Législatives 2013. Cameroun - Calculs: Maurice Kamto, l’enjeu

Serge-Lionel Nnanga | La Nouvelle Expression Jeudi le 22 Aout 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Symbole, étape intermédiaire ou expression d’une ambition politique réelle ? La candidature du leader du Mrc aux prochaines législatives est étonnante d’intérêts et de calculs au plus haut point.

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«A Yaoundé, il y a de la place pour un élu de l’opposition». Le député qui confiait cette conviction au reporter de La Nouvelle Expression, au terme de la session de clôture de la huitième législature, ne faisait pas qu’évoquer une éventualité normale dans le système démocratique pluraliste en fonctionnement au Cameroun. Il s’ouvrait surtout sur un questionnement en cours jusque dans les cimes du sérail, lequel semble être porteur d’enjeux tout autant symboliques que décisifs. Il y a, dans le traitement de l’actualité électorale relative au Mrc et spécifiquement à la candidature de son président Maurice Kamto, une effervescence propre à faire des jaloux. Autant la presse, les milieux politiques que les analystes divers s’épanchent sur ses différents développements, lesquelles ne rappellent pas moins l’adversité dans laquelle le parti fut lancé. En tant que porte-flambeau de cette dynamique qui se nourrit opportunément du slogan du «changement», Maurice Kamto semble avoir aujourd’hui la figure, sinon d’un épouvantail, tout au moins celle d’un concurrent sérieux autour duquel quelques batailles se dessinent déjà. Sur le plan scientifique tout d’abord. A l’annonce de son premier recalage par Elecam, l’universitaire James Mouangue Kobila, ancien étudiant et désormais collègue du premier, dont les sorties ont souvent servi la cause du régime, se gaussait alors du sort de l’homme politique en ces termes ci : «le non dépôt des listes du Mrc résulte de l’inexpérience politique de ses dirigeants et de leur méconnaissance de la jurisprudence électorale». Et lorsque le 14 août dernier, le Conseil constitutionnel enjoignit le Conseil électoral d’Elecam de réceptionner les listes querellées, le même se contenta d’y voir «un acte de subjectivité» de la part de l’instance judiciaire, comparable à la politique de la «tolérance administrative». Cette première victoire que décrivit La Nouvelle Expression est déjà en soi lourde de sens. «C’est une candidature qui a connu beaucoup de problèmes. Et Maurice Kamto a réussi à invalider une décision d’Elecam, ce qui n’est pas peu glorieux», commente le sociologue politique Claude Abé.


Tournant décisif?

«Il faut comprendre que Kamto n’est pas un inconnu. Ce n’est pas n’importe qui. Il y a déjà le nom de l’individu qui s’est fait à l’université et dans l’avocature et qui a une certaine notoriété. Yaoundé étant une ville universitaire, il peut profiter de cet avantage symbolique», poursuit le sociologue. Le symbole est en effet grand. Et sur le champ politique, il pourrait bousculer quelques assurances. « Il a une démarche qui rompt avec les pratiques habituelles du village électoral. En se présentant hors de sa circonscription d’origine, il est en dissidence avec cela. Et quand vous regardez la composition sociologique de Yaoundé, il peut faire le poids », ajoute Claude Abé. Mais inquiète t-il pour autant ? Contrairement à Douala, l’autre grande ville du pays, jamais un parti d’opposition n’a eu d’élu député à Yaoundé. L’adversité au Rdpc dominant est même des plus faibles, la seule Upc jouant régulièrement les sparring-partners. Pourtant des personnes originaires de d’autres régions, comme Kamto, s’y sont fait élire. « Un leader qui a des prétentions à diriger le pays se devait d’être présent à Yaoundé où il a par ailleurs passé près de quarante années de sa vie. Nous rompons avec les habitudes. Le Mrc n’a pas une vocation régionale, mais nationale», défend Okala Ebodé, l’un des responsables du parti. « Nous partons pour gagner. Si on travaille bien, il est possible que nous fassions le plein des 7 sièges», ajoute t-il, tout en balayant les rumeurs persistantes au sujet d’un éventuel deal avec le pouvoir pouvant conduire à l’abandon de la requête visant une annulation du décret portant convocation du corps électoral. Entre le symbole, la réalité et les perspectives, la candidature de Maurice Kamto fait baver. « On ne peut pas dire qu’on est là en face ‘un tournant décisif, conclue Claude Abé. Il y a une nouvelle offre politique qui se fait et tout va se faire en fonction de cette offre. Mais on est à un tournant symboliquement décisif car, il y a là une démarche qui est inhabituelle de quelqu’un qui se revendique une citoyenneté nationale, et qui fait de la victimisation un argument pour se mouvoir dans le champ politique. Mais il faut savoir que cet argument peut tout autant jouer contre lui ».

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