Cameroun - Réligion. Après l’éLection du révérend HendJe TOYA. Schisme consommé entre les chefs Sawa et l’EEC

Gaby Nkot | Sans Détour Vendredi le 05 Mai 2017 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
En dépit du caractère démocratique de son élection à la présidence du synode général de l’Eglise évangélique du Cameroun le 22 avril dernier, le choix du Révérend Samuel Hendje Toya a longtemps alimenté des récriminations qui ont amené certains chefs Sawa dans une déclaration signée le 28 avril dernier, à proclamer « le schisme du peuple Sawa de l’église évangélique du Cameroun ».

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«Le Ngondo et les pasteurs Sawa présents au synode de Ngaoundéré, en exprimant leur totale désapprobation au regard de cette situation hautement dévastatrice, sont en état de révolte. C’est pourquoi, solennellement et pleinement conscients de leur devoir face à l’histoire, le Ngondo et les pasteurs Sawa annoncent à compter de ce jour le schisme du peuple Sawa de l’église évangélique du Cameroun ».

La menace planait depuis quelques jours dans les milieux de l’église évangélique du Cameroun à Douala, suite aux changements intervenus à la tête de cette congrégation religieuse, au terme des travaux du synode général électif des 18 au 23 avril derniers. En effet, au terme de cette élection, le Révérend Jean Samuel Hendje Toya est le nouveau président du synode général de l’Eec - l’Eglise évangélique du Cameroun.Il avait été élu par 205 voix contre 168 pour son adversaire, le Révérend Richard Priso Moungole. Et même si ce dénouement électoral n’avait pas suscité des revendications séance tenante, le choix porté sur le Révérend Hendje Toya, jusque-là secrétaire général du bureau sortant, constituait pour ceux qui ont suivi le processus de transition à la tête de l’Eec, une véritable surprise. Et pour cause, le Révérend Richard Priso Moungole, jusque-là1ervice-président dans le bureau sortant, était celui qui était le plus pressenti pour remplacer le Révérend Isaac Batomen à la tête de cette congrégation religieuse. Au demeurant, l’élection du nouveau bureau dirigeant de l’Eec a respecté les exigences statutaires, et la loi non écrite au sein de l’Eec, qui prône la rotation à la présidence du synode général entre les Bamoun, les Bamiléké et les Sawa, les principales composantes ethniques de la congrégation. Seulement depuis l’assemblée générale synodale élective de Ngaoundéré, ça jase au sein de certaines strates des synodes régionaux de l’Eec.

D’abord dissimulées, des voix s’élèvent de plus en plus pour estimer que le nouveau président n’est pas Sawa. Pourtant, tout le monde reconnait qu’il est originaire du département du Nkam, dont Sawa, mais les frondeurs à son élection estiment qu’il a évolué jusque-là dans l’Ouest du pays, ce qui ferait de lui un Bamiléké. Suffisant pour laisser croire chez les frondeurs que la loi non écrite de la rotation à la présidence n’a pas été respectée.

Le jeu trouble de Batomen

Même si ces frondeurs n’osent pas contester de façon juridique l’élection du Révérend Hendje Toya à la tête de l’Eec, ils dénoncent sous cape la mainmise des Bamiléké sur la vie de l’église, se fondant sur cette origine prétendue du nouveau président de l’Ouest. Et du coup, dans certains cercles de l’Eec, quelques esprits retors envisagent désormais de scinder la congrégation en deux, avec une branche qui serait proche des Sawa « pure souche », par opposition au « Sawa-Bami », qu’incarnerait le nouveau président élu. C’est sans doute cette dissonance qui conduit aujourd’hui au schisme proclamé par le Ngondo et les chefs sawa. Néanmoins, les observateurs avertis du climat préélectoral qui a prévalu à l’Eec reconnaissent que le nouveau président élu, ancien Secrétaire général de l’ancien bureau, était le préféré de l’ancien président à cette élection. Suffisant pour conclure au jeu trouble d’Isaac Batomen dans ces remous qui agitent les milieux de l’Eec.

D’ailleurs, la déclaration du Ngondo indexe le bureau sortant, l’accusant d’avoir tourné « obstinément le dos aux valeurs qui fondent l’église, et qui ont pour noms équité, probité morale, respect des composantes sociologiques, respect de la parole donnée, et du consensus…La direction sortant a pris la très lourde responsabilité d’imposer ses propres vues », dixit le pamphlet. En effet, il se susurrait que fort de sa posture de 1ervice-président, le Révérend Priso Moungole était pratiquement assuré de se voir porter à la tête du synode national - Isaac Batomen luimême était le 1er vice-président du Révérend Fochivé décédé en 2004, et avait ouvert les hostilités contre ceux qui dans l’ombre s’activaient pour une nouvelle candidature bamiléké à la tête de l’Eec. Un activisme qui l’aurait éloigné du Révérend Batomen, qui a dû souder ses liens avec le Révérend HendjeToya pour le résultat qu’on connait aujourd’hui.

Il convient de mentionner qu’au crépuscule du mandat du bureau sortant, le Révérend Priso Moungole était déjà perçu par les partisans du Révérend Isaac Batomen comme un adversaire, lorsque des rumeurs persistantes avaient fait état des manoeuvres de l’ancien président pour modifier les statuts afin de briguer un nouveau mandat, contrairement aux textes en vigueur qui prévoient un mandat de 5 ans renouvelable une fois. Et même si Isaac Batomen n’avait jamais déclaré son intention de solliciter un bail de plus à la tête de l’Eglise, il avait fallu une assemblée générale extraordinaire à Bandjoun en fin d’année dernière pour concilier les positions antagonistes, afin de ramener la sérénité au sein de l’Eec. Autant reconnaitre que la fronde ouverte qui agite aujourd’hui l’Eec n’est que le prolongement du climat préélectoral délétère qui avait prévalu dans cette congrégation religieuse. Que va faire le nouveau bureau face à cette division qui vient de faire jour au sein de l’Eec ? Question de conscience qui traduit les premières difficultés qui se posent aujourd’hui au Révérend Hendje Toya et son équipe.

 

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