Cameroun - Sécurité. Circulation routière: des policiers menacés

Elise ZIEMINE | Cameroon-tribune Vendredi le 13 Janvier 2017 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Ils sont au quotidien soumis à des comportements dangereux de la part d’automobilistes récalcitrants.

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Un policier sur le capot d’un taxi au carrefour « sous-manguier » à Yaoundé. Le cliché, digne d’une fiction hollywoodienne, est capté par CT ce jeudi 5 janvier 2017. « Arrêtez-vous ! Vous allez le tuer !  Quel est votre problème ?», crient des passants. Malgré ces interventions, le chauffeur de taxi sans immatriculation continue de rouler. Visiblement décidé à en finir avec un homme en tenue dont la tâche quotidienne consiste à réguler la circulation. L'incident est survenu lorsque l’agent a demandé à l’automobiliste de respecter une des deux files comme tous les autres usagers, alors que l'embouteillage a atteint son pic ce jeudi vers 17h. Le chauffard visiblement très nerveux ne l’entend pas de cette oreille. Il crée alors un troisième rang et menace de broyer les jambes du policier. Face à son entêtement, ledit policier se met devant le véhicule pensant dissuader l'indiscipliné qui n’en démord pas. Il garde le pied sur l'accélérateur et fonce sur l’agent de police. Pour protéger  ses jambes, l’homme en tenue saute sur le capot du taxi et s’agrippe sur les rebords des portières. Pendant de longues minutes, il va voyager dans cette position inconfortable et s’en sortira heureusement indemne.
Au constat, de nombreux policiers ont déjà été handicapés par de tels conducteurs. Si certains ne s’en tiennent qu’aux injures, d’autres n’hésitent plus à bafouer l’autorité des policiers en les percutant au mépris des conséquences d’un tel acte. Des sources bien introduites à la Délégation générale à la Sûreté nationale indiquent que de récents auteurs de ces indélicatesses, conducteurs de taxis et particuliers, sont déjà  dans les filets de la justice. Ils ont été interpellés  entre le 24 et le 31 décembre dernier à Yaoundé. Comme l’explique le commandant du Groupement régional de la voie publique et circulation du Centre, le commissaire de police El Hadj Adamou Baba, « il est inadmissible qu’un chauffeur manque de respect à un policier, œuvrant sous le soleil comme sous la pluie pour le bien des populations. Si un conducteur n’approuve pas une décision d’un agent de la circulation, qu’il aille le faire savoir à la hiérarchie et non porter main sur lui ou le percuter avec son véhicule. Il n’est pas conseillé de se faire justice soi-même, au risque d’être poursuivi au parquet pour violences ».

« Le refus d’obtempérer est sanctionné »

Me Calvin Tah, avocat.

Maître, les policiers sont régulièrement victimes de l’incivisme et autres agressions de la part d’automobilistes. Qu’est-ce qui explique de telles dérives ?
L’incivisme de certains automobilistes est dû au fait qu’ils n’ont pas toujours toutes les pièces de leurs véhicules. C’est pourquoi ils refusent souvent d’obtempérer et prennent la fuite. D’autres, pourtant en règle, sont excédés d’être victimes d’arnaques et abus de la part des policiers. Il y a aussi le fait que certains chauffeurs de taxis sont contraints par le temps. En fin de journée, ils doivent pour la plupart verser la recette aux patrons et donc ils préfèrent outrepasser les injonctions de la police. Certains policiers en embuscade lors des contrôles sont aussi souvent à l’origine de la fuite des automobilistes. Si l’homme en tenue est par exemple placé à un virage et que le chauffeur de taxi est en surcharge, il prendra la fuite si le policier l’interpelle.


Est-ce qu’un automobiliste a le droit d’outrepasser les injonctions d’un policier ?
Le rôle d’un policier de la circulation est de la diriger et aussi de contrôler les automobilistes. Ces derniers n’ont aucunément le droit d’outrepasser les injonctions d’un policier, car en le faisant, ils se rebellent. Le refus d’obtempérer est sanctionné par le Code pénal camerounais.


Quelles sont les sanctions et peines encourues contre ceux qui se livrent à de tels dérives ?
L’article 157 du Code pénal qui sanctionne la rébellion dispose, en son article 1 : est puni d’un emprisonnement de 3 mois à 4 ans, celui qui par quelque moyen que ce soit incite à résister à l’application des lois, règlements ou ordres légitimes de l’autorité publique, par des violences ou voies de fait, empêche quiconque agissant pour l’exécution de lois, des règlements ou ordres légitimes de l’autorité. Dans les cas suscités, la peine est d’un à cinq ans d’emprisonnent si l’auteur ou l’un des auteurs est armé.


Propos recueillis par Assiatou NGAPOUT M.

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