Cameroun - Energie. Basile Atangana Kouna : « Toute notre énergie pour vous sévir »

Patricia Ngo Ngouem | Mutations Vendredi le 12 Juin 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le ministre se brûle la langue entre ses annonces et les délestages de plus en plus récurrents.

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Les négociations avec Aggreko, l’entreprise propriétaire de la centrale thermique d’urgence d’Ahala sont en bonne voie pour l’acquisition définitive de cette infrastructure. Les assurances sont du ministre de l’Energie et de l’Eau (Minee), Basile Atangana Kouna. La mise en activité prochaine de cette centrale, dont la production est d’au-moins 60 Mw, devrait permettre d’atténuer les délestages, devenus monnaie courante depuis plusieurs semaines, voire des mois, apprend-on. Point besoin cependant de jubiler. De «grandes annonces» de ce genre, les Camerounais en entendent chaque jour, au point d’en être immunisés. Notamment celles émanant du ministre en charge de l’Energie et de l’Eau.

Un ministre qui est resté muet comme une carpe depuis le début des «détestages.» Ne sortant de son mutisme qu’au moment où des manifestations – interdites notamment à Yaoundé – sont annoncées ci et là dans le pays pour crier le ras le bol contre les coupures de courant. Comme à son habitude, le Minee s’illustre dans la communication «post-crise.» Qui oserait contester que c’est à Eneo, l’entreprise nationale d’électricité, qu’incombe la charge d’«informer davantage, sinon un peu plus les consommateurs afin que ceux-ci réaménagent leur quotidien de façon à ne pas trop ressentir les impacts des délestages», insiste le ministre dans une interview accordée à notre confrère Cameroon tribune, dans son édition du mercredi 10 juin 2015.

Qui veut noyer son chien… Pour l’ancien directeur général de la Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater), «le gouvernement a conscience qu’il s’agit-là des questions essentielles pour les populations et les industries. C’est à ce titre que chaque année au mois d’octobre, nous mettons en place un comité d’étiage pour suivre étroitement la situation et en novembre dernier, lors de la première session de ce comité pour le compte de l’année 2015, nous avons anticipé. C’est la raison pour laquelle de février à pratiquement fin mai, il n’y a pas eu de grosses perturbations», poursuit-il dans ladite interview.

Consommateurs

Et vous dites que le gouvernement ne sait pas anticiper ! En tout cas, on voit bien ce que ça donne… Mais M. Atangana Kouna semble avoir la mémoire bien courte. C’est bien lui qui a pratiquement imposé le fonds d’investissement britannique, Actis, au gouvernement camerounais, en faisant pression sur le Premier ministre Philemon Yang à qui il demandait «l’autorisation de signer au nom du l’Etat camerounais», le contrat de concession portant sur la reprise de la société d’électricité Aes-Sonel et de ses filiales que sont la Dibamba Power Development Company (Dpdc) et la Kribi Power Development Company (Kpdc).

Avant la signature de ces documents adoubant Actis, «Don Basilio» s’était fendu d’une note particulièrement enjouée à l’intention du Premier ministre. Se basant sur le contenu d’un «rapport» de mission de ses «experts» qui s’étaient rendus en janvier 2014 en Ouganda, pays où avait exercé le fonds d’investissement, il affirmait alors que «depuis la signature de son contrat de concession, [Actis] a réalisé d’énormes investissements et s’apprête à exécuter un programme ambitieux d’investissements additionnels.»

Le repreneur de la Sonel, clamait-il avec entrain, «a complètement transformé le secteur de l’électricité en Ouganda, en introduisant des systèmes modernes, relativement à la facturation, au suivi des consommations, à la procédure des relèves sur le terrain, au traitement des consommateurs, aux délais d’intervention.» De plus, «la société Actis s’est très bien intégrée en Ouganda et fait l’objet d’une très bonne appréciation par les autorités ougandaises.» Sans compter que «le régulateur du secteur de l’électricité (en Ouganda, Ndlr) ainsi que les autres acteurs, entretiennent une très bonne et franche collaboration avec la société Actis au travers de Umene (Holding Limited, l’opérateur local, Ndlr).

Sapeur-pompier

Une si jolie littérature pour dire que «la société Actis réalise un bilan positif en Ouganda.» Un écran de fumée, oui ! On se souvient que face à la fronde populaire et aux vives protestations des parlementaires qui ont demandé au gouvernement ougandais de dénoncer le contrat de concession signé avec Actis, cette entreprise avait dû quitter l’Ouganda en catimini. C’est pourtant «les performances» de cette entreprise que le Minee a si bien vantées. C’est encore ce même ministre qu’on a vu, tout souriant et gonflé d’orgueil,  à la cérémonie marquant le changement de dénomination de Aes-Sonel en Eneo-Cameroon S.A, le 12 septembre dernier à Yaoundé.  

Dans la déclinaison de sa nouvelle identité visuelle, Eneo indique que le «E» signifie «énergie plus disponible et de qualité pour tous ; énergie comme une solution et non source de problème, énergie pour vous apporter toujours plus que simplement de l’électricité ; énergie pour vous simplifier la vie.» Joël Nana Kontchou, le Dg d’Eneo, affirmait sur le site Internet de l’entreprise : «Nous allons nous fixer comme priorité numéro 1, le client. La satisfaction de ce dernier doit être le souci permanent de chacun de nous. Car celui qui paye pour notre service doit pouvoir en profiter. Rendre l’électricité disponible à nos clients et en récolter la juste contrepartie doit, plus que jamais, être notre mission quotidienne. Nous devons partager avec nos clients l’effort indispensable pour mettre à leur disposition une énergie régulière et de qualité. Nous avons besoin de leur soutien et ils doivent en tout temps savoir où nous en sommes.»

Exactement le serment (d’hypocrite) que faisait Aes-Sonel en son époque. On a donc déshabillé Saint Paul pour habiller Saint Pierre. Aujourd’hui, le courant ne passe visiblement plus entre les autorités en charge de l’Energie, et les populations qui ont soupé des coupures récurrentes avec tout ce que cela entraîne comme désagréments pour les ménages et les industries. Plus que jamais, il y a de l’électricité en l’air. Basile Atangana Kouna a-t-il seulement l’étoffe pour jouer le rôle de sapeur-pompier ?

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