Législatives 2013. Cameroun: Comment le Rdpc a tripatouillé ses listes à Elecam

GUIBAI GATAMA | L'Oeil du Sahel Vendredi le 09 Aout 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le parti au pouvoir a changé sa liste aux législatives dans la circonscription de la Vina.

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C'est une affaire qui va sans doute conforter les soupçons qui pesaient déjà sur le Rdpc, parti politique qui avait longtemps habitué les Camerounais à communiquer sur ses listes investies aux différentes élections par le biais de son organe de propagande, L'Action, mais qui pour les futures élections du 30 septembre 2013, était étrangement resté muet. Ce mutisme a été expliqué par certains responsables du parti au pouvoir comme une volonté de ne pas entraver le travail d'Elecam.

L'explication la plus probable est que le Rdpc ne voulait pas se lier les mains en donnant à l'opinion des matériaux qui pouvaient le compromettre par la suite. Car un simple rapprochement entre la liste qu'aurait publiée L'Action et celle rendue publique par Elecam aurait pu dévoiler le pot aux roses. Le silence du Rdpc était donc, manifestement, guidé par le souci de disposer d'une marge de manœuvre pour corriger nuitamment d'éventuelles erreurs et ne plus avoir à subir les quolibets comme lors du rejet de ses listes aux dernières sénatoriales.

Malgré cette précaution, L'œil du Sahel est en mesure d'affirmer que le parti au pouvoir a tripatouillé sa liste aux législatives dans la circonscription de la Vina, dans l'Adamaoua, alors même que celle-ci était déjà en possession de l'organe électoral, Elecam. Le lundi 22 juillet 2013, votre journal publiait en exclusivité les investitures Rdpc aux législatives dans les trois régions septentrionales obtenues trois jours plus tôt auprès d'Elecam. 24 documents au total signés de Jean Nkuété, Secrétaire général du Rdpc, et correspondants aux 24 circonscriptions législatives des trois régions septentrionales. Nous les publions d'ailleurs ici en fac-similé.

Et voilà que le 01 août 2013, Elecam rend sa copie. Que constate-t-on? Que sur les 24 listes investies dans le Grand-Nord par le parti au pouvoir, une a été modifiée entretemps: celle de la circonscription de la Vina. Le vendredi 19 juillet 2013, la liste du Rdpc enregistrée à Elecam. Pour le compte de cette circonscription indiquait ceci dans l'ordre: (01) Ali Bachir avec pour suppléant Maadjou Nana, (02) Mme Zoubaïnatou Salihou avec pour suppléant Koulagna Abdou, (03) Hamadama Hassan avec pour suppléante Aissatou Hassan.

Cette liste est bien différente de celle publiée par Elecam le 01 août 2013. Ici, Ali Bachir (01) a pour suppléant Maadjou Nana, Mme Zoubaïnatou Salihou (02) a pour suppléant Hamadama Hassan et Koulagna Abdou (03) a pour suppléante Aïssatou Hassan.

Un petit coup d'œil permet de comprendre que Koulagna Abdou, suppléant sur la première liste déposée à Elecam a pris entretemps du galon pour être bombardé, in fine, titulaire en lieu et place de Hamadama Hassan qui se voit relégué lui, au rang de suppléant.

Le parti au pouvoir n'a pas tripatouillé cette liste de gaité de cœur. Il y était presque contraint, pour ne pas avoir à subir une raclée dans la circonscription de la Vina. Dans notre publication du 22 juillet 2013, concernant les investitures du parti au pouvoir, nous publions déjà un article en page 2 dont voici un extrait: “Dans la circonscription de la Vina (Adamaoua) qui compte trois députés, le parti au pouvoir s'est livré à une alchimie dont seul il a secret. Ici, le Rdpc a maintenu comme tête de liste Ali Bachir, député sortant, ce qui pour beaucoup était une évidence. La surprise tient de ce que le sommet du parti au pouvoir lui a adjoint Mme Zoubanaïtou Salihou et Hamadama Hassan. La première susnommée a été repêchée sur une liste concurrente conduite par Mohaman Lamine et le second, s'il figurait bien sur la liste d'Ali Bachir, occupait la modeste place de suppléant. Reste encore si ce panachage n'induisait pas de gros bouleversements politiques. En fait, la circonscription électorale de la Vina est assise sur trois blocs: Vina-Nord (Mbé), Vina-Sud (Ngaoundéré) et Vina-Est (Belel). Depuis toujours, les trois sièges de députés ont été équitablement répartis entre ces trois entités politiques. Mais qu'observe-t-on avec cette liste investie par le parti au pouvoir? Que la Vina-Sud s'est vu offrir deux sièges: ceux d'Ali Bachir et de Hamadama Hassan. La Vina-Est, elle, est récompensée par la présence de Mme Zoubanaitou Salihou. Le dindon de la farce se trouve, curieusement, être la Vina-Nord qui n'a obtenu qu'une place de suppléant (Koulagna Abdou).

Pour qui connaît bien l'architecture politique de cette circonscription électorale, le parti au pouvoir pourrait payer chèrement cette redistribution des cartes d'autant plus que c'est la Vina-Nord, lésée et peuplée pour l'essentiel des Dourou, qui a permis jusqu'ici de faire la différence. C'est en effet elle qui fait toujours pencher la balance dans une circonscription où l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) dispose toujours d'une très grande influence. Donc, privé de l'électorat Dourou, le parti au pouvoir compromet inutilement ses chances de succès. Ali Bachir devra user d'arguments solides pour sortir la tête de l'eau».

Le parti au pouvoir a sans doute été sensible à cette analyse puisque dans sa fraude, il a réintroduit comme titulaire Koulagna Abdou, d'ethnie Dourou. Comment ce tripatouillage a-t-il été possible? Des éléments du Rdpc se sont-ils introduits nuitamment dans les locaux de la Direction générale d'Elecam à Yaoundé pour substituer des documents dans des dossiers? Est-ce un arrangement entre la structure en charge d'organiser les élections et le parti au pouvoir? 

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