Opération Epervier. Cameroun: Bapès Bapès, pour faire oublier Lapiro !

Edking | Le Messager Mercredi le 02 Avril 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Bien joué. Le timing a été programmé avec soin. Le client aussi, choisi parmi ceux qu’on attendait le moins. La science politique habite au Cameroun et va seulement en voyage ailleurs. Faute de statistiques, on ne peut pas dire, mais il se pourrait que Le Prince de Machiavel soit aujourd’hui le livre le plus vendu, avant ou après la Bible.

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Bien joué. Le timing a été programmé avec soin. Le client aussi, choisi parmi ceux qu’on attendait le moins. La science politique habite au Cameroun et va seulement en voyage ailleurs. Faute de statistiques, on ne peut pas dire, mais il se pourrait que Le Prince de Machiavel soit aujourd’hui le livre le plus vendu, avant ou après la Bible. Le Prince se lit comme un San-Antonio, dans les chiottes, lieu de grande solitude et de grande conception. Avez-vous remarqué? Les merveilles de la cuisine vont bien avec le cogito. Dans ce vase clos, c’est quand vous vous videz d’en bas que vous vous remplissez d’en haut.

Bien joué. Bapes Bapes a été mitraillé en plein vol, au dessus d’un ‘nid de coucous’ où volettent toujours quelques spécimen de service, gibier de potence par excellence, dont l’épervier ne ferait qu’une bouchée le moment venu, selon l’agenda du prince. C’est le client idéal. Avec Bapes Bapes, l’actualité a été réorientée. On a donné en pâture à la presse, un os à ronger. C’est l’écran de fumée qui va masquer quelques temps, les décès en cascade de personnalités publiques, surtout la mort et l’incinération de Lapiro, dont le peuple porte le deuil comme une tumeur à l’allongée du visage.

Avec Bapes Bapes, les penseurs du pouvoir ont réussi à entraîner la presse vers un terrain moins glissant pour le régime, un terrain qu’ils maîtrisent mieux pour l’avoir expérimenté depuis la mise en service de l’opération épervier. Dans le petit monde de la politique à Yaoundé, il y en a, qui ont des choses à se reprocher ou non, qui pourraient être victimes de règlements de compte, comme prédateurs de luxe, ou comme victimes collatérales d’un interminable jeu de succession, où tous les coups sont permis, entre dénonciations et dossiers accusateurs montés à l’emporte pièce. Les cas Edzoa Titus et Thierry Atangana ont démontré à suffisance que personne n’est à l’abri d’un coup de tête, et que quelquefois, le délit de sale gueule suffit pour être pris dans la nasse. Bapes Bapes sous clé, voici relancée la perspective d’un remaniement ministériel attendu depuis des années, qui fait bander les médias aussi sûrement que la disparition de Lapiro, cette icône qui a tiré sa révérence au moment où de grands enjeux se profilent à l’horizon, un peu à cause le communauté internationale, Etats unis et communauté européenne en tête, qui auraient conseillé au prince d’opter pour une transition moins porteuse de germe de violence que celle prévue par la Constitution actuelle, que le peuple redoute par-dessus tout.

On attend donc ce qui entrera au parlement actuellement en conclave, qui chôme en attendant que de textes plus intéressants et plus déterminants soient portés à l’attention de la représentation actuelle. En attendant, la presse est priée de s’intéresser aux tenants et aboutissants de l’embastillement du ministre des Enseignements secondaires, qui notons le, est le premier membre du gouvernement encore en fonction qui a été tiré de son cabinet vers la prison sans transition. Au moins Siyam Siwe, l’ancien ministre de l’Eau et de l’énergie avait d’abord été débarqué de son poste ministériel, avant d’être pris dans l’engrenage judiciaire. Mais l’ancien directeur de la Magzi devenu ministre a tout de suite goutté à la paille humide du cachot, sans avoir eu l’occasion de quitter son complet veston.

Avec le retour de l’épervier, a-t-on fini avec Lapiro de Mbanga ? Sa mort subite n’avait pas fini d’alimenter les titres à la ‘une’ des journaux qu’il s’est offert un autre spectacle post mortem, inédit celui-là. Il faudrait s’intéresser à la manière dont ses obsèques ont été menées pour s’interroger sur son choix aux antipodes de sa culture, où la place faite au mort tient du sacré. Avant lui, Francis Bebey était le seul camerounais connu, qui ait choisi d’être incinéré après sa mort. On ne peut donc encore parler d’une mode suivant l’air du temps, mais d’un choix humain et politique. Se faire incinérer n’est pas une tradition habituelle dans nos us et coutumes, même si cela pourrait être une solution pour les cimetières encombrés de nos grandes métropoles ou les corps s’entassent les uns sur les autres en toute démocratie.

Francis Bebey avait opté pour son incinération pour des raisons à la fois philosophiques et familiales. Chantre de la civilisation de l’universel, il portait mal non seulement la mésaventure de son frère aîné, le docteur Bebey Eyidi, médecin et homme politique, camarade de Soppo Priso, André Marie Mbida et autres, qui furent fait prisonnier au lendemain de l’indépendance pour ses positions politiques. A sa sortie dans la première moitié des années soixante, les dures réalités carcérales de l’époque auront raison de santé déclinante. Francis Bebey préféra les charmes vénéneux de l’exil et sa carrière internationale aux contradictions familiales qui ont suivi le décès de son frère, le Dr Eyidi Bebey. N’ayant plus véritablement d’attache familiale au Cameroun, il le déplorait dans ses chansons. Dans sa compréhension, ni lui, ni son corps n’avait donc de place auprès des siens. Citoyen universel, il choisira de se faire incinérer pour embrasser l’univers.

Est-ce la même chose pour Lapiro de Mbanga ? Le pouvoir ne lui a pas fait de cadeau, loin de là. Les prises de position de cet homme libre, qui assuma ses erreurs et revint à ses premières amours n’étaient pas du gout de tous. En s’attaquant à la mafia de la banane pour dénoncer l’exploitation de l’homme par les trusts internationaux, ‘attendait-il a une réponse liberticide de ces consortiums aux mille ramifications? Prisonnier sans crime, on lui imputa des exactions venues de nulle part et on le jeta au cachot du désespoir. Etait-ce pour le faire taire ? Il paya chèrement ses audaces artistiques. C’est dans le secret de sa prison qu’il décida, indigné de tant d’injustice, de ne pas offrir au pouvoir d’accoler une médaille à titre posthume sur son cercueil. De la prison à la mort, en ce soustrayant à la terre de ses ancêtres par l’incinération, Lapiro s’est aussi soustrait au regard indécent de ses tortionnaires.

Bon mercredi et à mercredi 

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