Pour certains, ledit plan se limite tout simplement à proposer un ensemble d’objectifs qui ne seront pas atteints. Tandis que pour d’autres, cette stratégie qui reste sujette à révision servira de même à évaluer les opportunités et à permettre à la ville de retourner à un état normal dans un Cameroun en croissance.

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1-Une ville désordonnée

L’insalubrité a fait son nid à Douala. Un peu partout, des tas d’immondices, des bacs à ordures débordent et tardent à être vidés… A quelques encablures du marché de Bonamoussadi, un tas d’ordures se dresse tel un volcan en ébullition. Au marché Ndogpassi, le bac à ordures est régulièrement débordé. Ces exemples ne sont pas particuliers. Dans ce marché de la périphérie, des denrées alimentaires exposées à même le sol côtoient les ordures ménagères. Et les rigoles pleines de saleté. A Douala, l’insalubrité, l’inorganisation et la mauvaise gestion des espaces publics n’est plus un secret pour personne. En dépit des efforts reconnus déployés par les pouvoirs publics, à travers les services d’Hysacam, Douala n’est pas une ville propre. «Une ville propre, salubre, et bien entretenue est une ville conviviale où il fait bon vivre», affirme Prince Naser Kemajou, environnementaliste. Priorité forte énoncée par le délégué du gouvernement, l’aménagement et la gestion des espaces publics qui doit contribuer à améliorer la sécurité, la propreté, la fonctionnalité et l’aspect des principales places, avenues et rues des centres principaux et secondaires ne répondent toujours pas aux préoccupations de la population et aux exigences du développement économique.

Le cas des espaces marchands de la cité économique en est une parfaite illustration. Depuis une vingtaine d’années, ces lieux par excellence de l’activité informelle n’ont subi que peu de transformations. Victimes d’incendies à répétitions, tombés en désuétude, haut lieu d’insécurité et de désordre urbain, ils sont, de par leur taille, leurs équipements et leur localisation insuffisants, trop concentrés dans le centre-ville. Ce qui fait dire qu’«il est nécessaire de reprendre en main ce secteur et d’adapter les équipements et les modes de gestion aux exigences actuelles, puis à l’évolution future de l’agglomération. Il faut améliorer les conditions d’exercice des activités, l’accessibilité et l’efficacité économique. Il faut créer des pôles marchands secondaires, un marché de gros pour les produits vivriers à l’échelle des besoins de la ville en 2015-2020».

Sur un autre plan, parlant des infrastructures routières, la plupart des axes routiers qui s’imposent naturellement comme offrant la meilleure desserte des quartiers ne sont pas tous pourvus d’emprises suffisamment larges. Des démolitions rentrant dans le cadre des travaux d’urgence annoncés lors de la dernière session ordinaire du conseil du premier trimestre de la Communauté urbaine de Douala changeront, à coup sûr la physionomie de Douala. Qui fait également face aux problèmes environnementaux énorme en raison des conditions climatiques et géographiques particulières (fortes précipitations, relief presque horizontal et comprenant des vastes zones inondables). En plus, une longue période d’inaction obligée est à l’origine de la dégradation des réseaux. Ainsi, l’aire métropolitaine qui comprend des écosystèmes, dont la forêt équatoriale et la mangrove se trouve menacée par l’action de l’homme. Pour y remédier, des spécialistes des questions urbaines sont d’avis qu’il faut «développer une politique pilote en matière d’environnement, et de placer la ville parmi celles qui développeront des solutions innovantes en matière de protection du milieu, au niveau national (traitement des problèmes propres à l’agglomération) et international (lutte contre le réchauffement climatique, protection des forêts équatoriales, de la mangrove et de manière générale de la biodiversité)».


2- Une stratégie pour développer

C’est donc dans ce sillage que se situe le plan de stratégie de développement de Douala. Bien avant, il y eu d’autres projets jusqu’ici restés dans les tiroirs.

«Le nouveau plan de stratégie de développement», se propose entre autres d’améliorer l’accessibilité dans les quartiers, gérer les impacts (activités économiques et déplacements) et améliorer l’insertion urbaine du projet d’entrée Est de la ville, réorganiser et compléter le système des marchés. Le plan de stratégie de développement envisage de faire de Douala une ville pilote en Afrique en matière d’environnement. De même qu’il entend par ailleurs, améliorer le système de planification, mettre en place une coordination technique obligatoire de tous les projets, coordonner les politiques d’équipements de la Cud et des concessionnaires, mettre en place une agence foncière, créer, équiper et gérer une zone logistique moderne, créer, équiper et gérer une grande zone industrielle à l’est de Douala, promouvoir et réaliser un centre urbain et d’affaires de niveau international et améliorer la gestion des espaces publics. Que d’objectifs contenus dans ce plan de «stratégie de développement de la ville de Douala et de son aire métropolitaine», lancée, suite à un appel d’offres international, le 21 août 2007.

Présentée sous la forme d’un nombre d’axes majeurs d’intervention des municipalités de l’aire métropolitaine, des différents partenaires institutionnels, de développement, privés et de la société civile, elle vise, en peu de mots à améliorer les conditions de vie des populations pauvres. Notamment à travers la dynamisation du secteur informel dans le sens d’une augmentation des bénéfices individuels et collectifs. «La stratégie de développement, n’est en aucun cas une liste de souhaits, de projets ou de plans sectoriels, mais un projet de ville novateur adossé à un ensemble d’actions» déclare Fritz Ntonè Ntonè qui, affirme par ailleurs que la Communauté urbaine «devra conduire à une amélioration significative de la ville et de son aire métropolitaine dans le sens des objectifs définis dans le présent document».


3- Projet utopique

L’élaboration d’une stratégie à long terme soulève souvent des objections. Et du coup naissent des malentendus issus de l’incompréhension de la notion de « vision à long terme». Pour certains, ces deux termes «vision» et «long terme» suggèrent l’image de descriptions utopiques, irréalistes et impossibles à concrétiser. «Avant il y a eu d’autres plans de stratégie qui sont restés lettres mortes. Ce plan de stratégie de développement qui envisage de faire de Douala, une ville pilote en Afrique en matière d’environnement relève plus de la rêverie que de la réalité. Nous ne disons pas qu’il n’est pas réalisable. Nous pensons tout simplement qu’un changement de mentalité s’impose. Il faut que nous ayons à cœur la protection de notre environnement », critiquent les environnementalistes. A la Communauté urbaine de Douala, cette vision de Douala est extrêmement modeste. «A long terme la ville devrait simplement revenir à un état normal dans un Cameroun en croissance». «Le recours au long terme, argue-t-on à la Cud n’est pas destiné à faire naître des rêves, mais simplement à montrer la nécessité de changements de structures».

Pour de nombreux observateurs avertis, la perspective à long terme, fondée sur des observations et des évolutions déjà engagées, permet de montrer que des changements de structures seront nécessaires et indispensables, sans faire recours à des imaginations et à des exercices de science fiction. Toutefois, la démarche prospective, même tout à fait modeste, n’ouvre-t-elle pas le débat et oblige à imaginer des solutions qui en sont plus que la répétition des pratiques antérieures? Et les orientations stratégiques à long terme ne sont-elles pas ni des prévisions, ni des prédictions, mais seulement un système de référence qui facilite le choix des actions quand des opportunités se présentent?

 

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