Cameroun - Sécurité. Crime: Douala, la capitale du grand banditisme

cameroun24.net Vendredi le 06 Décembre 2019 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Des scènes de violences et de vols avec armes à feu se multiplient dans une cité économique déjà en proie à une criminalité galopante lit-on dans les colonnes du quotidien privé Mutations.

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Un calme apparent règne au quartier Bonanjo à Douala. Sur l’un des axes principaux qui va du pont Joss à la Poste centrale, la vie a repris son cours normal. C’est sur cet axe, entre le cabaret Echo et l’ancienne direction générale d’une compagnie étrangère de transport aérien, où pullulent des établissements bancaires, qu’a eu lieu le braquage à main armée qui s’est soldé par un mort et un blessé. C’était le lundi, 02 décembre 2019. La victime est un homme présenté comme le caissier principal d’un supermarché de la ville. D’après des témoins, il aurait reçu deux coups de feu.

Mardi dernier, en fin de matinée, l’accès habituellement, interdit aux motos-taxis à Bonanjo, l’est désormais aussi aux motos à usage personnel. Des éléments de la police municipale veillent aux grains, juste après le pont Joss. « C’est pour ton bien, il faut faire demi-tour », intime l’un des agents à un usager à moto. Pour les plus téméraires, il faut montrer patte blanche, ce d’autant plus que ces conducteurs d’engins à deux roues sont aussi jugés par leur apparence pour accéder à Bonanjo.

Dans ce quartier administratif, la présence des militaires armés et des vigiles est effective comme d’habitude, devant les banques. Ce qui contribue à semer le trouble et la méfiance dans les esprits des habitués de ces lieux. « Comment ces brigands ont-ils le courage de venir braquer ici alors qu’il y a des militaires devant les banques, et à quelques mètres de la police judiciaire, et de la légion de gendarmerie ? », s’interroge une tenancière de call box qui dit travailler la peur au ventre depuis la scène de la veille.

L’homme abattu ce jour-là venait de sortir d’une banque avec un sac contenant de l’argent. 80 millions Fcfa, apprend-on. A peine monté sur sa moto, il a été pris pour cible par deux hommes, eux aussi sur une moto, qui ont ouvert le feu avant de s’enfuir avec le sac d’argent. Non sans avoir tiré sur un chauffeur de taxi qui effectuait une manœuvre sur la chaussée, laquelle était de nature à bloquer la voie aux suspects.

Ce mode opératoire est devenu fréquent à Douala. Une semaine plus tôt, à Ndokoti, deux bandits, toujours sur une moto, avaient également ouvert le feu sur les pneus d’une voiture, contraignant son occupant à s’arrêter. Ce dernier qui venait d’effectuer un retrait d’une grosse somme d’argent dans une banque a été dépossédé du sac contenant plusieurs dizaines de millions Fcfa.

Bandes organisées

Deux mois plus tôt, des bandits armés avaient tenté en vain de pénétrer dans un immeuble à Bonapriso, où vivent des expatriés. La situation est encore plus tendue dans les quartiers populaires. Le 02 décembre, alors qu’avait lieu le crime de Bonanjo, des scènes de violence étaient enregistrées à New-Bell. Des jeunes de ce quartier situé dans le deuxième arrondissement ont attaqué les commerces des résidents maliens.

Raison : une fillette de neuf ans avait été retrouvée morte la veille chez l’un de leurs compatriotes, blanchisseur. La victime aurait été violée d’après divers témoignages ; le suspect de son côté serait toujours en fuite. La police a dû intervenir à coups de gaz lacrymogène pour calmer la foule décidée à en découdre.

Aux braquages à mains armées, dont la liste est loin d’être exhaustive, s’ajoutent des crimes en bandes organisées. Samedi 9 novembre dernier, un groupe de jeunes munis de couteaux, machettes et de gourdins débarquent au quartier Brazzaville. Il est environ 21h. C’est la débandade au sein des populations. Dans leur folie meurtrière, ces hors-la-loi vont arracher la vie à deux hommes, d’après les populations.

La scène qui se déroule au carrefour Sainte Agnès, à 200 mètres environ du commissariat du 8e arrondissement intervient une semaine après que des jeunes, toujours à travers le même mode opératoire, ont dicté leur loi dans plusieurs quartiers de Douala dont Bonapriso, Akwa, Ngodi Akwa, Camp Yabassi, New-bell, Dernier poteau, Carrefour Anatole, pendant plusieurs heures.

Après ces faits, une réunion avait été organisée par le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua. L’objectif étant de ramener la sécurité au sein des populations. Des mesures qui, d’après le sociologue, Louis Roger Kemayou ne sont pas efficaces, surtout que, depuis lors, aucune de ces personnes n’a été officiellement arrêtée. « La solution serait d’affronter ces problèmes et trouver définitivement des solutions idoines. Malheureusement, au Cameroun, on résout difficilement les problèmes ».

Crise anglophone

Le sociologue explique également les causes de la  montée de cette insécurité dans la capitale économique. « L’insécurité qui règne actuellement à Douala est aussi la conséquence de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Puisqu’il n’y a presque plus d’activité dans ces régions, et que Douala est la ville la plus proche de Buea. Lorsque les gens se déplacent, ils emportent leurs effets et ceux qui ont des armes prennent avec eux leurs armes. Et nous savons que les contrôles de police et les contrôles mixtes sur nos axes routiers ne sont pas efficaces. Donc, les armes circulent de ces deux régions vers Douala qui est la capitale économique. Et la conséquence est là », développe-t-il. Il explique également la délinquance de ceux qui agissent en bande par le malaise social que vivent ces jeunes.

Les populations quant à elles ne savent plus à quel saint se vouer. Elles ont peur pour leurs vies. « Le calme est revenu au quartier. Mais le souvenir de cette insécurité reste présent dans nos mémoires », note une habitante du quartier Bessengue où une bande de jeunes a semé l’insécurité pendant plusieurs mois. Une sérénité qui n’est pas encore de mise à Bonanjo où la psychose règne toujours.

« On vit dans la peur depuis le braquage. On a réalisé à quel point nous sommes exposé et qu’on peut prendre une balle à tout moment. Que se serait-il passé si la police et la gendarmerie étaient arrivées et qu’il y avait eu des échanges de tirs ? », s’interroge une tenancière de call box qui espère que la quiétude reviendra dans un futur proche. Du côté des forces de maintien de l’ordre, un officier de police expliquait à Mutations que le mois de décembre est l’un des mois les plus criminogènes du fait surtout des fêtes de fin d’année. Les mesures de sécurité seront certes renforcées, mais la prudence est fortement recommandée.
 

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