Cameroun - Réligion. Abdou Rachidi Tchiroma: «Les autres pèlerins camerounais sont morts cinq minutes après notre passage»

La Nouvelle Expression Mardi le 29 Septembre 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
A son retour à Douala hier dimanche 27 septembre 2015, Abdou Rachidi Tchiroma a été accueilli tel un héros. Parce que, après avoir bravé pour la première fois, le très redoutable pèlerinage à la Mecque, il est revenu sain et sauf pour le bonheur de ses proches après un séjour de trois semaines en Arabie Saoudite.

ADS

Mais, il s’en est fallu de peu pour qu’Abdou Rachidi Tchiroma soit compté parmi les victimes de la grosse bousculade meurtrière survenu à la Mina, le jeudi 24 septembre 2015. Le bilan qui ne cesse de s’alourdir, fait état de près de 800 morts et plus de 900 blessés. En ce qui concerne particulière les nouvelles des 4500 camerounais qui sont de l’expédition du Hadj 2015, le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, qui préside la Commission nationale du Hadj, a révélé dans un communiqué publié le vendredi 25 septembre dernier, que 21 Camerounais ont été tués et 200 sont portés disparus. Sur les causes de ce drame, l’Arabie saoudite, le pays organisateur de ce traditionnel pèlerinage à la Mecque, accuse l’indiscipline de certains pèlerins. En réaction, certains pays dont les ressortissants ont péri, pointent du doigt la mauvaise organisation sur le plan de la sécurité. En attendant que l’enquête ouverte indique officiellement les causes de la tragédie, Abdou Rachidi Tchiroma, déjà surnommé par ses proches « Le revenant », raconte la triste journée du 24 septembre 2015.

 

Vous faites partie des 4500 pèlerins camerounais qui se sont rendus dans la ville sainte pour le Hadj 2015. Nombreux y ont été inhumés après avoir rendu l’âme à la suite d’une traumatisante bousculade. Comment avez-vous vécu ces moments tristes ?

 

C’était terrible. Voir des corps des centaines et des centaines de personnes jonchés ça et là, ce sont des images à oublier très vite. Ce matin là, les encadreurs nous ont positionnés par groupe. J’étais dans le groupe des pèlerins venus de Douala. Il fallait avancer à pied sur plusieurs kilomètres. Nous sommes partis du Mont Arafat, ensuite on a traversé Mina, puis on a emprunté le chemin pour Jamarat où s’effectue la  lapidation de Satan. La bousculade qui a tué les gens a eu lieu à Mina, cinq minutes seulement après le passage de mon groupe. Tu vois que j’ai moi-même failli trépasser. Mais, nous n’avons ressenti à aucun moment que quelque chose d’aussi grave se passait dans notre dos. Après le rite lapidations, mon groupe a continué sur la Mecque à pied sur au moins dix kilomètres. Pour la petite histoire, nous avons fini le tour sans être au courant que les gens sont morts. C’est du Cameroun que j’ai eu la mauvaise nouvelle.  J’ai été informé par un proche qui m’a appelé du Cameroun pour savoir si je suis vivant. J’ai demandé ce qui n’allait pas. C’est en ce moment qu’il m’a raconté la triste histoire.

 

Vous qui aviez vécu ces moments effroyables sur place,  qu’est ce qui peut expliquer cette terrible bousculade ?

 

Je crois que c’est dû simplement à la panique. Il suffit d’un petit mouvement de foule dans le mauvais sens pour que tout bascule. C’est quand même plus de 2 millions de personnes rassemblées en un endroit réduit. Etant dans cette masse, on court le risque de mourir par asphyxie ou par piétinement.   

Certains accusent l’indiscipline des pèlerins. Quelles sont les consignes qui sont données aux pèlerins avant le déplacement vers le lieu saint ?

 

Il y a des consignes de sécurité. On nous demande aussi de ne pas s’encombrer avec des colis, compte tenu des kilomètres à parcourir. Pour lutter contre la forte chaleur qu’il y a là-bas, on nous asperge d’eau fraiche et nous recevons aussi de l’eau à boire. Nous avons des encadreurs qui sont chargés de veiller sur nous, nous guider. Malgré cela, il y a des pèlerins qui s’égarent. Moi personnellement, j’ai secouru les pèlerins Togolais et Nigérians.

 

Est-ce qu’il ’y pas une préparation psychologique qui est aussi faite avant le début du pèlerinage?

 

Effectivement. C’est même une étape très importante parce qu’il ne suffit pas d’avoir la volonté et de l’argent pour aller au Hadj. Il faut aussi être moralement et physiquement prêt. Quand vous voyez le parcours à effectuer et le monde qui s’engouffre sur un chemin étroit, il fait avoir le moral. Voilà pourquoi le pèlerinage n’est pas conseillé aux enfants et aux personnes très âgées. Pour s’engager, iI faut être jeune, solide et en parfait état de santé.

 

Est-ce que le drame survenu jeudi dernier n’est pas de nature à décourager certains musulmans à s’engager dans l’accomplissement de ce cinquième pilier de l’Islam?

 

Non ! ça ne décourage pas. Se rendre à la Mecque est une fierté pour tout musulman. Y aller ou pas, l’homme est appelé à mourir. On enregistre des accidents mortels même sur nos routes. Donc, si vous aller mourir pour la cause d’Allah, c’est une bonne chose. Je suis un homme comblé aujourd’hui parce que j’ai réussi à accomplir mon vœu ? Qu’allah accueille dans son paradis, ceux qui ont trouvé la mort à la Mecque.

Entretient avec Nana Paul Sabin

ADS

 

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS