Cameroun - Education. Cameroun - Valeurs assassinées: Les funérailles de l'Université des Montagnes programmées

PONUS | Ouest Littoral Mercredi le 13 Novembre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Une université se substitue à l'Etat pour l'aider à remplir ses devoirs régaliens et ne lui demande aucun financement et au lieu de s'en réjouir, le gouvernement du Renouveau trouve plutôt les voies et moyens pour l'anéantir.

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Ce qui laisse penser que le véritable problème est ailleurs, surtout dans un pays qui dit encourager l'investissement privé.

La seule idée de créer une université privée de médecine était déjà un projet salutaire pour un Cameroun où la situation sanitaire est plus que déplorable, avec un déficit chronique de médecins selon les normes admises dans la plupart des pays. C'était aussi une aubaine pour parents et enfants qui n'avaient pas d'autres alternatives en de¬hors du Cuss ou d'aller faire médecine ou pharmacie en Afrique de l'Ouest et en Occident.

Malheureusement très tôt, l'Université des montagnes (l'Udm) de Bangangté, qui est en réalité une initiative de la société civile dont le but est d'offrir une éducation de qualité à la jeunesse, dans un domaine essentiel pour le développement du pays, s'est heurtée à une tracasserie incompréhensible de la part de l'administration. Il lui a fallu beaucoup de temps pour être reconnue et obtenir un agrément délivré par les pouvoirs publics qui semblaient même douter jusqu'à la qualité des enseignants, bien que cette institution soit l'une des rares, sinon la seule au Cameroun à être entièrement gérée «par des professionnels de l'enseignement supérieur, tous soucieux de la qualité de la formation, de l'innovation et du partenariat avec des pairs de haut niveau à l'international».

C'est ainsi que créée en 2000, ses premiers étudiants sont allés présenter leur thèses dans certaines universités africaines, notamment à l'ex-Zaïre, qui ont bien voulu les ac¬cueillir. Aujourd'hui, la réputation de l'Udm traverse déjà les frontières. Soucieuse de s'atteler à la construction de ses infrastructures et de mobiliser les énergies sous forme d'équipements, cette institution vient de bénéficier d'un prêt concessionnel de 5 milliards de Fcfa de l'Agence française de développement (Afd). C'est curieusement à ce moment que le gouvernement choisit d'intervenir sur les admissions, les frais de scolarité, etc. Bref, de lui imposer des étudiants selon ses propres conditions.


Une réforme-obstacle à la promotion des valeurs

Le Cameroun n'a-t-il pas autre chose à offrir que la médiocrité? C'est la question que se posent les observateurs au regard de ce qui passe aujourd'hui avec l'Udm. Tout a commencé le 18 avril 2013, date à laquelle la Commission ad hoc d'évaluation des facultés et instituts privés d'enseignement supérieur de formation médicale au Cameroun, dirigée par le Pr Maurice-Aurélien Sosso, inspecteur général des services au Ministère de l'enseignement supérieur.

A la suite d'une descente sur le terrain, un rapport accablant concernant aussi bien les enseignements d'Etat que les instituts privés a été dressé. C'est ainsi qu'il a été décidé de la fermeture de 4 institutions sur les 6 que comptait le Cameroun. «Les 2 institutions qui restent fonctionnelles à savoir l'Institut supérieur des sciences de la santé (lsss) de l'Université des montagnes (Udm) à Bangangté et Institut supérieur des technologies médicales (lstm) de Nkolondom sont astreintes à une réglementation qui s'appliquera désormais aux institutions exerçant dans ce domaine», avait-on appris. De même, il a été reconnu que l'Udm était pionnière dans plusieurs domaines dont notamment celui d'odontostomatologie où elle est la seule à disposer d'un laboratoire répondant aux normes académiquement admises.

Une telle initiative est certes louable dans un pays normal; mais au Cameroun, il serait très naïf de voir les choses dans ce sens. Rien d'étonnant que la réforme de l'enseignement supérieur dans le domaine de la santé qui s'en suit ait créé et crée encore beaucoup de remous au sein de l'opinion nationale quant aux «thérapeutiques appropriées ou que la Commission Sosso a proposées: l'instauration d'un examen national où les institutions privées n'assistent pas aux délibérations; l'attribution d'un «numerus clausus» que l'Etat fixe unilatéralement et arbitrairement à chaque établissement... Par conséquent, dès lors qu'aucune institution ne peut désormais garantir la qualité des étudiants qu'il recrute, les institutions privées se retrouvent avec des étudiants qui n'ont pas le niveau qu'elles souhaiteraient les voir avoir.


L'Udm nationalisée?

En clair, l'accès à l'Udm est désormais un «patrimoine de l'Etat», et c'est lui qui fixe unilatéralement et de manière discrétionnaire le nombre d'étudiants à former, avec les dérapages en vigueur qu'on relève dans les autres concours de la fonction publique dans un pays où des critères de quotas iniques priment sur le mérite. De là à se demander si l'Udm est une initiative privée ou étatique, il n'y a qu'un pas à franchir.

Du coup, des questions fusent de toute part autour de cette réforme apparemment orientée. Comment comprendre le bien-fondé de telles mesures qu'on fait subir à l'Udm cause de l'échec des autres, alors qu'il a été reconnu unanimement que dans certaines filières, l'Udm était pratiquement la seule université à en dispenser au Cameroun?

Par ailleurs, la précipitation dans l'application de cette réforme n'est pas la moindre des curiosités. «Comment peut-on rendre publics des entités ministériels transformant radicalement le paysage universitaire camerounais en Sciences de la santé avec une entrée en vigueur en brais mois», se demande un observateur pour qui «on se serait attendu que le ministère donne au minimum un an, voire deux, à tous les établissements concernés soit pour se conformer, soit pour fermer, de manière et permettre aux étudiants qui y sont inscrits de se recaser ailleurs. Et ce, à défaut d'avoir entamé une concertation avec tous les acteurs concernés».

Autant d'incongruités qui laissent libre-court à des arrière-pensées, dans la mesure où la publication du fameux rapport Sosso relève bien que l'Udm se situe au peloton de tête des institutions publiques et privées offrant des formations de même type. Sur un autre plan, la nouvelle mesure fixe les frais de scolarité à 600 000 FCFA. Cela est d'autant plus incompréhensible qu'il a été établi que la formation d'un étudiant en médecine au Cameroun coûte au minimum 1 200 000 FCFA avant investissement et 1 500 000 FCFA en Afrique centrale.

Au-delà de ce constat, il est tout à fait curieux d'imposer des frais de scolarité à une institution privée qui a un plan de développement et des investissements qui lui sont propres. Surtout dans le cas de l'Udm qui aura maille à continuer avec ses multiples partenaires. Quelle sera la réaction de ces derniers si ce n'est renoncer à une collaboration dont ils ne maîtrisent plus les fondamentaux?

Malheureusement, ce n'est pas la préoccupation du ministre de l'enseignement supérieure, Jacques Fame Ndongo: S'agissant des droits universitaires ayant trait à la formation médicale, pharmaceutique et odontostomatologique (600.000FCfa par an et par étudiant), le ministère de l'Enseignement supérieur (dans le cadre de la prime à l'excellence académique octroyée par le chef de l'Etat, S.e. Paul Biya aux meilleurs étudiants du système universitaire camerounais) a pris les dispositions suivantes: Chaque étudiant paiera, par an, 50.000 FCFA (à l'instar des autres candidats admis dans les facultés de médecine d'Etat).

Le ministère de l'Enseignement supérieur complète les droits universitaires, à hauteur de 550.000FCfa l'an, par étudiant. Pour optimiser l'assurance qualité au bénéfice de l'étudiant, le ministre de l'Enseignement supérieur octroie à l'établissement privé (pour la qualité des laboratoires, etc.) 400.000FCfa par an et par étudiant».

Mais comme tout observateur, l'un de ses dirigeants de l'Udm, Ambroise Kom est inquiet, à dessein: «Les 950.000 Fcfa qui seront payés par le gouvernement sont incertains comme tous les paiements attendus de l'Etat camerounais. Or l'Udm fonctionne sur la base du cash que versent les étudiants. Simple manière de dire, vous pouvez fermer les portes. Telle est la rançon d'une expérience presque réussie au Cameroun». L'exemple du paquet minimum dans les établissements publics qui arrive quelquefois plusieurs mois après la rentrée en est une illustration parfaite.

Cela s'appelle niveler vers le bas. Non? 


    
Cameroun - Université des Montagnes: Communiqué sur l'inscription des étudiants en 1ère année des filières Médecine, Pharmacie et Chirurgie dentaire

 

Par le présent communiqué, l’AED invite tous les parents disposés à payer librement les frais de scolarité requis à l’UdM, à prendre attache avec cette institution pour procéder au paiement et permettre ainsi à leurs enfants de commencer immédiatement les cours.

 

 


Le Communiqué (12/11/2013)
Photo: © UdM

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