Cameroun - Politique. Discours : Le Cameroun vu par Ni John Fu Ndi

Mutations Mardi le 19 Janvier 2016 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Message du nouvel an du président national du Social Democratic Front. (Par Ni John Fru Ndi*)

ADS


Camerounaises, Camerounais, vaillant Peuple du changement,

Vingt-six ans… Oui vingt-six ans déjà ! Comme le temps passe vite ! Pendant vingt-six ans, ensemble, nous avons lutté pour l’avènement d’un Cameroun nouveau et meilleur. Mais cet important laps de temps ne peut pas nous faire oublier que pendant trente-trois ans, notre cher pays a croupi sous le règne d’une dictature dirigée par un groupe de dirigeants malhonnêtes et corrompus.

J’aimerais une fois encore rendre hommage à ces Camerounais qui, sous le règne de M. Biya, ont fait le sacrifice suprême de leurs vies pour la construction d’un pays démocratique, libre et prospère, où le bien-être des Citoyens est au centre de toutes les préoccupations. De 1982 à ce jour, dans toutes les régions et dans toutes les familles, beaucoup de nos compatriotes ont perdu leurs vies soit par la torture, les balles ou des procès expéditifs et téléguidés.

J’aimerais une fois de plus rendre un vibrant hommage à ces Camerounais qui, depuis 1990, sous le règne de M. Biya, ont perdu leurs emplois et leurs biens, ou qui ont été mutilés et ont donné leurs vies pour un Cameroun démocratique, libre et prospère, où règne la paix et dont l’intérêt est au centre de toutes nos activités.

Je voudrais aussi rendre hommage à Pa Nicolas Ade NGWA, notre camarade décédé le 3 janvier 2016 qui, non seulement a combattu à nos côtés, mais qui a aussi servi le Parti pendant très longtemps en tant que Premier Secrétaire administratif, et qui a usé de tout son génie pour mettre sur pied le système de classement des fichiers et des archives du Parti. Très humblement, je demande à chacun de nous d’observer une minute de silence à la mémoire de ce grand homme et de celle de bien d’autres dont la contribution à notre lutte n’a jamais été des moindres.

 

Mesdames et Messieurs,

Les raisons qui nous ont poussés à créer ce parti politique, le Front Social Démocrate, sont encore d’actualité, et constituent la preuve de ce que le combat pour la démocratie, qui est un combat perpétuel, est toujours en marche. Nous avons la ferme conviction que le système de parti unique n’a jamais réussi à garantir ni les droits fondamentaux ni une gouvernance efficace et responsable. Très souvent, il a plutôt engendré la tyrannie, la corruption et une oligarchie perpétuelle. Nous restons déterminés et engagés à lutter pour débarrasser notre société de ces maux. Nous réaffirmons notre engagement à lutter sans relâche contre l’injustice sociale, le tribalisme, le népotisme, la corruption, le gaspillage, la décrépitude morale et toutes autres formes de discriminations. La démocratie reste et demeure le seul moyen véritable et recommandable par lequel un peuple peut accéder au pouvoir, construire son avenir et vivre dans la cohésion et l’harmonie.

Ensemble, sans discrimination d’aucune sorte, avec l’aide de tous et de chacun, nous devons déployer tous nos efforts pour contraindre le régime Biya à instaurer une gouvernance démocratique en 2016 en donnant suite aux exigences suivantes :

    * La mise en place du Conseil Constitutionnel prévu depuis vingt (20} ans par la Constitution, pour la contribution qu’il peut apporter à l’évolution de notre démocratie, est devenue une impérieuse nécessité ;
    * Un code électoral consensuel, une Commission Electorale Indépendante et un calendrier électoral constituent les conditions minimales pour des élections libres, pluralistes, transparentes et démocratiques;
    * Une biométrie complète, de l’inscription sur les listes électorales jusqu’à la proclamation des résultats ;
    * Limitation du Mandat Présidentiel à deux;
    * Introduction du bulletin de vote unique, seul moyen de lutter contre l’achat des consciences lors des scrutins.
    * Révision de la loi régissant l’audio-visuel en vue d’accorder des subventions à tous les organes médiatiques et pas seulement à la CRTV ;
    * Application effective de la convention collective et des lois sur l’autorégulation qui sont les garants d’un paysage médiatique libre et indépendant ;
    * Application effective de l’article 66 de la constitution sur la déclaration des biens et avoirs pour les détenteurs des charges publiques.
    * Adoption d’une loi sur la double nationalité ;

Je demande instamment à nos parlementaires de chercher comme d’habitude les voies et moyens pour donner suite aux préoccupations ci-dessus pour l’intérêt de notre chère Patrie.

 

Chers Compatriotes,

Comme les années précédentes, 2015 s’est caractérisé par des situations troublantes pour nous en tant qu’individus ou comme nation. Ceux qui gouvernent ce pays considèrent la vente à la sauvette, les moto-taxis, les calls box, les ouvertures anarchiques des ventes-à-emporter et des églises et autres activités dangereuses comme offres d’emplois viables, au point de claironner  qu’ils ont créé des centaines, voire des milliers d’emplois. C’est une horreur pour un régime de considérer de telles activités précaires comme un mode de développement ou un modèle économique.

 

Encore une fois, la loi de finances 2016 est restée très éloignée des véritables préoccupations des citoyens. Quand nous considérons que le prix du kilogramme de riz et des autres produits de première nécessité ont augmenté de plus de 200 frs suite à l’application du tarif extérieur commun sur les denrées alimentaires, il ne fait plus aucun doute qu’en 2016, la vie sera insupportable pour les Camerounais qui deviennent chaque jour de plus en plus pauvres.

 

Une réduction de 20 ou 25 frs par litre d’essence revient à dire qu’en 2016, le prix du carburant à la pompe continuera d’être cher, alors que le cours du brut a drastiquement chuté de près de 60% depuis le mois de mars 2015 et nous aurions dû depuis cette date bénéficier d’un taux de réduction correspondant aussi à 60%, et qui serait de 402 frs. Il s’agit d’une insupportable insulte pour les Camerounais puisque les prix du carburant continueront d’être toujours plus élevés au Cameroun qu’ailleurs en Afrique et dans le monde, en dépit du fait que le Cameroun est aussi un pays producteur de pétrole.

 

Mesdames et Messieurs,

Près de la moitié de nos compatriotes vivent avec moins de 500 frs par jour, c’est-à-dire au-dessous du seuil de pauvreté et pire encore, ce montant est encore de loin plus bas dans les zones rurales et dans la partie septentrionale de notre pays. En termes réels, plus de 70% de nos jeunes sont sous-employés ; notre véritable taux d’inflation laisse beaucoup à désirer et notre taux de croissance n’augure rien de bon pour les jours à venir. Le budget d’investissement, déjà très bas, n’est pas consommé alors que les Camerounais ploient sous le poids des impôts.

 

Mesdames et Messieurs,

Aujourd’hui, nous sommes en guerre contre la secte Boko Haram dans l’Extrême Nord, contre l’insécurité dans l’Est et contre le grand banditisme dans l’arrière-pays. Nous devons réfléchir sur les causes fondamentales et lointaines de cet état de choses. Pendant des décennies, nous avons assisté à un développement discriminatoire et déséquilibré de notre territoire national. Alors que certaines régions du pays nagent dans le luxe et l’opulence, d’autres vivent dans la pauvreté la plus abjecte. Pas étonnant donc que Boko Haram ait trouvé dans l’Extrême Nord un terreau fertile où il prospère, et il en aurait aussi trouvé ailleurs s’il était allé plus loin dans certaines parties à l’intérieur de notre pays. Pendant des années, nous avons attiré l’attention du régime de M. Biya sur les malheurs qui s’abattraient sur le Cameroun comme conséquences néfastes d’un tel développement discriminatoire. Nous continuons de féliciter et d’encourager nos vaillants soldats qui combattent sur tous ces fronts pour défendre l’intégrité et la souveraineté de notre territoire.

Ceci nous donne l’occasion de réfléchir sur l’avenir de notre pays en vue de poser les jalons d’un avenir meilleur pour notre peuple. Pour ce faire, c’est pour nous un devoir impérieux de dissuader nos enfants de se laisser aller à la vie facile et en leur inculquant les valeurs incontournables de la bonne morale et du travail acharné qui constituent le socle d’une société saine et les préalables de notre développement. L’éducation de notre jeunesse et la garantie des soins de santé primaire appropriés sont les indicateurs de la prospérité. Une formation appropriée permettra aux citoyens d’accéder à des emplois convenables et décents.

En ce qui concerne le secteur agricole, nous continuons à pratiquer une agriculture de subsistance. Nous devons nous moderniser pour devenir compétitifs et assurer notre auto-suffisance alimentaire. Nos populations doivent être les principaux bénéficiaires de nos ressources. Le Cameroun couvre 1,6% de la superficie du continent africain et occupe le 5ème rang en biodiversité après la RDC, Madagascar, la Tanzanie et l’Afrique du Sud. Le Cameroun est riche en ressources naturelles et recèle approximativement de :

   1. 21% d’espèces de poissons africains;
   2. 48% de mammifères;
   3. 54% d’espèces d’oiseaux;
   4. 50% d’espèces connues  d’amphibiens continentaux;
   5. 50%  d’espèces de reptiles;
   6. 42%  d’espèces répertoriées de papillons africains;

Bien que doté de tant de ressources naturelles, voilà le pays de l’abondance qui se caractérise par une pauvreté des plus abjectes !

Le Front Social Démocrate (SDF) s’engage à aborder la situation de pauvreté des citoyens à travers des politiques agricoles proactives et progressives qui s’attaqueront à certains des obstacles identifiés qui entravent le développement de l’agriculture au Cameroun. Il s’agit particulièrement de la déforestation, de l’érosion des sols par les eaux et par le vent, de l’exploitation anarchique de nos ressources naturelles (forêts, pêche, élevage), de l’implication insuffisante des populations locales dans les prises de décision, de la législation et application insuffisantes de la loi, de la corruption endémique, de l’inefficacité et de l’inertie institutionnalisée.

La libéralisation du secteur des engrais n’était pas en soi une mauvaise chose. Mais la mauvaise mise au point, la préparation inappropriée de la transition, le manque d’efficacité et la corruption dans l’administration bureaucratique de l’Etat ont créé des pénuries artificielles qui ont conduit à la montée en flèche des prix et contribué à paralyser l’agriculture camerounaise et à plomber son développement industriel. La situation s’est aggravée aujourd’hui avec les conséquences du réchauffement du globe et des changements climatiques.

Pour nous adapter à la situation du changement climatique et atténuer ses impacts sur notre agriculture, nous développerons des partenariats avec les jeunes, les femmes et le sector privé en général pour une participation effective à l’approvisionnement en intrants. Ce faisant, nous ferons en sorte que des méthodes de protection biologiques et respectueuses de l’environnement soient adoptées à grande échelle. Nous ferons la promotion de l’utilisation du fumier provenant des ordures ménagères, des déjections animales, de la préparation et la production du fumier de compost et des vestiges de légumes dans nos exploitations agricoles.

Toutes ces précautions mettront un terme à l’incendie de notre végétation et à la carbonisation qui à conduit à la destruction de la texture du sol, de son humus et de ces micro-organismes utiles qui améliorent la croissance des plantes. Ces politiques et ce train de mesures amélioreront notre production agricole et contribueront à la longue à la réduction de l’émission des gaz à effet de serre.

Nous ne pouvons pas nous passer de mener quelques réflexions autour du concept du changement climatique. Les générations à venir ne saisiront bien ce phénomène mondial que si, en grandissant, on leur a enseigné les fondamentaux de l’observation météorologique qui a été enlevée de nos programmes scolaires. Ces principes étaient acquis pendant les cours de « Science d’Observation de la Nature » dispensés dans nos écoles primaires, secondaires et techniques. C’est pendant ces cours que les éléments climatiques telles que la température, l’humidité, la quantité des précipitations, la direction ou la direction cardinale du vent pour ne citer que quelques-uns étaient étudiés de la même façon par les élèves et les étudiants à tous les niveaux.

En mettant en œuvre de tels principes de base, les générations futures seront capables d’atténuer les conséquences des changements climatiques et de s’adapter aux changements de temps et des saisons dans tous les domaines de la vie. Nous demandons donc instamment au gouvernement Biya de réintroduire dans les meilleurs délais ces programmes dans notre système éducatif.

C’est bien triste qu’après avoir bloqué une proposition de loi du SDF sur les marais et les captages des eaux, le Parlement obèse des membres du RDPC ait fait une brusque pirouette pour prétendre aujourd’hui qu’il est en train de lutter contre les changements climatiques. Si ce n’est pas de la démagogie politique, c’est que ça y ressemble étrangement !

Quoi qu’il en soit, nous interpellons les pays développés et industrialisés dont les comportements et les activités ont réduit la couche d’ozone de l’atmosphère et facilité les conditions pour les changements climatiques de prendre leurs responsabilités et d’y mettre un terme. Ce sont eux qui ont épuisé les forêts tropicales humides du monde par l’exploitation égoïste et anarchique du bois.

Nous leur demandons avec insistance de payer pour les dégâts déjà causés en mettant un terme à l’exploitation sans discernement des forêts et en réparant le préjudice causé aux régions qui sont les principales victimes d’une telle exploitation.

Planter les arbres doit être dépourvu de velléités de récupération et de politique politicienne. Pendant trop longtemps, nous avons prétendu que nous étions en train de planter des arbres dans notre pays. Mais les faits sont là qui démontrent clairement que rien ou très peu a été fait. Le désert, plus que jamais auparavant, continue de menacer les régions septentrionales de notre pays. C’est pourquoi le SDF propose que pour chaque arbre coupé, deux autres ou plus de la même espèce soit plantés et que pour les régions septentrionales, qu’une campagne de plantation généralisée et intensifiée d’arbres soit à l’ordre du jour. Pour ce faire, nous interpellons les exploitants et le gouvernement de la République pour qu’ils créent des pépinières des espèces exploitées et des espèces testées dans les zones sahéliennes pour permettre de planter et de replanter les arbres.

Le logement, l’eau potable, l’électricité, nos routes et autoroutes continuent d’être de grands défis que nous devons relever. Les infrastructures routières et le transport sont un secteur de notre société soumis à la navigation à vue, un secteur indigent tombé en ruines. Le régime prétend que chaque année il dépense des sommes colossales pour l’entretien et la construction des routes, et pourtant, tout le monde peut constater que nous n’avons pas de routes. A peine les entrepreneurs du RDPC ont-ils quitté les chantiers que les nids de poule s’amoncellent  et que le vent et les pluies commencent à éroder la mince couche de goudron mal dosée  ou la terre de nos routes sans canalisations.

La construction des routes et les moyens de transport en général sont injustement destinés au financement du parti au pouvoir. La seule qualification pour gagner un marché de construction d’une route ou d’importation d’équipement de transport tels que les voitures de chemin de fer ou des avions dans notre pays est d’être membre du RDPC. Rien dans ce secteur ne peut se faire sans le coup de pouce du clientélisme politique.

Notre programme est de garantir l’entretien soutenu des infrastructures routières avec les revenues tirés des postes de péage et de pesage. Le régime Biya nous a piraté ce projet, comme bien d’autres du SDF, mais l’a mis en œuvre au petit bonheur avec les conséquences désastreuses de transformer nos routes en points noirs et en mouroirs et de détourner l’argent collecté vers des entreprises politiques hasardeuses et même destructrices. Nous demandons aux Camerounais de déloger tous les postes de péage implantés dans les secteurs délabrés de nos infrastructures routières et appelons tous les usagers de la route à la désobéissance civile quant au paiement des frais de péage jusqu’à ce que les routes soient convenablement entretenues.

Il est très troublant de constater qu’on laisse les routes se détériorer complètement et qu’ensuite on adjuge les marchés de leur réhabilitation à des entrepreneurs sans scrupules et des détourneurs de fonds du régime en place. Jamais nous ne laisserons nos routes se raviner, emporter des vies, détruire des véhicules et paralyser l’activité économique !

Mesdames et Messieurs,

Le Front Social Démocrate a célébré son jubilé d’argent en 2015. Vingt-cent ans d’existence, vingt-cinq ans de combat, vingt-cinq ans à l’avant-garde de la lutte pour le changement dans notre pays !

Ensemble, nous avons connu des moments mémorables et exaltants : des moments de communion, de joie, de bonheur et de plaisir, mais aussi des moments de crise que nous ne pouvons occulter. Tel a été notre itinéraire politique. C’est ici l’occasion pour tous et chacun de nous de demander pardon et d’accorder le pardon aux autres.

Le rêve des Pères de l’Indépendance et des Pères Fondateurs du SDF a été de construire un Cameroun démocratique, moderne, prospère où toutes ses filles et fils vivront en paix, dans l’égalité des droits et l’égalité des chances. C’est sur cette toile de fond que je vous souhaite une heureuse et fructueuse année 2016.

Vive le SDF! Vive le Cameroun! Que Dieu nous comble de ses bénédictions !

*National Chairman

ADS

 

Lire aussi : Marcel Niat Njifenji 89 ans réélu président du Sénat au Cameroun
Lire aussi : Cavaye Yeguie Djibril réélu président de l'Assemblée Nationale du Cameroun
Lire aussi : Maurice KAMTO accuse le RDPC de vouloir transformer le Cameroun en une authentique République monarchique

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS