Cameroun - Education. CONCOURS D’ENTRÉE À L’IRIC : UN EXERCICE DIFFICILE

Rousseau-Joël FOUTE | Cameroon Tribune Lundi le 09 Mars 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Quoique signé le vendredi 27 février 2015 à 19h, le communiqué entérinant les résultats du concours d’entrée à l’Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC), filière diplomatie, année académique 2014-2015, en l’état, a été immédiatement abrogé et retiré de la circulation « dès que le ministre de l’Enseignement supérieur a eu connaissance, de manière irréfutable, de l’absence des ressortissants de quatre régions (Adamaoua, Est, Nord, Nord-Ouest) sur la liste des admis ».

ADS

 

 

Motif évoqué par le ministre Jacques Fame Ndongo, les résultats présentés par le jury du concours d’entrée à l’IRIC au Chancelier des ordres académiques n’étaient pas conformes dans leur totalité, aux textes législatifs et réglementaires en vigueur « dont l’application ne saurait être facultative ». Il s’agit, en gros, des textes consacrant la pratique de « la méritocratie régionale ou géographique » axée sur la représentativité territoriale encore appelée « l’équilibre régional ». Une sorte de « discrimination positive » qui cohabite, depuis plusieurs années, avec la « méritocratie académique ». Sur la base de ce principe, les résultats définitifs ont été publiés, toujours le 27 février 2015, mais cette fois à 20h30. Provoquant une levée de boucliers au sein de l’opinion.

 

Sans  doute, les débats nés de la réévaluation de ces résultats sont loin d’être achevés. Malgré « les éclairages académiques, législatifs et réglementaires » contenus dans le communiqué publié à ce sujet par  le Pr Jacques Fame Ndongo  le 7 mars 2015. Ainsi que l’interview qu’il a accordée à CT. Au contraire, après cette sortie médiatique du MINESUP,  l’impression qui se dégage, en écoutant quelques réactions,  est que la polémique est même repartie de plus belle et les positions de plus en plus tranchées. Si la controverse enfle à ce point, c’est bien à cause du caractère prestigieux du métier qu’est la diplomatie. Car, au Cameroun comme ailleurs, le corps des diplomates fait partie des corps d’élite, composés des personnes supposées bien formées pour défendre les intérêts fondamentaux et  l’image de marque d’un pays à l’intérieur et à l’extérieur. Le fait que les lauréats du concours dont les résultats sont au cœur de la polémique seront en outre intégrés dans la Fonction publique de l’Etat en rajoute à l’enjeu.    

 

Dans ce contexte, à qui donner raison ?

 

 

 Aux partisans de la méritocratie académique absolue qui défendent mordicus la thèse de l’excellence, ou à ceux qui militent pour la prise en compte du principe de l’équilibre régional afin de ne pas « léser les ressortissants de certaines régions » qui n’ont pas pu sortir du lot à l’issue d’une compétition intellectuelle ? Difficile de trancher, au moment où le Cameroun affiche son ambition de devenir, à l’horizon 2035, « un  pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité ». Puisque cette Vision énonce parmi les pré-requis  la nécessité d’avoir « une jeunesse bien formée, exaltant le mérite et l’expertise nationale ». Comment, dès lors, accéder au statut de pays émergent sans promouvoir l’excellence, l’émergence étant une étape du développement que l’on atteint par l’effort et le travail acharnés ? Si on en vient à écarter au nom de l’équilibre régional l’un des candidats figurant parmi les deux, trois ou quatre premiers, comment dissiper  le sentiment qu’il y a un nivellement vers le bas ? Est-il possible, si l’on admet que le mode opératoire doit être la recherche de l’excellence, que les plus brillants ne soient guère honorés et appelés à jouer un rôle de premier plan, dans la mesure où un wagon ne peut tracter un train à la place de la locomotive?                                                                                                                                                  

Ces questionnements se complexifient davantage lorsqu’après coup, on réalise que le Cameroun est une mosaïque d’ethnies dont l’équilibre a jusqu’ici reposé sur la prise en compte de sa diversité. Autrement dit, les Camerounais pourraient-ils continuer à vivre en paix et relever ensemble les défis du développement si des franges entières de la population sont écartées de la haute administration et des circuits de prise de décision ? Faut-il mettre à mal l’un des piliers sur lequel s’appuie la concorde nationale ?    

 

Comme on le voit, le dosage à faire est un exercice de haute voltige exigeant à la fois objectivité et sagesse. Mais, de toute évidence, l’affaire est loin d’avoir livré tous ses secrets. Car selon certains analystes, il y a des non-dits qui ne permettent pas aujourd’hui d’en découvrir tous les contours.

 

 

ADS

 

Lire aussi : Le Directeur de l'ESSTIC suspend les cours en classe de Journalisme Deuxième Année. Les raisons

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS