Cameroun - Politique. Discrétion: Les «invisibles» du gouvernement

Sylvain Andzongo | Repères Jeudi le 18 Octobre 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le gouvernement du 9 décembre 2011 dispose en son sein de 37 ministres pleins, 9 ministres délégués, 4 ministres chargés de mission et 10 secrétaires d'Etat. Toujours est-il que beaucoup risquent de sortir du gouvernement sans avoir jamais été reconnus dans la rue. Morceaux choisis.

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Le gouvernement du 9 décembre 2011 dispose en son sein de 37 ministres pleins, 9 ministres délégués, 4 ministres chargés de mission et 10 secrétaires d'Etat. Cette catégorisation de ministres est un indicateur de l'importance et du poids qui leur sont conférés. Mais, force est aussi de relever que certains ministères, ou certains postes dans l'appareil gouvernemental, sont actifs ou adynamiques en fonction même des personnalités qui les chapeautent. Ainsi constate-ton que certains membres du gouvernement sont aussi anonymes que leur chauffeur, même lorsque le ministère qu'ils dirigent joue un rôle républicain majeur. Ils sont victimes d'une communication amorphe, mais cela peut cacher une vraie faiblesse managériale. Parfois aussi, pour les ministres délégués et les secrétaires d'État ils supportent mal la coexistence avec le titulaire du poste. Toujours est-il que beaucoup risquent de sortir du gouvernement sans avoir jamais été reconnus dans la rue. Morceaux choisis.


MINEPAT: M. Yaouba Abdoulaye: caché au Cameroun mais vedette en France...

La presse camerounaise cherche en vain les actions de marque du ministre auprès du ministre de l'Economie, de la planification et de l'aménagement du territoire, chargé de la planification (Minepat). Mais en France ce n'est pas le cas. Le 1er octobre 2012, le site web du journal français en ligne, «sudouest.fr», accorde tout un article à M. Yaouba Abdoulaye et son épouse Zara en visite privée à la Rochelle. L'auteure de l’article raconte comment «Le ministre camerounais a été accueilli à la mairie de Couze, par Véronique Dubeau-Valade maire, le Conseil municipal et Christian Bourrier, adjoint au maire de Lalinde. Deux des enfants de Yaouba Abdoulaye, Mariam Leila et Yaouba Djanila, ont en effet intégré le programme d'échanges entre le Cameroun et l'école de Couze, initié par l'association le Jardin de Marie et parrainé par la mairie de Couze. Ce projet, qui a vu le jour lors de la 13e édition de la Semaine de solidarité internationale, en 2010, nécessite une implication des collectivités françaises et camerounaises. Le ministre est un des adhérents du Jardin de Marie, condition sine qua non pour que ses enfants comme c'est le cas pour tous les Camerounais puissent participer à ces échanges.»

Pourtant, au Cameroun, c'est rare d'apercevoir M. Yaouba Abdoulaye sur le champ de l'action. L'un de ses derniers actes d'envergure remonte à 2010. C'est à lui que l'on avait refilé la responsabilité de lire les résultats controversés du recensement général de la population camerounaise. Une prestation à la peine, devenue un vrai supplice pour le ministre délégué. Dans ses sorties médiatiques pour expliquer ces résultats, il sera d'autant plus mis en difficulté par les questions les plus simples sur le nombre des étrangers au Cameroun. Après cela, il a dû jurer de ne plus s'exprimer en public.


MINRESI - Mme Madeleine Tchuinte: un procès pour sortir de l'ombre

Ministre de la Recherche scientifique et de l'innovation (Minresi), Mme Madeleine Tchuinte dirige un département ministériel majeur. Tant le domaine de la recherche est d'une grande importance pour un pays en voie de développement comme le Cameroun. L'on s'attendrait alors à voir une ministre sur tous les fronts, présentant telle ou telle variété de cultures qui s'adaptent aux changements climatiques par exemple, ou encore dévoilant les innovations de son département ministériel pour résoudre quelques problèmes existentiels des Camerounais: Peut-être travaille-elle dans ce sens mais en tout cas, ce n'est pas visible. Elle semblait se complaire de son douillet bureau à Ngoa Ekellé, sans risque d'être perturbée.

Il a fallu que son nom soit récemment cité dans une publication controversée, Charles Ateba Eyene, comme appartenant à une loge maçonnique pour voir la ministre sortir de sa réserve légendaire et ester en justice. C'est aussi à cette occasion que beaucoup ont découvert une femme énergique qui peut se défendre. A l'image de sa vie de militante du Rdpc dont les faits d'armes l'ont faite remarquer et qui contrastent avec sa discrétion comme ministre.

Née le 10 juillet 1947 à Nkongsamba, Madeleine Tchuinté est pharmacienne de formation, diplômée de la faculté de pharmacie Louis Pasteur de Strasbourg en France, en 1972. On la présente comme une femme d'affaires professionnelle. En témoigne le succès avec lequel elle a géré sa «Pharmacie de L'amitié» à Bafoussam de 1979 à 2004. En politique, elle a consommé deux mandatures à l'Assemblée nationale (1988-1992 et 1992-1997) sous les couleurs du parti au pouvoir.

Son passé de syndicaliste tranche également avec sa voix atone dans le gouvernement. En effet, l'actuelle Minresi a été militante active de la Feanf (Fédération des étudiants d'Afrique noire en France) et de l'Unek (Union nationale des étudiants Kamerounais).


MINMIDT - M. Fuh Calistus Gentry: plus militant du Rdpc que secrétaire d'Etat

C'est dans son Donga Mantung natal qu'on le connaît le mieux. Il est plus visible lors des meetings politiques du Rdpc, dit-on. Et de ce fait, rarement aperçu dans les activités liées à sa fonction de secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Industrie, des mines et du développement technologique (Minmidt). Pendant les campagnes électorales en juillet 2007, où il était candidat aux élections législatives pour Ako / Misaje, M. Fuh Calistus a réussi à être élu député. M. Fuh Calistus Gentry est né le 4 mai 1963 à Misaje. Après un baccalauréat en géologie, il poursuit ses études à l'Imperial Collège de l'université de Londres, où il a étudié et obtenu une maîtrise et plus tard un doctorat en géologie et des mines.

Petite curiosité, sur le site web du premier ministère, son nom apparaît. Mais lorsque l'internant veut interroger sa biographie, ses missions ou sa feuille de route. C'est le blanc total.


MINEDUB - Mme Youssouf née Adidja Alim: une présence gouvernementale buissonnière

Elle fait partie de l'élite administrative de la Bénoué mais ses proches parlent d'une dame très discrète. Discrète au point où ces quelques rares apparitions en public en tant que ministre de l'Education de base (Minedub) peuvent se compter. Est-elle échaudée par ce qui est arrivé sa prédécesseuse, Mme Haman Adama née Halimatou Mahonde, aujourd'hui dans les griffes de l'opération Epervier?

Surjoue-t-elle la musulmane réservée, comme le montre son habillement? Difficile de l'affirmer. Mais l'absence de visibilité de Mme Youssouf cache mal le caractère d'une ministre qui se presse lentement, et n'accorde pas d'interview pour ne pas avoir à expliquer une action qu'elle pose avec beaucoup de contestations.

Mai 2011, plus d'un an après le décret du Premier ministre chef du gouvernement portant revalorisation des primes de surveillance et de correction lors des examens et concours, le ministre de l'Education de base refuse toujours sans qu'on sache pourquoi, de rendre opérationnelle cette décision du gouvernement. Or, son collègue des Enseignements secondaires l'applique déjà. Malgré des relances des syndicats des enseignants du primaire, le ministre de l'Education de base fait la sourde oreille. Ce qui a amené les syndicats, à lancer un mot d'ordre de boycott du concours d'entrée en sixième et le Certificat d'études primaires (Cep).


MINJUSTICE - M. Jean Pierre Fogui: N’eût été une accusation de pyromanie au tribunal de Bafoussam...

Difficile de remplacer à un poste un certain... Maurice Kamto, sans courir le risque d'être comparé à un aussi illustre prédécesseur (artisan important dans le processus de restitution de la presqu'île de Bakassi et du code de procédure pénale, ministre démissionnaire dans un environnement où l'on n'a pas la culture de la démission, aujourd'hui opposant médiatisé...) M. Jean Pierre Fogui en fait l'expérience. Depuis sa nomination au poste de ministre délégué auprès du ministre de la Justice, garde des sceaux (Minjustice) le 9 décembre 2011 même un sondage informel ne peut pas établir que les Camerounais le connaissent physiquement.

Cependant, bien qu'étant peu connu du tout public, l’actuel ministre délégué auprès du Minjustice n'est pas inconnu dans sa Menoua natale. Pas seulement grâce à son poste ministériel, mais en raison d'un scandale. Selon le quotidien «La Nouvelle Expression» du 14 Juin 2012, M. Jean Pierre Fogui est accusé d'avoir commandité en 2008 la destruction et l’incendie d'une ferme dans le village Bafou dans la Menoua. L'affaire l'oppose à la société Elevage Promotion Afrique (Epa), représentée par son directeur général Bernard Azangué.

Un fait divers loin des préoccupations quotidiennes des justiciables, qui se seraient attendus à une action prononcée pour l'amélioration de la justice, des conditions de détention et d'emprisonnement, mais qui doivent plutôt côtoyer dans les prétoires celui qui doit apporter les réponses.


MINEFOF - Mme Koulsoumi Alhadji épouse Boukar: La forêt cache une fiscaliste

Née en 1968, elle est la plus jeune du gouvernement de M. Philémon Yang II. En sa résidence sise au quartier Dragages à Yaoundé, l'on parle d'une personnalité sobre et humble. Mme Koulsoumi Boukar, désormais secrétaire d'Etat auprès du ministre des Forêts et de la faune, sort de l'anonymat du palais où elle occupait jusqu'ici les fonctions de charge de mission à la Direction des affaires économiques de la présidence de la République. Une direction qu'elle a intégrée comme attachée après un séjour à la direction générale des impôts. Une direction où elle a été affectée après sa sortie de l'Ecole nationale d’administration et de magistrature.

Elle y a gravit les échelons au point d'être promue chef de la brigade nationale de contrôle de la direction des impôts. Les résultats qui y sont enregistrés ont sans doute milité pour sa promotion dans les services de la Présidence. Mais sa nomination an ministère des Forêts et de la faune, le 9 décembre 2011, a été pour elle une véritable surprise. Ce d'autant que dans ce secteur, elle ne dispose d'aucune référence. Cela peut aussi expliquer pourquoi, même sorti de l'anonymat de la présidence de la République, elle est retombée dans celui plus épais de la forêt dense.

Dans son département d'origine la Vina, sa nomination aux dires des observateurs de la scène politique indique qu'elle est la pièce de rechange de M. Baba Hamadou. Mme Koulsoumi Boukar devra ainsi assumer son leadership (puisqu'étant unique ministre Rdpc de la Vina) dans un département où les oppositions sont grandes. Peut-être la verra-t-on de plus en plus. 

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