Opération Epervier. Affaire Olanguena Awono: Le Parquet bloque le verdict

Alain NOAH AWANA | Le Messager Mercredi le 17 Octobre 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Après deux jours d’attente, le Parquet a refusé d’exécuter les mandats d’extraction des accusés. L’affaire a été reversée au Tribunal criminel spécial qui va tout recommencer à zéro. Les avocats de la défense crient au scandale.

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Salle d’audience du Tribunal de grande instance du Mfoundi, ce mardi 16 octobre 2012 vers 16 heures. Une centaine de personnes, la mine déconfite, sortent de la salle. Sur les visages, se lisent en même temps désolation, frustration et indignation. La décision que viennent de prendre les juges est à l’origine de la situation. Des réactions très vives se font à l’endroit de la justice camerounaise. Tous ici étaient venus pour suivre la décision des juges sur l’affaire opposant l’Etat du Cameroun, le ministère public, et le ministère de la Santé publique à Urbain Olanguena Awono, ancien Minsanté et cinq de ses collaborateurs. Mais, malgré deux jours d’attente, il n’y a pas eu verdict.

A 16 heures pile, les trois jugent entrent dans la salle. La présidente de la collégialité vérifie la présence des différentes parties. Mais, en dehors des avocats de la défense, les accusés ne sont pas là, et encore moins le ministère public et la partie civile. « Selon l’article 128 du code de procédure pénale (…) on ne peut pas donner le verdict », conclut la juge. Et aussitôt d’expliquer que le dossier sera reversé au Tribunal criminel spécial, qui entre en vigueur dès ce mercredi 17 octobre 2012. A 16h05, l’audience est levée. L’émotion est à son comble. Les avocats de la défense sont dans tous leurs états. « C’est la honte ! C’est du gangstérisme ! Je suis indigné. Nous avons travaillé pour rien depuis quatre ans », fulmine Me Assamba Claude Richard. Qui explique que la décision est rédigée mais le Parquet a empêché qu’elle soit rendue.


Se donner une seconde chance

Et de fait, c’est la conviction de l’ensemble des avocats de tous les accusés. Qui n’ont pas manqué de le dire lors d’un point de presse donné à 17heures dans un hôtel situé non loin du plais de justice. Ils expliquent que le Parquet a bloqué le rendu de la décision à deux niveaux. D’abord, le parquet a délibérément refusé de faire venir les accusés, alors que « le juge a confirmé avoir signé les mandats d’extraction des prévenus, mais la partie adverse n’a pas pris les mesures pour les faire venir à l’audience », explique Me Mong Antoine. Deuxième chose, le ministère public et la partie civile n’ont pas daigné se présenter aux deux audiences de lundi et de mardi, d’où l’incapacité des juges à rendre publique leur décision au sujet de cette affaire. « Des démarches auprès des substituts ont révélé qu’on leur avait demandé de ne pas prendre d’initiative dans cette affaire », soutient Me Mong.

L’exécutif a une fois de plus démontré son ingérence dans une affaire judiciaire, ce qui constitue un véritable « scandale », estime la défense qui salue malgré tout le courage des juges qui eux voulaient rendre leur verdict. Mais, pourquoi le Parquet aurait-il eu intérêt à ce que le verdict tant attendu soit reporté alors que les différentes parties avaient décidé de commun accord d’accélérer le procès avant l’entrée en vigueur du Tcs ? Réponse des avocats : le Parquet a manifestement fait obstruction à la manifestation de la vérité. Pour Me Nyaabia Joseph, seul le juge connaît la décision qu’il va rendre. « Mais, quand vous vous rendez compte que le Parquet, qui a passé son temps à accuser, à enfoncer les accusés, bloque la décision, il y a des questions à se poser », suppute-t-il.

Quoi qu’il en soit, l’affaire sera désormais devant le Tribunal criminel spécial. La seule difficulté, c’est que le procès va recommencer à zéro. « Les débats reprendront à zéro car un tribunal ne peut pas vider un dossier qu’il n’a pas connu. C’est pourquoi nous pensons que le Parquet a voulu se donner une autre chance », explique Me Atangana Ayissi. Urbain Olanguena, après l’annulation par la Cour suprême de trois chefs d’accusation, était maintenant poursuivi pour deux, pour un montant cumulés de 91 millions Fcfa. Il devra encore attendre du fond de sa cellule à la prison centrale de Kodengui pour connaître sa sentence. 

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