Lions indomptables. Colères: Emeutes au stade Ahmadou Ahidjo / Un supporter tué par balle

Le Jour Mardi le 07 Juin 2011 Sport Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Plusieurs voitures cassées, des policiers blessés et des manifestants molestés pendant l’affrontement qui a opposé des milliers de jeunes aux forces de l’ordre à l’issue du match Cameroun – Sénégal.

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Les forces de police et de gendarmerie ont eu chaud samedi, peu après le match nul des Lions Indomptables contre ceux de la Téranga.

Immédiatement à la fin de la rencontre, plusieurs milliers de jeunes ont investi l’esplanade du stade Ahmadou Ahidjo pour manifester leur colère après cette performance des Lions qui a quasiment scellé leur élimination de la Can Gabon et Guinée équatoriale 2012.

« Eto’o mouilleur, Eto’o mouilleur », scandent ces jeunes, visiblement remontés contre le capitaine des Lions Indomptables, coupable, à leurs yeux, d’avoir manqué un pénalty en toute fin de rencontre. Des bandes de jeunes ont violemment déshabillé tous les supporters, hommes comme femmes, qui se trouvaient dans les parages, vêtus d’un maillot à l’effigie d’Eto’o. Des maillots ensuite déchirés par la foule.

Les Lions Indomptables, eux, sont encore à l’intérieur du stade. Les manifestants menacent d’y entrer pour les déloger, mais la police et la gendarmerie forment un cordon de sécurité assez dissuasif. Le grand bus des Lions Indomptables, lui, a été mis à l’abri. Les dirigeants de la Fécafoot ont senti le roussi.

Aux environs de 18h15, une pluie de pierres s’abat sur les forces de l’ordre. La police réplique. Quatre camions antiémeute chargés d’eau se mettent aux trousses des manifestants. Ils sont pulvérisés, mais se mettent à l’abri et reviennent encore plus déterminés. Encore des pierres et toutes sortes de projectiles qu’ils ramassent. Les véhicules qui tentent de passer sont pris pour cibles par ces jeunes. Des pare-brises d’une dizaine de voitures sont caillassés, des policiers blessés. En riposte, quelques jeunes manifestants sont arrêtés et molestés.

La nuit est tombée. La grogne des jeunes n’arrête pas. Ils sont de plus en plus nombreux et excités. L’affrontement entre ces jeunes et les forces de police a lieu maintenant dans la pénombre. Toute l’esplanade du stade omnisports, de la station Texaco jusqu’à la Mobil, n’a pas d’éclairage public. Dans le noir, la tâche de la police n’est que plus compliquée. Surtout qu’il n’y a plus d’eau dans les camions antiémeute de la police.

Marabouts
Ces camions, dans la pénombre, pourchassent des jeunes qui risquent d’être écrasés à tout moment. Mais rien n’y fait. Comme s’ils s’étaient passé le mot, les manifestants, qui sont visiblement âgés de 15 à 23 ans, n’en démordent point. Ils continuent de jeter des pierres sur les forces de l’ordre qui sont obligées de fuir pour se retrancher dans le stade, à l’abri des projectiles.
Les policiers, face à la furie des manifestants, sont obligés de sortir les grands moyens. Avec le renfort de la gendarmerie, plusieurs tirs de bombes lacrymogènes retentissent dans le ciel. Le nuage de fumée que provoque ces bombe couvre toute l’esplanade de Mfandena, théâtre des émeutes. L’odeur est pestilentielle et, surtout, le gaz pique les yeux de ceux qui sont sur les lieux. Les insurgés, eux, replient. Ils se réfugient derrière des bâtiments environnant le stade, le temps que l’odeur se dissipe et les voilà de retour. Avec des cailloux. Les échauffourées recommencent de plus belle.

Aux environs de 19h30, ils allument des pneus autour desquels ils sont réunis. Ils apprennent que les Lions Indomptables ont quitté le stade, discrètement, selon certaines sources, dans un bus de la police. Le parcours a été détourné, question de fuir la furie des supporters. Au lieu de passer par Elig Edzoa où l’ambiance est elle aussi très tendue, les Lions sont passés par Essos pour rejoindre, hués, leur hôtel.

Ainsi s’est achevée une journée qui avait mal commencée. Un peu comme le 8 octobre 2005, lorsque le Cameroun se faisait éliminer de la Coupe du Monde 2006 par l’Egypte (1-1) avec un pénalty manqué de Pierre Womé en fin de match. Ce matin-là, il avait plu des cordes à Yaoundé. Samedi matin, quelques heures avant le match contre le Sénégal, le ciel de Yaoundé a pleuré. Une grande pluie que les plus optimistes ont qualifiée de bénédiction pour Samuel Eto’o et ses coéquipiers. Pour les adeptes d’une certaine mystique par contre, cette pluie est un mauvais signe. « La pluie a essuyé tout le travail que les marabouts ont fait. C’est mauvais. Je ne sens pas ce match », a confié un adepte de ces pratiques peu cartésiennes qui font le quotidien des Lions Indomptables.

Jean-Bruno Tagne



Un supporter tué par balle

Après le match Cameroun-Sénégal au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé samedi dernier, ils ont été les victimes d’une patrouille mixte de gendarmes et policiers.


L’émoi qui habite les habitants du quartier Elig-Edzoa des environs de la station-service Mrs ce dimanche 5 mai 2011 est dû à une scène macabre. Au réveil, certains parmi eux sont tombés sur le cadavre de Serge Alain Youmbi, un étudiant tué par balle pendant les émeutes qui ont suivi le match nul entre le Cameroun et le Sénégal (0-0) samedi dernier au stade Ahmadou Ahidjo.
Qu’ont-ils vu ? Le cadavre d’un jeune homme gisant sur le sol. Son poignet droit porte un brassard aux couleurs du drapeau sénégalais. Il est vêtu d’un Tee-shirt et d’un pantalon bleus. Son visage et ses lèvres sont tuméfiés, d’où on peut voir un caillot de sang noirâtre. « Ce n’est pas un habitant de notre quartier, je l’ai vu hier pendant que les gens lançaient des pierres sur tous les véhicules qui passaient. Quand les policiers sont arrivés à bord des camions anti-émeute, tout le monde courrait. Policiers et gendarmes se sont mis à tirer sur la foule. C’est alors que ce jeune homme est entré ici en criant sauvez-moi, sauvez-moi ! », raconte Germain Ngoah, qui habite près du lieu où le cadavre a été retrouvé. Serge Alain Youmbi n’a pas pu être sauvé, le jeune homme de 20 ans a succombé après la balle qu’il a reçue au thorax.

Hier matin, quand les gendarmes sont arrivés sur les lieux, la foule entourait le cadavre. Tandis que certains cherchaient à l’identifier, d’autres curieux s’en rapprochaient pour le voir, malgré le refus des gendarmes. Personne n’a pu l’identifier. C’est autour de 9 h 30 mn, que des membres de sa famille, en compagnie de policiers, se sont rendus sur les lieux et ont emmené la dépouille à la morgue. « Nous verrons, nous allons chercher une morgue et nous verrons après », a confié un homme présenté comme le frère de la victime. Ce dernier a par ailleurs fait savoir que son frère « est un homme tranquille, qui ne cherche pas de problèmes ».

Selon certaines sources que nous n’avons pas pu confirmer, Serge Alain Youmbi n’est pas le seul à être tombé sous les balles des forces de l’ordre qui réprimaient les émeutes de samedi dernier.

Ateba Biwolé

 

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