Lutte contre Boko Haram. Boko Haram sous les ordres d’un homme fantôme

LAURENT LARCHER | La Croix Jeudi le 05 Février 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le Tchad et le Cameroun ont déclenché mardi 3 février une offensive terrestre au Nigeria contre les positions tenues par Boko Haram dans la zone frontière avec le Cameroun.

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Les combattants islamistes nigérians ont contre-attaqué mercredi 4 février.
Derrière Boko Haram, se cache un homme peu connu, Abubakar Shekau.

Après avoir conquis une partie du territoire du nord est du Nigeria en 2014, Boko Haram menace désormais les pays voisins, le Cameroun, le Tchad et le Niger. Le groupe islamiste radical a lancé, au début du mois de janvier, une vaste offensive en direction du lac Tchad.



N’arrivant pas à contenir l’expansion du groupe islamiste sur son territoire, Yaoundé a appelé les pays de la sous-région à se mobiliser contre leur ennemi commun. Le 17 janvier, le Tchad répondant à l’appel du Cameroun, a mobilisé son armée et l’a engagée dans le nord du Cameroun.

Après plusieurs accrochages avec Boko Haram, le Tchad et le Cameroun ont lancé une grande offensive commune en libérant mardi 3 février la ville nigériane de Gambotu de l’emprise des islamistes, avant une contre-attaque mercredi 4 février de ces derniers, qui ont été repoussés.



Créé en 2002, Boko Haram est dirigée depuis 2010 par un homme fantôme, Abubakar Shekau, sur lequel le monde dispose de peu d’informations.
Que sait-on d’Abubakar Shekau ?


Le plus grand flou entoure ce personnage. Il serait né entre 1965 et 1975 dans le village de Shekau, dans l’État de Yobe (nord-est du Nigeria) ou bien au Niger. Issu de l’ethnie kanuri (le foyer ethnique de Boko Haram), il a grandi dans les faubourgs de Maiduguri, la capitale de l’État de Borno.

Après une jeunesse dissolue et sans horizon, il rencontre au début des années 2000, le prédicateur Mohamed Yusuf, le fondateur en 2001 du mouvement islamiste Boko Haram. Shekau se fait rapidement remarquer par sa brutalité et son goût des actions violentes.

Après la mort de Yusuf, tué en 2009 dans une vaste opération conduite par les forces nigérianes, Boko Haram disparaît un temps. Les combattants du groupe islamique se replient au Tchad, au Niger et dans la forêt de Sambisa (nord est du Nigeria).

Le mouvement se réorganise discrètement, Abubakar succède à Yusuf. Sous sa conduite, les actions terroristes de Boko Haram se multiplient dans toutes les directions : l’administration nigériane, les forces de sécurité, les écoles, les églises chrétiennes et même l’ONU.

Shekau entend répandre la terreur parmi tous ceux qui ne partagent pas sa vision rigoriste et salafiste de l’islam.

Il aime se faire filmer dans des vidéos où il menace ses ennemis et explique son projet. Donné plusieurs fois pour mort (2009, 2014), l’homme réapparaît régulièrement sur des vidéos postées sur YouTube – selon les autorités nigérianes, la personne qui apparaît sur ces vidéos serait un sosie…


Abubakar Shekau occupe la 7e position dans la liste des terroristes les plus recherchés par les États-Unis. Sa tête est mise à prix par Washington pour 7 millions de dollars.
À quel type de personnalité a-t-on affaire ?

Dans ses vidéos, il apparaît totalement déséquilibré. Face à la caméra, il adopte une gestuelle totalement délirante : il hurle, ânonne, se gratte la tête, sourit à pleines dents.

Il se lance dans des discours décousus, qui semblent improvisés, où il est question de son combat pour Dieu, des mécréants, des ennemis de l’islam. « J’aime tuer quiconque Dieu me demande de tuer, de la même manière que j’aime tuer des poulets et des moutons », dit-il dans une vidéo datant de 2012.

Après la vague d’attentats perpétrés à Noël 2011 contre les chrétiens, Abubakar Shekau déclare : « Tout ce qui vient de se dérouler sous vos yeux, c’est Allah qui l’a fait parce que vous refusez de croire en lui et que vous trahissez sa religion… Jonathan (Goodluck Jonathan, le président nigérian, NDLR), tu sais très bien que tout cela est au-delà de tes pouvoirs ».

Que cherche Abubakar Shekau ?

Dans un premier temps, Shekau conduisait des attaques de type guérilla contre l’État du Nigeria et tout ce qui n’était pas conforme à sa lecture du Coran. Mais à partir du printemps 2014, il est entré dans une phase de conquête territoriale.

Le 24 octobre 2014, il a annoncé l’instauration d’un « califat » sur l’ensemble du territoire occupé par Boko Haram. Il se présente en quelque sorte comme l’héritier d’Ousmane dan Fodio, le fondateur du califat de Sokoto qui imposa, au XIXe siècle, par les armes, la charia dans toute cette zone qui s’étend du nord du Nigeria au nord du Cameroun.

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Sanglante contre-attaque de Boko Haram après l’offensive tchadienne au Nigeria

Les islamistes de Boko Haram ont lancé mercredi 4 février une contre-attaque meurtrière au Cameroun, tuant des dizaines de civils et incendiant la grande mosquée de la ville de Fotokol avant d’être repoussés par les soldats camerounais et l’armée tchadienne.

La veille, lançant sa première offensive terrestre sur le sol du Nigeria, l’armée tchadienne avait chassé les islamistes de la ville frontalière de Gamboru (voisine de Fotokol).

Ces combats ont fait neuf morts et 21 blessés côté tchadien et « plus de 200 » dans les rangs de Boko Haram, selon l’état-major tchadien.


Équilibre précaire

Les attaques incessantes ces dernières semaines de Boko Haram, qui étend son emprise dans le nord-est du Nigeria, menaçant de plus en plus l’équilibre régional en pesant sur les frontières du Cameroun, du Niger et du Tchad, ont entraîné la réaction militaire de N’Djamena, soucieuse d’empêcher des infiltrations de djihadistes sur son sol.

L’armée nigériane, incapable d’enrayer seule l’expansion militaire de Boko Haram, a déclaré mardi 3 février que la présence de troupes tchadiennes ne remettait pas en cause « l’intégrité territoriale du Nigeria », à dix jours de l’élection présidentielle, à l’occasion de laquelle le chef de l’État Goodluck Jonathan vise un nouveau mandat.
 

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Lire aussi : Lac Tchad: sept militaires tués dans l’explosion d’une mine

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