Cameroun - Centrafrique. Au Cameroun, des réfugiés oubliés

La Croix Mercredi le 17 Septembre 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Trois camps de réfugiés centrafricains, majoritairement des Peuls Mbororos, ont été mis en place à l’Est du Cameroun.

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Ils sont 127 500 hommes, femmes et enfants à avoir fui depuis décembre 2012 l’insécurité en Centrafrique pour se réfugier dans des camps à l’Est du Cameroun. C’est le résultat du recensement le plus récent du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR).

Ces réfugiés vivent dans des grandes tentes de plastique blanc, aux toits de branchages. « Pour arriver jusque-là, certains ont marché jusqu’à quatre mois », constate Camille Bargain de Care.

Cette ONG est responsable de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement du camp de Timangolo, ainsi que des consultations psychologiques pour les réfugiés qui le souhaitent dans les trois camps tenus par le HCR dans cette région du Cameroun, juste après la frontière.

La majorité des réfugiés qui fuient les troubles en Centrafrique ont pris le chemin du Cameroun. Le mouvement s’est accéléré entre avril et août derniers. Le Tchad, lui, ne souhaite plus accueillir de réfugiés et a fermé ses frontières avec la Centrafrique en avril. Le Soudan ou la République démocratique du Congo ne réunissent pas des conditions d’accueil acceptables.

DANS LE CAMP DE TIMANGOLO
Dans ces conditions, le Cameroun est vu comme un havre. Cette partie du pays est éloigné des régions camerounaises qui ont à subir, plus à l’Ouest, les incursions des islamistes de Boko Haram, venus du Nigeria.

« Dans le camp de Timangolo, 95 % des réfugiés centrafricains sont des musulmans. La majorité d’entre eux sont des éleveurs Peuls Mbororos qui ont fui la menace de représailles », explique Camille Bargain. Ils étaient en butte à l’hostilité de la population locale qui les soupçonne d’être parties prenante dans le conflit.

Les routes habituelles de la transhumance les ont menés jusqu’au Cameroun. Ces nomades ont fait le chemin avec leurs bœufs. Ils les ont laissés à l’entrée des camps et continuent à prendre soin de leur seul patrimoine.

TENSIONS ENTRE CAMEROUNAIS ET RÉFUGIÉS
Ces nouveaux réfugiés en ont rejoint 100 000 autres, venus également de Centrafrique à l’occasion d’autres troubles, il y a environ cinq ans. La région était heureusement peu peuplée. Des tensions sont toutefois rapportées dans les villages entre les Camerounais et ces réfugiés.

Sandra Lamarque, de Solidarités international, travaille sur le site de Gado Badzere. Elle témoigne : « Les camps débordent. Les cas de maladies hydriques ne cessent d’augmenter. Cette situation catastrophique est due à l’accélération des afflux depuis avril, avec des milliers d’arrivées chaque semaine au Cameroun. »

On estime que 180 000 réfugiés centrafricains auront franchi la frontière camerounaise d’ici à la fin du mois de décembre. Et, la saison des pluies est attendue bientôt. « Les forages de puits et les constructions de latrines doivent être finis avant les pluies », précise Frédéric Penard, chez Solidarités International.

Ces réfugiés centrafricains ont le sentiment d’être oubliés. « Il n’y a pas beaucoup d’argent mobilisé pour venir en aide à ces populations, constate Camille Bargain. Nous observons depuis quelques mois que l’attention s’est portée vers d’autres crises humanitaires. Notamment à Gaza, au Kurdistan irakien et au Soudan du sud. »

Pierre COCHEZ

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