Cameroun - Nécrologie. Cameroun - Charles Ateba Eyené quitte la scène: Folle après midi de vendredi à Yaoundé

Rodrigue N. TONGUE | Le Messager Lundi le 24 Février 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La nouvelle de la mort de l’homme politique qui a été plusieurs fois démentie avant d’être confirmée vers 20 heures, le 21 février 2014, a mis en branle la capitale du Cameroun.

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«Allô ! Charles Ateba Eyené serait mort ou du moins très malade. Recoupe». Voilà la mauvaise nouvelle qui va modifier, vers 12 heures 30, l’agenda d’un après midi du vendredi calé pour une détente bien méritée en cette fin semaine.

Ateba ? Si c’est vrai, c’est important pour le journaliste. Car le personnage réunit à lui seul les principaux critères de la hiérarchisation de l’information. La notoriété de cet acteur ne souffre d’aucun doute. L’inattendue que revêt sa disparition est d’autant importante que la nouvelle de son état de santé déclinant n’avait pas enrichi la chronique mondaine. Pour le reste, Ateba était habitué des colonnes du Messager, des journaux concurrents et de l’espace médiatique en général. Juste quelques moments de faire du sang sur le sort de ce membre suppléant du Comité central du Rdpc, et le reporter du Messager se remet à ses moments de détente. Mais le téléphone crépite à nouveau vers 13 heures 30. «J’ai appris qu’Ateba Eyené est mort. C’est vrai ?» Interroge au bout du fil un autre interlocuteur. Mais le journaliste qui entre à peine en week-end n’a pas de réponse précise à donner à celui-ci. Comme à de nombreux autres qui croient aller à bonne source que de l’appeler. Trêve de détente… il faut enquêter.

Le premier réflexe, c’est composer le numéro de téléphone d’Ateba Eyené lui-même. Intérieurement, on se dit que si on l’a au bout du fil, on rigolera de cette folle rumeur qui traverse la ville. En tout cas, le journaliste est habitué à ce type de schéma où l’on a au bout du fil quelqu’un donné pour mort par une de ces folles rumeurs citadines. Mais le téléphone d’Ateba Eyené ne sonne pas. Son opérateur le signale éteint. Mais à Yaoundé, le réseau de téléphone n’est pas la chose la plus fiable en ce moment. Il faut donc multiplier les appels. Niet ! La démarche ne connaît toujours pas de suite heureuse. Très vite, on fait le tour pour savoir qui sont les très proches d’Ateba dont on a le contact. C’est sans doute Pascal-Charlemagne Messanga Nyamding. La tentative de le joindre est infructueuse. L’enseignant de droit et science politique est aux abonnés absents. Son téléphone sonne sans cesse. De toute façon vu le nombre d’appels, il rappellera dès qu’il sera disponible, se dit le reporter qui pense ne pas être, de toute façon, sous pression, puisqu’en ce moment d’entame de week-end, il dispose de temps matériel pour aller au fond des choses avant l’édition de son journal du lundi.


« Papa n’est pas mort »

Mais le téléphone sonne toujours. Les interlocuteurs, au bout du fil, veulent toujours savoir si Ateba Eyené est «vraiment mort». Bizarre ! Plus de trois heures après l’alerte, le journaliste est toujours incapable d’y apporter une réponse précise. Même les diplomates s’y mêlent. Un des collaborateurs de l’ambassadrice de France à Yaoundé qui nous accueille à la résidence de France pour une cérémonie présidée par l’ambassadrice veut également savoir si c’est vrai. Cette fois-ci, le journaliste qui a eu le temps de jeter un coup d’œil sur les réseaux sociaux via son téléphone portable répond qu’il est gravement malade en tout cas. Mais juge assez prématurée la nouvelle qui a envahi la toile. «C’est embêtant», se plaint le diplomate.

Une autre idée nous vient à l’esprit vers 17 heures alors que nous sommes dans la salle de banquet de la résidence de l’ambassadeur de France à Yaoundé: appeler le numéro fixe de Pascal Messanga Nyamding qui n’a pas rappelé. Aussitôt pensé, aussitôt fait. Et là, l’ami d’Ateba Eyené répond. Son interlocuteur qui se présente n’emploie aucune circonlocution. Il va droit au but. «Prof, est-ce que-c’est vrai ce que j’apprends là ?» Après quelques moments de silence, Pascal Messanga dit la voix nouée de tristesse : « Rodrigue, c’est vrai ! C’est malheureusement vrai». « Mais qu’est-ce qui s’est passé ?» questionne le journaliste. « Il était malade et interné au Chu. Hier, il vomissait du sang. Ce matin il a été admis en réanimation». Et le reporter de le relancer. « Tu es où prof ?» « Je suis à mon bureau à Obili [à l’Iric]. Rodrigue laisse moi s’il te plaît. Je veux me reposer. Je suis dépassé», répond-il avant de mettre fin à la discussion. Il est un peu plus de 18 heures. La cérémonie à laquelle on est convié vient à peine de commencer. Entre temps, on a eu le temps d’obtenir le numéro de téléphone d’un des neveux d’Ateba Eyené qu’on arrive à joindre. Celui-ci est catégorique. « Papa n’est pas mort. Il est sous soins intensifs ici au Chu où je me trouve en ce moment d’ailleurs». L’affaire paraît complexe pour nécessiter que l’on quitte les salons du Plateau Atemengue et qu’on annule un dîner programmé à 19 heures 30 avec l’ambassadeur du Japon au Cameroun, organisé au quartier Bastos. De plus, le Chu de Yaoundé n’est pas loin du monument de la Réunification qui jouxte la clôture de la résidence de l’ambassadrice de France. Les 800 mètres environ qui séparent les deux endroits sont vite avalés.

Au Chu, en effet, on dément la nouvelle. La famille de l’homme politique, les journalistes et d’autres figures médiatiques présents sur les lieux sont remontés contre cette chaîne de télévision qui diffuse, disent-ils, une fausse nouvelle. Si bien que contactés, les responsables de ladite télévision basée à Douala, retirent le message diffusé sur le synthé avant de s’excuser auprès de leurs téléspectateurs. «Il n’est pas mort», indiquent, au téléphone et invariablement les personnes présentes au Chu. D’autres envisagent même une évacuation sanitaire, à bord d’un avion médicalisé... du moins si l’Etat y consent. Charles Ateba ne le mérite-t-il pas d’ailleurs ? Questionnent-ils.

Personne n’a accès à sa chambre. Le personnel du Chu rassure néanmoins: «il va mal, mais il n’est pas mort». On aura appris entre temps qu’il souffrait d’infection pulmonaire et d’insuffisance rénale et qu’il a intégré la formation sanitaire d’application de la faculté de médecine de Yaoundé I, mardi, trois jours après un séjour à la clinique Fouda. Entre deux discussions, le pavillon où se trouvent les services de la réanimation du Chu est assailli par de nombreux amis, connaissances et parents de l’essayiste polémiste. Vers 19 heures 30, le médecin traitant que personne n’a pu voir depuis un moment, fait venir les proches parents. Il lâche la phrase que redoutaient ceux-ci. «Il est mort».

Le cri strident d’une parente présente au moment du conciliabule tenu entre le clinicien et le petit comité familial alerte toutes les personnes venues s’enquérir du cas Ateba. Le message est clair. L’auteur des Paradoxes du pays organisateur a cassé sa plume. Mais, était–il donc mort depuis 16 heures comme l’affirmaient déjà certains de ses amis ? Les médecins ont-ils voulu s’entourer de précautions avant d’officialiser la triste nouvelle ? Il est mort de toutes les façons quelle que soit l’heure. La dépouille de cet homme de 43 ans est transportée vers 21 heures 30 à la morgue de l’hôpital Général de Yaoundé pour une dernière escale vers l’au-delà, où se trouve déjà son épouse. Rideau ! 

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