Cameroun - Politique. Owona Nguini et Magloire Ondoa : Le régime de la discorde

Assongmo Necdem | Le Jour Mardi le 23 Juin 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les deux universitaires s’opposent sur la définition du régime politique camerounais.

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Impossible de réconcilier Magloire Ondoa et Mathias Eric Owona Nguini. Ils sont totalement opposés sur la nature du régime politique camerounais. Pour le premier, il s’agit d’un régime parlementaire. Mais le second bondit et déclare que le Cameroun n’est rien de plus qu’une monarchie même s’il y a un président de la République élu. Du coup, le ton est monté d’un cran dans la salle des actes de l’université de Yaoundé 2, cet après-midi du 19 juin 2015, au cours de la table ronde sur le thème « Régime politique camerounais et séparation des pouvoirs ».

Chaque champion a ses supporters dans la foule d’étudiants qui ont rempli la salle. Des applaudissements et des youyous accompagnent les prises de parole de l’un et l’autre « savant », sous le regard des autres panélistes et enseignants tantôt amusés, tantôt perplexes par le débat qui s’enlisent. Magloire Ondoa et Owona Nguini sont aux antipodes. Tout juste sont-ils d’accord sur le fait qu’au Cameroun, le président de la République domine le parlement, l’institution judiciaire et, partant, toute la scène politique. Mais, précise Magloire Ondoa, cela ne fait pas du Cameroun un régime présidentialiste.

Tout présidentialisme est à exclure ; même si on le qualifiait de démocratique, comme le Pr Alain Didier Olinga, cet autre « savant ». Imaginez le débat si l’intéressé était présent pour répondre à Magloire Ondoa. Pour ce dernier, il n’existe aucun « critère juridique » qui permette de définir le présidentialisme. Il rejette toute construction faisant du Cameroun un régime semi-présidentiel, c’est-à-dire à cheval entre les régimes présidentiel et parlementaire. Au vu des critères juridiques, le Cameroun n’est pas un régime présidentiel comme les Etats-Unis, le modèle en la matière, où le pouvoir exécutif est très limité par le Parlement, où il y a une forte séparation des pouvoirs et où le président de la République n’est qu’un exécutant des lois. Tout le contraire du Cameroun où le président de la République n’est pas responsable devant le Parlement qu’il peut même dissoudre.

Par ailleurs, le chef de l’exécutif est le garant de l’indépendance de la justice et préside le conseil supérieur de la magistrature. A ces titres, il contrôle l’institution judiciaire. C’est bien le symbole d’un pouvoir présidentiel fort, reconnaît Magloire Ondoa. Mais il insiste sur le fait qu’il s’agit ni plus ni moins que du régime parlementaire orléaniste qui a existé en France il y a plus de 150 ans, avec un Premier ministre réduit au rôle de « garçon de course ».

Complexe d’Amina

Trêve d’hypocrisie et d’euphémisme, réplique Owona Nguini. Pour lui, la non-application des lois donne à voir le vrai visage du régime politique camerounais où le mode d’élection du président de la République garantit à Paul Biya un pouvoir à vie. A défaut d’être un présidentialisme, ce régime est une monarchie, conclut-il. Le spécialiste de science politique rappelle alors le complexe d’Amina, ce personnage bien comme à Yaoundé. « C’est un homme qui, vu de loin, ressemblait à une femme à cause de son habillement. Mais dès qu’on s’en approchait, on voyait bien qu’il appartenait au genre masculin. Le régime politique camerounais a des apparences bien trompeuses », explique Mathias Eric Owona Nguini. Ne lui dites surtout pas de se taire lorsque les spécialistes du droit parlent de régimes politiques. Il relève que le politiste a l’avantage de faire une analyse sociologique qui sort des textes pour mettre en lumière les pratiques qui expliquent pourquoi le Parlement et l’institution judiciaire soient si faibles au Cameroun.

Dans tous les cas, l’université ne saurait se substituer aux trois pouvoirs institués dans l’Etat. « Nous ne commandons pas, nous recommandons », a dit Bernard-Raymond Guimdo Dongmo, qui prenait également part au débat. «Sommes-nous ici pour dire une vérité ou la vérité ? », a-t-il lancé à l’endroit de l’assistance et du panel complété par Jean Njoya et Nadine Machikou Ngameni. La table ronde de vendredi dernier marquait le lancement des activités du Centre d’études et de recherches constitutionnelles, administratives et financières (Cercaf) dirigé par Patrick Abane Engolo.

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