier. J’en ai pensé comme eux, moi aussi.  Au regard de mes contributions, étant encore au parlement, la Banque mondiale a estimé que je pouvais rester à ses côtés.

Que faites-vous concrètement avec la Banque mondiale ?

Vous savez, dans les réseaux, même comme à l’Organisation des nations unies (Onu), il y a des voies par lesquelles certains projets arrivent dans des pays. Il en est de même de certains textes de loi. Là-bas, c’est la représentativité et le dynamisme de chacun qui comptent. En réalité, c’est comme ça comment les choses se gèrent  sur le plan international.

Que peut attendre le Camerounais lambda d’une pareille collaboration ?

En ce moment, je suis en train de négocier un projet qui consistera à financer 2000 jeunes sans-emplois, qu’ils soient qualifiés ou non. Je ne voudrais pas en dire plus, parce que je considère que vous avez déjà la primeur de cette nouvelle.

Une opinion pense que vous êtes loin de votre base politique. Et que vous ne digérez pas le fait d’avoir perdu aux législatives en septembre 2013 dans la Mifi sous la bannière du Mrc, votre nouvelle chapelle politique ?

Je ne le pense pas. Parce que j’ai toujours cette conviction d’avoir un électorat fidèle. Je ne suis pas un essayiste politique. Je crois qu’on sait de quoi je pèse. Et mes fidèles sont là, sur le terrain, et travaillent. J’en profite pour préciser que, jusqu’à l’heure actuelle, ma famille politique demeure le Mrc.

Les rapports entre certains cadres locaux du Mrc et vous sont tendus depuis les dernières municipales où on vous a accusé d’avoir pris de l’argent pour que les cinq conseillers municipaux de votre parti votent l’exécutif communal à Bafoussam 1er, conduit par le maire Jules Hilaire Focka Focka du Rdpc ?

En fait, c’est moi qui ai amené le Mrc à Bafoussam. Beaucoup croient que je n’y suis plus. J’y suis. En début 2013, le Mrc était un parti pratiquement inconnu. Je l’ai fait connaître à certains qui pensent aujourd’hui avoir des talents politiques, localement. Depuis les dernières élections, nous les observons. Il faut qu’ils nous fassent savoir en quoi ils sont capables. Le moment venu, tout le monde pourra les apprécier.

Qu’en est-il des tractations avec le Rdpc, pour lesquelles vous êtes accusé ?

Ça me fait rire, parce que tous ceux qui le disent, ne comprennent rien. Comment dire qu’on a vendu des élections, alors qu’il n’y avait que le directoire du parti [La hiérarchie, précise-t-il] à qui je devais rendre compte ? A l’Ouest, il n’y avait personne qui était au-dessus du coordonnateur général des élections que j’étais. A l’Ouest, en matière d’élection en 2013 au Mrc, j’étais le seul à pouvoir ester en justice ou au nouveau de toute instance. Et ceux qui ont raconté que j’ai vendu des voix lors du conseil municipal de plein droit à Bafoussam 1er, m’étonnent. Je ne sais pas comment on peut vendre les suffrages d’un parti politique à un autre. La bonne information reste celle qui avait été demandée aux cinq conseillers du Mrc à Bafoussam 1er, arrondissement d’origine de Serge Siméon Noumba, la seule commune où le Mrc a eu des sièges à l’Ouest. Cette précision vaut la peine. Parce ce qu’il n’y avait personne pour s’engager, j’ai même passé tout le temps à chercher des candidats pour les municipales dans cette commune. Ceux qui gesticulent aujourd’hui avaient la responsabilité d’implanter le parti, à l’époque, et n’ont rien fait. Ils répondront devant les juridictions.

Quelle était la bonne information véhiculée par le Mrc ?

C’était de voter en toute âme et conscience, le Mrc n’ayant pas d’intérêt par rapport à cette élection.

A vous écouter, vous avez intenté un procès contre quelques-uns de vos camarades du Mrc?

Depuis le 17 janvier 2014, j’ai fait une citation directe contre ceux qui m’ont diffamé d’avoir vendu le Mrc. Ce n’est pas une prétention, mais je voudrais dire qu’au Mrc dans la Mifi personne n’a encore ma carrure politique. Ceux-là n’ont qu’à venir à mon école politique, pour prendre des leçons. Certains d’entre eux ne savent même pas qu’ils ont sali l’image de notre parti. Quand au lendemain d’une élection, un candidat ou responsable local se permet de dire qu’un autre responsable a vendu, c’est une façon de détruire le parti. Les gens ne l’ont pas compris, et je pensais que le directoire devait sanctionner un tel comportement, avant que je n’entame un procès contre ceux-là.

Où en êtes-vous au tribunal ?

La semaine dernière, le procès a été renvoyé pour la seconde fois au 5 août prochain. Je poursuis ceux qui ont voulu me salir pour diffamation au Tribunal de première instance de Bafoussam. Ils ont égratigné l’image d’un parti que j’ai lancé à l’Ouest.

Etes-vous régulier aux différents conseils municipaux à Bafoussam 1er ou vous choisissez ceux qui vous semblent intéressants ?

La loi n’oblige pas un conseiller municipal d’être à tous les conseils. On peut se faire représenter quand on est empêché. Quand je suis empêché, je fais une procuration en bonne et due forme pour me faire représenter. Mais, ce ne sont pas les procurations qui sont plus nombreuses que ma présence. Au dernier conseil qui a eu lieu le mois dernier, nous avons débattu du vote du compte administratif. Et j’étais personnellement là.

Regrettez-vous avoir quitté le Social Democratic Front (Sdf) où vous avez été député pendant deux législatures ?

Pas du tout. Pour votre gouverne, vous devez savoir que je n’avais plus rien à présenter au Sdf, comme idée révolutionnaire pour les uns et désuète pour les autres.  J’y ai entretenu un courant pour de nouvelles idées pour reconstruire ce parti. Je ne regrette pas du tout d’être parti. Je dois vous rappeler qu’au moment où je quittais le Sdf, quatre jours avant, on m’a appelé à Bamenda [siège du Sdf] pour me demander d’apporter mon dossier d’investiture. Je leur ai dit de ne plus compter avec moi. Au moment où je vous parle, je n’ai aucun regret ; parce que j’ai fait mes preuves dans ce parti.

Il y en a qui pensent vous seriez resté au parlement si vous étiez encore au Sdf ?

Ce n’est pas un poste de député qui m’intéresse. J’ai mes idées et je reste un esprit libre quelque soit le parti politique.

Quel regard jetez-vous sur la célébration du 25ème anniversaire du Sdf, le 26 mai dernier ?

Pour moi, c’était un non événement. Parce que ce n’était qu’un festin, pour présenter au grand jour les accointances avec le régime en place. Et c’est ce régime qui inflige au peuple camerounais tout ce qu’il endure aujourd’hui. Voilà ce que je retiens de cet anniversaire. Le Sdf a montré à grand trait qu’on le soupçonnait d’avoir un lien ou une amitié avec le parti au pouvoir, et que c’est vrai. Je n’y ai rien compris. Ce sont des choses qui m’ont fait partir du Sdf, qui ne cessait de faire la dance Bafia. Voilà John Fru Ndi qui n’a pas pu gagner une élection sénatoriale dans sa région du Nord-Ouest, et qui vient se bomber le torse devant des caméras. C’est nous, les petits députés qu’on disait, qui nous battions dans nos circonscriptions pour faire gagner le Sdf.

On a longtemps condamné la distance prise par le Sdf vis-à-vis du Rdpc. La politique n’est-elle pas aussi l’apaisement ?

Je n’ai pas dit que la politique c’est la guerre. Je vais vous dire une chose, en politique on peut changer d’orientation. Si on ne le fait pas, c’est qu’à la place des militants on a des moutons de panurge. On ne devine rien. La procédure, c’est qu’on convoque un congrès pour définir ou présenter la nouvelle orientation à donner à l’idéologie. Mais, on découvre chaque jour. C’est ce que j’ai décrié dans ce parti. J’ai fait l’école et l’école de la science politique. Je constate pour le regretter, le projet de société du Sdf n’existe pas. Le Sdf a plutôt fondu dans le  Rdpc, pour être maintenant un faire-valoir.

Aux sénatoriales 2013, le Chairman du Sdf allait pour la première fois à une consultation électorale au niveau local, en dehors de la présidentielle?

Il le redoutait auparavant, parce qu’il savait qu’après 1992 [première élection présidentielle multipartite], il avait posé des actes négatifs.

On peut dire pour dédouaner John Fru Ndi que l’électorat était circonscrit ?

J’étais encore membre du Comité exécutif national (Nec), quand John Fru Ndi a levé son doigt pour dire qu’il sera candidat. S’il s’agissait de moi, le Chairman ne devait y aller, puisque je savais qu’on devait le ridiculiser.

Une frange de  cette opinion pense d’ailleurs qu’on  l’a ridiculisé en versant beaucoup d’argent à quelques conseils municipaux du Sdf  pour voter le parti au pouvoir ?

Non, je ne le pense pas. Après avoir déconseillé cette candidature, on l’a fait passer au forceps. A la suite, j’ai dit au Nec que la manière avec laquelle John Fru Ndi bat campagne n’est pas la bonne. Ça ressemblait plus aux municipales, à la présidentielle qu’aux sénatoriales. Alors qu’on a affaire à un scrutin indirect. J’ai proposé que le Chairman rencontre juste les conseillers municipaux, constituant le collège électoral, les saluer et leur réitérer le soutien du Sdf. Ce qui n’a pas été fait. Et c’est ce que Simon Achidi Achu du Rdpc a utilisé comme méthode pour battre John Fru Ndi, au moment où ce dernier allait faire des meetings populaires.

Pensez-vous que le Mrc soit différent ?  

Jusqu’à présent, je n’ai pas de problème au Mrc. Je constate, qu’on essaye au niveau du directoire ou du bureau politique de respecter les statuts. Seulement, à la base, il y en a qui ne savent pas ce que c’est. Je suggère à ces gens-là de lire les statuts du Mrc, parce qu’un pasteur ne peut pas prêcher sans bible. Au Mrc, tous les militants à la base doivent chercher à obtenir et à s’approprier les statuts du parti, c’est leur part de bible.

Propos recueillis par Michel Ferdinand 

ADS

 

Lire aussi : Ce que pense Maurice Kamto du tribalisme au Cameroun
Lire aussi : Abdouraman Hamadou Babba : «Le Président du Conseil constitutionnel, est obligé d'expliquer pourquoi le Président de la République veut prolonger le mandat des députés»
Lire aussi : L’honorable Nourane Fotsing appelle à la libération de Bibou Nissack le porte parole de Maurice Kamto

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS