Sénatoriales 2018. Cameroun: et si c’était un Anglophone à la Présidence du Sénat…

cameroun24.net Mercredi le 25 Avril 2018 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La crise qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest replace cette revendication au cœur de l’élection du deuxième président de la Chambre haute peut-on lire dans les colonnes du quotidien à capitaux privés Mutations.

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Qui pour occuper le perchoir pour la première année législative de la seconde mandature du Sénat ? Marcel Niat Njifenji va-t-il succéder à lui-même ? Le président du Sénat sera-t-il un parlementaire élu ou un élu nommé ? La Chambre haute va-t-elle choisir un président originaire d’une des deux régions Anglophones ? Ces questions, et bien d’autres, font l’objet d’analyses des observateurs au moment où la première rentrée parlementaire de la cuvée 2018-2023 du Sénat s’ouvre ce jour au Palais des congrès de Yaoundé.

Au cours de la session ordinaire de plein droit qui s’ouvre aujourd’hui, le Sénat va se
doter de nouveaux hommes au sein de ses organes. Mais c’est l’élection du président
qui va cristalliser toutes les attentions. Le président du Sénat, deuxième personnalité
de la République sur le plan protocolaire et suppléant constitutionnel en cas de vacance ou d’empêchement du chef de l’Etat, charrie toutes les ambitions. Les ressortissants des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest n’ont jamais caché leur frustration de voir le fauteuil de deuxième personnalité de la République leur échapper.

C’est d’ailleurs l’une des revendications sources de la crise anglophone. Dans les régions anglophones, l’on se sent en effet sous-représenté à la tête des institutions.
Les quatre premières personnalités de l’Etat sont en effet des Francophones : président de la République, président du Sénat, président de l’Assemblée nationale et président du Conseil économique et social. Le Premier ministre, un originaire du Nord-Ouest arrive à cinquième place. Les présidents de la Cour suprême et du Conseil constitutionnel sont également des Francophones.

Gains
Cependant, pour l’analyste politique Brice Stéphane Ondigui Avele, « la plupart des observateurs qui prédisent l’avènement d’une personnalité anglophone sur le perchoir du Sénat commettent l’erreur de penser que la matrice fonctionnelle du gouvernement aujourd’hui, s’appuie uniquement sur les crises en cours (et notamment la crise anglophone) et la volonté de les résoudre ». Pourtant, dans les cercles des natifs de ces deux régions, l’on veut croire que le perchoir du Sénat va revenir à un Anglophone.

Une confiance portée par les gains politiques obtenus à la faveur de la crise anglophone. Depuis janvier 2017, le chef de l’Etat a nommé un Anglophone à la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme. Leur représentativité s’est accrue au sein du gouvernement depuis le 02 mars dernier, avec l’entrée de trois nouveaux membres dont un au ministère (régalien) de l’Administration territoriale. En février dernier, Joseph Malegho Aseh, natif de la région du Nord-Ouest, était déjà porté à la tête du secrétariat général du Conseil constitutionnel.

« Nomination par élection »
Ce que disqualifie d’emblée le chercheur en sciences politiques à l’Université de Yaoundé II-Soa : « au sein du sérail, on semble s’accorder sur le fait que beaucoup de concessions auraient déjà été faites aux Anglophones et donc, que le risque serait grand de pousser le bouchon plus loin en retirant à l’Ouest la présidence du Sénat ». Cet analyste ajoute qu’« un autre élément non négligeable rend difficilement envisageable le remplacement de M. Niat à la tête du Sénat : les leçons du passé nous apprennent que le président Biya – qui quoique l’on dise est l’artisan majeur de ce qui va se jouer à la session de plein droit au Sénat -, agit difficilement au gré des pressions politiques ».

Un autre chercheur, Aristide Mono, de la même Université, précise qu’« il est difficile
de pronostiquer ». Toutefois, « le président national du parti dominant semble avoir l’exclusivité en la matière, même si de façade, les normes positives parlent du vote par les pairs. On peut parler d’une nomination par élection du président du Sénat. A ce moment, on est tenté de croire au pouvoir discrétionnaire comme source de désignation de ce dernier ».

Se fondant sur ce principe, l’analyste pense également que « pour des raisons d’homéostasie socio politique », le vœu de voir un originaire des régions anglophones occuper le perchoir « a de fortes chances de buter sur un pilier fondamental de la méthode Biya à savoir, le refus permanent de se faire dicter des décisions par l’opinion et des mouvements sociaux ». Aussi conclut-il : « Paul Biya préférera jouer la carte, non pas de la reconquête de la sympathie des Anglophones, mais celle de la neutralisation de tout axe ‘‘Anglo-Bami’’, en contentant davantage l’Ouest dont les originaires sont déjà les plus nombreux au Sénat ».
 

Ludovic Amara

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