Cameroun - Sécurité. Le temps des héros

MONDA BAKOA | Cameroon Tribune Mercredi le 07 Octobre 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Comme un minerai que l’on teste par le feu pour en juger de la teneur, les crises constituent, hélas bien souvent, le levain des nations. Autant qu’elles hissent au prestigieux rang de héros des hommes et des femmes singuliers.

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Le Cameroun a honoré, la semaine dernière, la mémoire de trois de ce héros-là : le fonctionnaire de police Elie Ladié et des membres de comités de vigilance de Kolofata, Abba Gana et de Dogo Golda. Tous les trois ont payé de leur vie  en stoppant de jeunes filles sanglées d’explosifs, empêchant de ce fait des carnages dans les marchés où ces bombes humaines étaient dirigées par leurs bourreaux de commanditaires. La nation camerounaise a célébré le patriotisme, le courage et le sacrifice de ces trois compatriotes.  En application d’un arrêté présidentiel, l’ancien inspecteur principal, à titre posthume, a été fait officier de police de  deuxième grade, cinquième échelon, le 29 septembre dernier à Maroua. Le président de la République a, par ailleurs, décerné à Abba Gana et Dogo Golda la médaille de chevalier de l’Ordre national de la valeur. Cette distinction leur a été remise, à titre posthume, le 3 octobre dernier à l’esplanade de la mairie de Kolofata. Unis par une mort héroïque et ces marques de reconnaissance de la nation, ces trois héros resteront pour toujours le symbole de la symbiose entre la population et ses forces de défense face à l’ennemi de la patrie, Boko Haram.

Autant ils couronnent la grandeur de ces hommes morts sur le champ d’honneur, autant ces hommages expriment la reconnaissance et l’admiration de la nation camerounaise à l’endroit de leurs familles respectives. De même, ils constituent un éloquent message d’encouragement adressé à tous ceux qui, en ce moment, défendent la sécurité et l’intégrité du territoire national, en civil ou sous le drapeau de la République,  contre des ennemis sans visage et sans ambition claire. Contre des hordes barbares vraisemblablement mues par leur seule soif de sang.

En plus d’être inscrite sur le granit des cœurs, la mémoire de ces hommes d’honneur mériterait d’être portée par des œuvres pérennes baptisées de leur nom : un lycée, une rue, une place, un édifice… Comme c’est le cas d’un autre soldat tombé sur le champ d’honneur, Yeyap Moussa, dont le nom a été attribué à la célèbre école de Gendarmerie de Yaoundé, située en plein cœur de la capitale. Et comme beaucoup d’autres dont une promotion d’écoles de formation, dans un corps ou un autre des forces de défense, porte le nom.

Il y a lieu de rappeler que les distinctions pour les hommes et femmes veillant sur la sécurité et l’intégrité du territoire national n’arrivent pas qu’à titre posthume. Pour les cas singuliers des forces de défense endiguant les bandes armées aux frontières du Cameroun avec le Nigeria et la Centrafrique, le chef de l’Etat a honoré à moult reprises et occasions, de plusieurs manières, des éléments méritants. Par des médailles ou des promotions, notamment.

Au demeurant, les Camerounais n’auraient sans doute pas raison de se limiter à la contemplation et à la célébration de ces héros. C’est déjà beaucoup, certes, dans un pays qui ne boude pas son plaisir à détruire des valeurs. Mais bien au-delà d’une reconnaissance, nous avons pour impérieux devoir d’imiter ces héros-là. Non pas nécessairement en versant notre sang pour la patrie. Mais en manifestant du zèle, chacun où il se trouve, dans nos actes quotidiens, pour honorer et mériter de la patrie. D’autant que notre pays est au front de plusieurs guerres. Lesquelles ne se limitent pas sur le terrain militaire. Nous sommes aussi en  guerre contre le sous-développement, avec toutes ses tares que constituent l’analphabétisme, la maladie, le sous-emploi, la précarité… Nous sommes en guerre contre l’incivisme, l’égoïsme, le recul de la probité et de l’intérêt général… Autant de maux que nous devrions conjurer. Sur tous ces fronts, le Cameroun a besoin de héros. Pour sortir de l’ornière. Pour arriver à l’émergence.

C’est sur les décombres de la seconde Guerre mondiale que l’Occident a connu les « trente glorieuses », ces trois décennies qui ont permis d’accomplir des progrès scientifiques, techniques, des révolutions sociales.  Des progrès qui ont fait reculer la mortalité et amélioré durablement la qualité de la vie, partout dans le monde. Après l’union sacrée de notre nation contre Boko Haram, pourquoi les nombreux défis qu’affronte notre pays ne nous rendraient-ils pas meilleurs et davantage soudés ?

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