Emeutes Février 2008. Cameroun:Lapiro de Mbanga, "Je démissionne du Sdf"

Le Messager Lundi le 11 Avril 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
C’est dans son boukarou qu’il a accueilli la presse un jour après sa libération. Dans un franc parler qui lui est propre, il dit tout sur tout. A bâtons rompus, il parle des circonstances de sa libération, de l’alternance politique au Cameroun, de ses conditions de détention, son avenir politique, son accusation taillée de toutes pièces, son combat à la Cour suprême. (...) Je démissionne du Sdf. Pendant que j’étais en prison, Fru Ndi n’est jamais venu me voir en prison, même quand il est venu faire son mariole à Douala après l’incendie du marché central. Lisez plutôt

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Vous venez de retrouver votre liberté...


Je me sens dans la peau d’un combattant aguerri et plus que jamais déterminé, qui affûte tranquillement ses armes, car la lutte continue. C’est la prison qui est finie et pas le combat.

Mais vous avez été libéré dans des conditions peu orthodoxes. Pouviez-vous dire non, c’est-à-dire vous opposer à cette extradition?


C’est parce que le régisseur fait des efforts pour humaniser cette prison que je n’ai pas voulu qu’on se sépare dans de mauvaises conditions. Par conséquent, je n’avais aucune raison valable de lui résister. J’avais tous les moyens et tous les atouts pour refuser de sortir, car ce n’était pas le jour indiqué. Il me suffisait seulement d’un seul mot pour qu’il y ait soulèvement à la prison. Ce que j’ai toujours condamné depuis 1992, car je ne suis pas du côté des casseurs et je ne le serai jamais. Je suis de ceux qui pensent qu’on ne construit pas un pays dans le chaos et le désordre.

Des dispositions particulières ont-elles été prises pour votre retour à Mbanga ?

Je ne pense pas. Quand le régisseur et son adjoint se déplacent, c’est que tout a été pensé. Ce sont quand même les deux plus grandes autorités de la prison. Tout s’est bien passé. Mais si j’avais eu affaire à un régisseur mal élevé, il y aurait laissé des plumes. Malgré cela, je demande un jour de prison à l’Etat du Cameroun. J’ai passé 1.096 jours en prison et non 1097. Et dans le bulletin de levée d’écrou, il est écrit que j’ai été libéré le 9 avril 2011 à Douala. Ce qui est faux, puisque j’ai été libéré le 8 avril 2011 à Mbanga.

Quel souvenir gardez-vous de la prison ?


Je garde de bonnes relations avec le régisseur comme je vous l’ai déjà dit, aussi avec les autres codétenus. D’ailleurs, j’étais le chef du bloc I de la Spéciale XVIII avec des pensionnaires comme Nguini Effa, Zibi, Abessolo, et bien d’autres. J’ai perdu une fonction en prison et un salaire de 2.000 fcfa par mois que je n’ai jamais reçu. La prison me doit 48.000 Fcfa.

Avez-vous profité de votre séjour en prison pour composer une chanson ?

Ma vie ne se limite pas à la chanson j’ai d’autres projets. Même comme je n’ai que le Cepe (Certificat d’études primaires élémentaires, ndlr) à l’école officielle de Mbanga, j’ai écrit un livre. . Je parle de tout dans ce livre. Vous allez apprécier, mais pour l’instant, je cherche un éditeur pour mon livre. Pas de chanson pour l’instant.

Il parle également de votre avenir politique ?

J’avais dit que le pouvoir a fabriqué un monstre (Fru Ndi, ndlr). Si à cause d’un vendeur d’oranges en Tunisie le pouvoir a changé, et que le président haïtien est un chanteur, tout est possible. Je pense que je peux changer beaucoup de choses au Cameroun. Je vais jouer un rôle important, comme tout Camerounais, mais je ne serai pas candidat à l’élection présidentielle.

La fonction de président de la République n’est pas faite pour un homme normal. Pour boire une bière au bar, il faut être escorté avec des fusils partout, tu n’as pas de véritable intimité. Ceux qui l’ont compris font au trop huit ans au pouvoir et se retirent car après huit ans au pouvoir, on n’est plus normal. Que quelqu’un fasse vingt neuf ans au pouvoir, quarante ans, pour moi, c’est de la démence.

Et vos activités dans le Sdf ?

Je démissionne du Sdf. Pendant que j’étais en prison, Fru Ndi n’est jamais venu me voir en prison, même quand il  est venu faire son mariole à Douala après l’incendie du marché central. Il n’a pas le sens des relations humaines et managériales. Je dis que Paul Biya doit partir avec  Fru Ndi qui est son sparring partner. Que ces deux débarrassent le plancher pour l’avenir du Cameroun, pour qu’il y ait  alternance politique libre et transparente. Si les gens refusent de s’inscrire sur les listes électorales, c’est à cause de la tête de ces deux personnages que les inscriptions piétinent.
 
Vous avez dit que le combat continue...

Mon combat n’est pas contre Paul Biya mais contre tout un système. Il s’agit de m’assurer que mes enfants ne vivront pas dans le Cameroun actuel. Je vais me battre jusqu’à la dernière goutte de sang. Que le changement vienne du Rdpc ou d’un autre parti, il faut que ça change dans le bon sens. A ma sortie de prison, Grégoire Owona (secrétaire général adjoint du Rdpc, ndlr) m’a appelé pour m’encourager, ce qui n’est pas le cas pour le supposé président de mon parti. Le Cameroun va mal, très mal même. Comment accepter que sur 20 millions d’habitants, seulement 300.000 personnes sont connectés au réseau Camwater?  Que ce sont les sapeurs pompiers qui ravitaillent les populations en eau?  J’ai l’impression que le choléra ne travaille pas bien, sinon ce serait la catastrophe. Il y a tant de choses qu’il faut revoir.

 ...et la justice est aux ordres ?


Le pouvoir règle ses comptes politiques par le biais de la justice. Il n’y a pas de logique dans les arrestations. On arrête un Pca et on laisse le directeur général et les autres administrateurs pourtant, tous ont signé le procès-verbal. Les cas sont nombreux. Les Eperviables subissent des arrestations à tête chercheuse. Comment un seul homme peut arriver à voler 130 milliards sans bénéficier de la complicité des hauts placés  qui ne sont pas inquiétés? Je suis innocent, mais on s’est arrangé à me coller un procès sur le dos.

Entretien avec Etamè Kouoh 

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