CEMAC. Cemac: la libre circulation n’est pas une réalité

Le Jour Lundi le 06 Février 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les ressortissants des six pays de la Cémac éprouvent d’énormes difficultés à vivre, dans les faits, une volonté que des traités communautaires ont pourtant consacrée.

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Samedi 21 janvier 2012. Ateba Biwolé, journaliste au quotidien camerounais Le Jour, se rendant au Gabon pour la couverture de la Coupe d’Afrique des Nations de football, a eu une aventure épique.
L’épopée de son voyage sur Libreville, racontée par la victime dans notre édition du 25 janvier, est digne d’un rodéo grandeur nature. Arrêté, molesté, torturé moralement, l’envoyé spécial du Jour n’a dû son arrivée à Libreville qu’à son courage, mais aussi à son porte-monnaie dont le contenu à été sérieusement entamé par les extorsions dont il a été l’objet.

Jeudi 12 janvier 2012 à Kyé-Ossi. Le préfet du département de la Vallée du Ntem, Franklyn François Etapa, s’entretient avec des journalistes camerounais, en prélude au « Global village Can 2012 », une foire commerciale organisée dans la ville transfrontalière de Kyé-Ossi par l'association des bayam sellam du Cameroun, à l'occasion de la Coupe d’Afrique des Nations 2012. Au cours de l’échange, le préfet fait savoir aux journalistes que la libre circulation des biens et des personnes dans la sous-région Cémac sud est une réalité. Mais, par la suite, il se fait plus cocasse. « Moi, Etapa, préfet du département de la Vallée du Ntem au Cameroun, si je désire me rendre au Gabon ou en Guinée équatoriale, je vais circuler sans problème. De même pour mes collègues du Gabon et de la Guinée équatoriale qui désirent se rendre au Cameroun. Par contre, il est très difficile pour le citoyen ordinaire de le faire », avoue-t-il. Le privilège du préfet de la Vallée du Ntem n’est malheureusement pas le lot quotidien de ses concitoyens qui désirent se rendre en Guinée équatoriale et au Gabon.

Hama Himsi, commerçant camerounais basé à Ebolowa, a cessé de s'approvisionner en Guinée équatoriale depuis 2008, à la faveur de la fermeture unilatérale de la frontière par la Guinée équatoriale, « pour des raisons de sécurité intérieure ». Le commerçant se rendait régulièrement en Guinée équatoriale pour se ravitailler en boissons, huiles, whiskies et laits de toilette. Mais, depuis lors, il a cessé de « faire la ligne ». La raison : « La frontière est payante. Il faut débourser au moins 15 000 FCfa pour les policiers, militaires, gendarmes et douaniers », déclare-t-il. « Quelles que soient la raison et la durée du déplacement ou du séjour, vous devez payer une somme de 2000 FCfa », ajoute Hervé Kamga, un autre commerçant basé à Ebolowa. La situation particulière de ces deux Camerounais est, à peu de chose près, identique à celle que vivent les ressortissants de Guinée équatoriale et du Gabon lorsqu’ils sont amenés à effectuer un déplacement à l’intérieur du territoire camerounais.

Police
Le 27 décembre 2011, à Nguéli, en territoire tchadien, Laeticia Ndoumbé, qui se rendait au Tchad pour des soins traditionnels, a été dépouillée de son argent par des gendarmes tchadiens. Pitoa, le 29 décembre 2011. Assis à même le sol, les mains sur la tête, Ahmat Hassan, étudiant en master à l’université de Ngaoundéré, est interpellé par les éléments de la police au lieu-dit pont Bénoué. Motif : immigration clandestine et défaut de carnet de vaccination. En dépit de la présentation de sa carte d’identité, de son passeport et de sa carte d’étudiant, il passera toute la journée au poste de contrôle de la police, pour n’avoir pas payé la somme de 5000 F Cfa que lui réclamaient les policiers.

Des cas comme tous ceux qui sont évoqués ici n’effleurent que très légèrement l’ampleur d’une intégration au forceps des peuples de l’Afrique centrale. Prononcée du bout des lèvres par les politiques, cette intégration est vécue par les populations au contraire au quotidien. Une semaine avant le début de la Coupe d'Afrique des Nations 2012, l'ambassade du Gabon à Yaoundé avait publié un communiqué informant les Camerounais désireux de se rendre au Gabon à l'occasion de la Can 2012, qu'ils pouvaient obtenir un visa collectif pour leur séjour au Gabon sans bourse délier. Plusieurs Camerounais ont ainsi profité de cette opportunité inespérée pour faire le déplacement de Libreville. C’était oublier les tracasseries décrites plus haut.

Jérôme Essian
et Adolarc Lamissia

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