Cameroun - Musique. Cameroun - Yaounde - Scènes: Quand les fans de Mani Bella deviennent «Pala pala»

Christian TCHAPMI | Le Messager Mercredi le 21 Mai 2014 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Invitée de marque au spectacle marquant les 30 années de carrière de Petit-Pays au Palais des sports de Yaoundé le 19 mai 2014, la nouvelle égérie du Bikutsi a échappé à un lynchage. La faute aux organisateurs, incapables d’honorer la part du contrat qui les liait à l’entreprise de sonorisation réquisitionnée pour la circonstance.

ADS


Invitée de marque au spectacle marquant les 30 années de carrière de Petit-Pays au Palais des sports de Yaoundé le 19 mai 2014, la nouvelle égérie du Bikutsi a échappé à un lynchage. La faute aux organisateurs, incapables d’honorer la part du contrat qui les liait à l’entreprise de sonorisation réquisitionnée pour la circonstance.

Il est un peu plus de minuit. Le palais des sports de Warda gronde. On dirait un jour de grand marché. Ça crie, ça hurle, ça provoque. Le public furieux, crie en chœur : « remboursez-nous !». Un refrain accompagné de projectiles qui fusent de toutes parts. Cannettes de bières et bouteilles de jus en plastiques sont propulsés sur la scène. Courroucés, certains spectateurs s’en prennent aux sièges sur lesquels ils commencent à uriner ou à tenter de démolir. D’autres se dirigent au pas de course vers les portes de sorties. Il faut sauver sa tête avant que ça ne dégénère. La tribune Vip se vide progressivement. Entourés de gros bras, les invités de Petit-Pays à ce spectacle marquant la commémoration de ses trente ans de carrière, se font escorter jusqu’à leurs véhicules. Le vacarme a finalement donné lieu à un bouleversant mouvement d’humeur. Sur la scène, les musiciens et les choristes de Mani Bella, vêtus de tee-shirts floqués «pala pala» n’en croient pas leurs yeux. Apeurés, ils craignent pour leur sécurité.
Michel Mbarga, le soliste descend de l’estrade pour remettre sa guitare dans la housse. Ses camarades tentent de faire autant mais, sont pris en tenaille par une marée humaine en furie qui exige d’eux, le show de leur star, longuement annoncé il y a une trentaine de minutes. Le temps passe et les esprits s’échauffent davantage. Dans les loges, la tension monte. Le groupe Fbi attend sagement dans l’un des couloirs qui mènent à la salle de climatisation. Mais cette apparente sérénité cache mal la colère qui brûle en eux. Dynastie le tigre, lui, a les nerfs à fleur de peau. Le jeune artiste qu’on avait annoncé en guest-star, tempête. « Il faut qu’on me dise pourquoi je ne peux plus faire plaisir à mes fans ce soir. Ma carrière est en jeu et ceux qui aiment ce que je fais ont payé pour me voir à l’œuvre. S’ils sont déçus ce soir, il sera difficile de les revoir aux prochains spectacles », argue-t-il, non sans annoncer dans les jours qui viennent, une campagne de dénonciation à travers les chaînes de radios de la capitale.


Manque de sérieux

Et Mani Bella alors ? Drapée sous une cape qui recouvre sa culotte sexy jean, des collants transparents et des bottes en cuir lisse, la mère de «pala pala» arbore de grosses lunettes. Elle est gardée par six gros bras au physique impressionnant. Entourée de ses danseurs, elle reçoit d’innombrables coups de fil. L’objet de la conversation tourne autour de ce spectacle qui vire déjà à l’émeute. Celle qui se fait appeler « le médicament des kongosseuses » a du mal elle-même à expliquer la situation car aculée, par une meute de fans qui tentent de la faire sortir de force. Alors que la foule la réclamait à cor et à cri, on vient lui apprendre que son show n’aura plus lieu. La faute à l’équipe de sonorisation qui a brusquement éteint les consoles, juste après le passage applaudi du Turbo Oméga. Mais que s’est-il passé pour qu’on en arrive là ? Les ingénieurs de sons que Le Messager a rencontrés expliquent que le promoteur de ce « méga spectacle » a tenté de les enfariner. « Nous avions convenu lors de la signature de contrat qu’il nous verserait la première partie du cachet avant le début du show et que la moitié nous serait versée après le passage de Petit Pays », confie Hermann M, co-propriétaire du matériel de sono qui déplore le manque de sérieux des Ets Mista Promo et Jsc.


Fans surexcités

Il se trouve qu’à la fin du show de Rabba Rabbi, ces derniers n’ont pas respecté leurs engagements, au motif que la salle n’ayant pas fait le plein d’œuf comme escompté, il était impossible de rentrer dans ses frais. Toute chose qui a provoqué l’ire des responsables de la sonorisation. Eux qui ont purement et simplement éteint les consoles, sevrant ainsi les fans de Mani Bella d’un moment inédit. Sentant la situation se compliquer au fil des heures, les responsables de Mista Promo et leurs comparses ont filé à l’anglaise. Abandonnant sur sa faim un public qui a déboursé entre 3000 et 5000 Fcfa pour assister à ce spectacle anniversaire, mais aussi en livrant Mani Bella et Dynastie le Tigre à la merci des fans surexcités. Conséquence, la police déployée manu militari sur les lieux, n’a pu contenir les ardeurs de ce public qui jure de « faire la peau » à Mani Bella lors du prochain spectacle. Rétroviseurs brisés, jets de pierre sur la police, destruction du matériel du palais des sports… Le bilan jusqu’ici fait état d’une vingtaine de blessés et des dégâts matériels importants. Qui va donc payer la note (salée) ?

Christian TCHAPMI

ADS

 

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS