Cameroun - Economie. Cameroun: Le très cher malin Louis-Paul Motaze

Serge Alain Godong | Le Jour Vendredi le 26 Aout 2016 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
En profitant malicieusement de la proximité familiale qu’on lui attribue à l’égard de Paul Biya, Louis-Paul Motaze fit valider – de façon ordinairement cavalière – par le président de la République, en 2010, ce qu’il nomma avec grandiloquence – dans le droit fil de ce qui se faisait alors dans la plupart des autres pays d’Afrique, au même moment – un Document dit de stimulation de la croissance et de l’emploi, localement abrégé « DSCE ».

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Un bréviaire littéraire à l’allure d’une farandole romanesque, dont personne n’est aujourd’hui étonné de ce qu’il n’ait, depuis, produit aucun résultat, à plus que moitié de son temps de mise en œuvre.

En décembre 2014 en effet, dans un délit d’initié aussi honteux que scandaleux, une mission d’évaluation de la mise en œuvre dudit « Document » fut effectuée par le même Louis-Paul Motaze, (un peu comme si un chanteur s’écoutait lui-même chanter sur une scène de concerne et s’auto-attribuait le disque d’or) avec quelqu’un qui est notoirement un de ses amis, un certain Robert Mbassa Ndine, aujourd’hui sénateur RDPC et – comble de tout – à l’époque de la rédaction dudit « DSCE » Secrétaire général du ministère de l’Economie et de la Planification. Tandem et mode opératoire qu’on pourrait raisonnablement qualifier, en langage judiciaire, d’« association de malfaiteurs »`Au terme de conclusions largement jouées d’avance auxquelles parvinrent les deux hommes (en gros, que le DSCE était « bon » mais que sa mise en œuvre demandait des « ajustements »), se trouve une réalité comptable à laquelle peu de Camerounais se sont souvent ramenés.

A savoir que, sur les six dernières années de politique économique au Cameroun, c’est bien Louis-Paul Motaze qui apparaît comme le « ministre le plus cher ». Tout au moins, par la corrélation étrange qui existe entre le nombre de projets lancés sous sa férule et le nombre de ratages monumentaux obtenus.

En effectuant un calcul rapide, on obtient en effet le résultat suivant : 60 milliards de F. CFA jetés par la fenêtre dans la fantasque usine de tracteurs d’Ebolowa, 16 milliards dans la ferraille d’un projet destiné à transformer le manioc à Sangmelima, 250 puis une rallonge de 350 milliards dans le port en eaux profondes de Kribi, presque 30 milliards dans l’étrange centrale de Mekim, pas loin de 350 milliards dans le Memveele, sans compter toutes les autres conventions auxquelles le ministre s’en engagé sur le plan des routes et d’autres infrastructures.

Une sorte de biais psychologique pourrait expliquer la prolifération des interventions de ce ministre sur le terrain, lui qui s’aime apparemment beaucoup à se photographier sur la pellicule à la mode des hommes d’action. Problème : que veut réellement dire un « homme d’action » dans une organisation pareille, si dépourvue de convergence et donc de sens ? Depuis six ans en effet, Louis-Paul Motaze aligne les chiffres et entasse les « projets » sur lesquels s’enchaînent les promesses – parfois délirantes. En dépit des insuccès et des graves pertes d’argent que cela représente pour les finances du pays, la dialectique semble ne jamais pouvoir s’arrêter : monsieur Motaze court et cour toujours. Cela pourquoi ?

L’explication peut nous venir, non pas de la science économique, mais plutôt de la philosophie politique, en l’occurrence d’Anna Arendt, la philosophe juive allemande, qui affirmait qu’il est du ressort des despotismes de s’obstiner à produire une sorte de mouvement perpétuel. Il faut que les choses bougent sans cesse, que l’on fasse sans cesse des annonces, que l’on prenne des initiatives, qu’il y ait du bruit, des corps disponibles pour les transes et la danse dans l’espace public.

Car c’est bien cette frénésie qui finit par devenir le socle de tout le système, son idéal-type, sa raison de vivre. En cela, l’actuel ministre de l’Economie n’est que le formidable précurseur d’un vide à l’intérieur duquel lui-même cherche douloureusement sa voie, comme un aveugle en plein naufrage.

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