Cameroun - Energie. Cameroun : la Présidence a fait enlever les affiches publicitaires mettant en avant le ministre de l’Eau et l’Energie

Agence Econfin Mercredi le 06 Avril 2016 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
(Agence Ecofin) - Au Cameroun, la société Eneo Cameroon a lancé une campagne de communication appelant à faire des économies dans la consommation de l’énergie électrique. Mais cette campagne se poursuit désormais sans le ministre de l’Eau et l’Energie, Basile Atangana Kouna.

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De sources concordantes, la présidence de la République a fait enlever toutes les affiches sur lesquelles apparaît le ministre. Les affiches ont été arrachées par la police à Yaoundé et Douala, sans qu’on ne sache précisément qui en a donné l’ordre.

Sur les affiches, le ministre est mis en évidence et donne son astuce pour réduire la consommation d’énergie électrique dans les bâtiments publics, afin que les économies réalisées puissent servir aux hôpitaux. Le ministre reprend alors le slogan de la campagne publicitaire : « Je partage l’Energie du Cameroun ».

Aucun motif n’a été donné au dessouchage des affiches d’Eneo Cameroun. Le quotidien privé « Mutations » révèle que le directeur général de la société de production et de distribution de l’électricité, Joël Nana Kontchou, a été sommé de s’expliquer sur les objectifs de cette campagne de communication qui met en avant un ministre de la République. Selon une source au sein de l’entreprise, contactée par l’agence Ecofin, le but est uniquement pédagogique. « Nous voulons sensibiliser les citoyens sur la nécessité d’utiliser rationnellement l’énergie électrique. Ainsi, nos lignes seront moins saturées et pourront accueillir d’autres consommateurs. Voilà pourquoi nous parlons de partage de l’énergie », explique ce cadre d’Eneo Cameroon. L’offre en énergie électrique reste limitée au Cameroun ; et l’entreprise voudrait s’appuyer sur les économies de consommation pour accroître le nombre de Camerounais connectés à son réseau de distribution. Tout juste la moitié de la population est branché pour le moment.

Eneo Cameroun a donc choisi de faire passer son message via plusieurs personnalités parmi lesquelles le ministre de l’Eau et de l’Energie qui assure d’ailleurs la tutelle du secteur de l’électricité au Cameroun. « Il n’y avait personne mieux que lui pour dire aux administrations publiques de rationnaliser leur consommation, car le gouvernement a reconnu que les ministères constituaient un pôle de gaspillage de l’énergie », explique encore la source à Eneo. Elle confie que le Premier ministre a donné son accord pour la campagne de communication et a même demandé que celle-ci soit lancée plus tôt que prévu. Par ailleurs, l’image du ministre Atangana Kouna a été utilisée après un accord signé de ce dernier.

Pourtant, le débat fait rage sur cette campagne de communication d’Eneo Cameroon. Il est reproché à l’entreprise d’avoir violé la réglementation en utilisant l’image d’une personnalité comme le ministre. La loi du 29 décembre 2006 régissant la publicité au Cameroun, en son article 29, ne parle que des journalistes à qui il est interdit d’être des acteurs de publicité. L’article 40 prévoit des restrictions à propos des personnages intervenant dans les publicités en faveur de l’alcool et des boissons alcoolisées.

A Eneo Cameroon, on estime donc qu’aucune réglementation n’a été violée. « Si nous avions violé la loi, notre campagne aurait été suspendue par le régulateur (le ministère de la Communication via le Conseil national de la publicité, ndlr). La présidence de la République n’est en rien un régulateur », explique la source. Pour elle, l’action de la présidence de la République est purement politique.

En effet, plusieurs observateurs évoquent le contexte actuel marqué par des appels à une candidature du président Paul Biya à la prochaine élection présidentielle qui pourrait être anticipée et se tenir avant 2018. Il est donc mal venu que dans le camp du pouvoir, une personne autre que le président Biya soit mise en évidence et, surtout s’adresser aux Camerounais sur une question aussi sensible que l’énergie électrique dont le pays manque le plus. Vu ainsi, le ministre Atangana Kouna est soupçonné de faire concurrence au président de la République. La société Eneo Cameroon est, quant à elle, accusée d’avoir caché le contenu et le véritable but de sa campagne de communication.

Et si jamais l’entreprise était animée de bonne foi, il lui est reproché une maladresse dans sa campagne de communication. En effet, les Camerounais ne sauraient partager l’électricité, un bien auquel ils n’ont pas accès.

Qu’importe. A Eneo Cameroon, la conviction reste que si la campagne n’a pas été interdite, c’est qu’elle ne pose aucun problème professionnel. Elle va donc se poursuivre et même s’étendre à d’autres canaux que l’affichage. Le ministre Atangana Kouna a été mis hors-jeu, mais le message continue d’être porté par les affiches des autres personnalités engagées dans la campagne. C’est le cas du président du Groupement inter-patronal du Cameroun, André Fotso, qui demande aux entreprises de débrancher les appareils électriques non utilisés en fin de journée. La femme politique et maire Célestine Ketcha Courtès fait la promotion des lampadaires économiques. Une autre femme politique et maire à Yaoundé, Régine Amougou Noma, conseille de débrancher les chargeurs de téléphone afin d’économiser l’énergie. Rien n’a été dit à propos de ces 2 dames qui appartiennent au Rdpc, le parti au pouvoir, tout comme le ministre Atangana Kouna.

Assongmo Necdem

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