Cameroun - Agriculture. Cameroun : régressée de 11 à 4% au PIB, la filière coton-textile en quête de relance (PAPIER GENERAL)

Raphaël MVOGO | Xinhua Vendredi le 07 Décembre 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
YAOUNDE, 7 décembre (Xinhua) -- Considérée jadis comme un des fleurons de l'industrie manufacturière, notamment dans les années 1980, la filière coton-textile du Cameroun a régressé de 11% au cours de cette période faste à 4% aujourd'hui, a décrit jeudi à Yaoundé le ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana au lancement des premières journées nationales étalées sur trois jours.

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Sous le slogan de la consommation des produits du terroir, ces premières journées nationales du textile baptisées "Textile Show 2012" ambitionnent de créer un électrochoc afin de se repositionner la filière coton-textile-confection dans son ensemble comme un créneau de création de richesses et d'emplois de premier ordre, en lui permettant aussi bien de s'offrir d'autres pistes d'éclosion.

De la filature à la mode en passant par le tissage, l'ennoblissement, la teinture, la bonneterie et la confection, les métiers sont nombreux pour attirer des adeptes, estime le ministre du Commerce.

Déjà, selon lui, la vie de trois millions de personnes en zone rurale dépend de la production de coton, avec 250.000 emplois directs assurés aux producteurs.

Dans le secteur spécifique de l'industrie, la part de la filière coton-textile s'établit à 12%, pour un total de plus d'un million d'emplois générés par la transformation du coton, quatrième produit d'exportation hors pétrole, derrière le bois, le cacao-café et la banane.

Partenaire du ministère du Commerce dans l'organisation du "Textile Show 2012", l'Interprofession coton-textile-confection du Cameroun (ICOTEC), créée en décembre 2010, s'est fixé l'objectif de favoriser la promotion d'un "coton camerounais mieux valorisé et plus compétitif", en créant des centres techniques textiles gérés par le privé et une centrale d' achat destinée à "rendre plus accessible la fourniture de matières premières, pièces détachées et accessoires".

Car, le secteur subit une double concurrence qualifiée de déloyale, provenant de l'expansion de la friperie et des tissus pagnes importés que se procurent à des prix à la portée de leurs bourses en particulier les Camerounais de condition modeste.

"En ce moment, on n' est pas du tout compétitifs. D'ailleurs, on se fournit encore en Afrique de l'Ouest pour avoir les tissus pagnes de bonne qualité, le Wax", a affirmé sans porter les gants à Xinhua, Jean Philippe Azegue Ndi, un des rares maîtres tailleurs du pays, formé dans des grandes académies de haute couture italiennes.

Les propos du couturier est expliqué par le fait que "la meilleure qualité du coton qui est transformé par la SODECOTON (Société de développement du coton, entreprise étatique basée à Garoua, au Nord, principal fief de production du coton, NDLR) va à l' extérieur. Ce qui nous reste, c'est la qualité en-dessous et c'est cette qualité-là qu'on essaie d'utiliser pour travailler ici sur place au Cameroun".

Un accord de partenariat technique conclu avec la Confédération nationale des producteurs de coton du Cameroun (CNPCC, également basée à Garoua) permet à la SODECOTON de canaliser pour la transformation l' essentiel de la production nationale de coton, réparti entre 54% de coton-graine, 42% de fibres et 4% de pertes, selon les chiffres officiels.

Unique filateur local, la Cotonnière industrielle du Cameroun (CICAM) n'en exploite qu'une infime partie, diminuée d'ailleurs de moitié, de 10% auparavant à 5% maintenant du total des fibres produites, ont soufflé à Xinhua des sources internes à la SODECOTON.

Pointée du doigt par les consommateurs pour la qualité jugée peu satisfaisante de ses tissus vendus sur le marché local, la CICAM se défend plutôt: "C'est un faux procès que l' on fait à la Cicam. La Cicam aujourd' hui est la meilleure usine en Afrique subsaharienne de transformation du textile", vante Guy Alain Mouyema, responsable de l'agence de l'entreprise à Mvog-Mbi, à Yaoundé.

"Les consommateurs n'ont qu'à se rapprocher de nos usines et de nos points de vente pour essayer de palper eux-mêmes la qualité des produits que nous offrons", poursuit-il, revendiquant un succès commercial continu attesté par la production d'environ 250 dessins annuels par l'une des trois usines de l'entreprise.

Responsable de la communication d' ICOTEC, Rostand Ebouti Ndengue soutient ces déclarations. "La CICAM a une gamme très variée dans la production de la matière qu'on appelle le tissu. Pour ne pas vous surprendre, la CICAM est le fournisseur de Vlisco, des tissus textiles en Côte d'Ivoire. C'est les mêmes tissus devant lesquels nous nous pâmons dans les supermarchés, dans les magasins".

Il reconnaît toutefois que les tissus de meilleure qualité prennent la direction des marchés extérieurs. "C'est un problème économique, de calcul de coûts de revient. Ce tissu de meilleure qualité, si on veut le vendre sur le plan national, il coûtera un prix prohibitif, c' est-à-dire que le Camerounais moyen ne pourra pas y accéder", juge-t-il.

De l'avis d'Azegue Ndi, l'interprofession a entrepris des discussions avec le filateur et la SODECOTON pour pouvoir "créer un pagne camerounais qui est aussi de très haut niveau, qui nous permettre d'être aussi compétitifs sur la scène internationale".

Derrière l'institution des journées nationales du textile se profile justement l'enjeu de la compétitivité de la filière coton-textile-confection.

En marge de cette manifestation organisée à l'esplanade du Palais polyvalent des sports de Yaoundé, une foire exposition-vente de produits issus tu textile local regroupe une trentaine d'exposants représentant les différentes professions de la filière.


 

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