Présidentielle 2011. Douala :Récit d’une journée tendue

Julien Chongwang | La Nouvelle Expression Jeudi le 24 Février 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les manifestations toutes étouffées dans l’œuf se sont concentrées sur le boulevard de la République. Avec une répression d’une rare violence à l’égard des organisateurs.

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Cette journée du mercredi 23 février 2011 s’annonçait déjà chargée d’électricité. Elle a tenu sa promesse. Dès les premières heures du matin, l’on observe une confirmation des tendances qui s’étaient manifestées depuis plusieurs jours ; à savoir une forte militarisation de la ville. Les forces de l’ordre se sont entassées dès le matin autour du lieu dit « salle des fêtes d’Akwa », place du centre-ville sur le boulevard de la République, où Jean Michel Nintcheu, député Sdf (Social Democratic Front) avait prévu d’organiser un meeting dit « marche des martyrs ». À la mémoire des personnes tuées lors des émeutes de la faim de février 2008. Une manifestation à laquelle doivent prendre part d’autres partis politiques, en l’occurrence le Pds (Parti démocrate socialiste) représenté par Robert Simo, l’Ufdc (Union des Forces démocratiques du Cameroun) de Victorien Hameni Bieleu et le Manidem (Mouvement africain pour la Nouvelle indépendance et la Démocratie) d’Abanda Kpama… Ce sont d’ailleurs les membres du Manidem qui sont les premiers à arriver sur place aux environs de 11h 10 mn.

Où l’on se rend compte de ce que l’impressionnant dispositif policier déployé ne sert pas d’ornement. Comme un seul homme, les policiers et les gendarmes en faction se dirigent vers ces hommes qu’ils se mettent aussitôt à rouer de coups de matraques avant de les embarquer de force dans leurs véhicules pour les emmener loin de ces lieux.

 

Jean Michel Nintcheu tabassé


 

A peu près au même moment, au carrefour dit « Mobil Bonakouamouang », un attroupement se forme. C’est l’honorable Jean Michel Nintcheu qui est en train d’arriver, et qui, d’après son récit, s’est arrêter pour distribuer les pancartes de la marche à la population qui s’était massée autour de lui. Mais, les camions lance-eau et les flics accourent aussitôt et interrompent son action. Dans l’altercation qui s’en suit, le parlementaire est tabassé et aspergé d’eau, puis enlevé lui aussi et amené à bord d’un véhicule des forces de l’ordre et conduit à toute vitesse vers une destination inconnue.

 

Pendant de longues minutes, c’est la confusion, la tension est toujours dans l’air. Les policiers et les gendarmes sont toujours campés un peu partout. Certains portent des gilets pare-balles, avec des protège-tibias, et ils tiennent en main pour la plupart des boucliers en main. Côté matériel, l’artillerie lourde est aussi sortie : des camions pour le transport des troupes, des camions antiémeutes, et autres… Tout cela est d’ailleurs coordonné par les plus hautes personnalités des forces de l’ordre de la ville de Douala. C’est ainsi que l’on peut apercevoir Joachim Mbida Nkili (délégué régional de la sûreté nationale pour le Littoral) auprès des flics, donnant des instructions ou répondant au téléphone. Pendant ce temps, certains de ses hommes font des va-et-vient en attendant que l’alerte soit donnée pour qu’ils foncent. Et ça ne tarde pas à venir

 

…Kah Wallah rouée de coups

 

Soudain, c’est effectivement la mobilisation dans les rangs des flics. Tout le monde (ou presque) monte subitement à bord des camions, et ceux-ci démarrent en trombe. Direction, lieu dit « Feu rouge Bessengue ». Là Edith Kah Wallah et son association « Cameroun O Bosso » viennent d’entamer leur marche. Ils sont accompagnés par des jeunes du Purs (peuple uni pour la Rénovation sociale). Une fois sur les lieux, les forces de l’ordre ne se font pas prier. Ils chargent aussitôt et Edith Kah Wallah est copieusement rouée de coups de matraques avant d’être aspergée d’eau. « Pour la première fois, j’ai vu les cheveux de Kah Wallah », explique un témoin qui rapporte que l’ex-militante du Sdf s’est vu déchirer les habits « au point de se retrouver presque nue ».

 

Dans la foulée, Félix Tafou, Stéphane Tchoumbou et Séraphin Yepmo du Purs sont aussi molestés. Ce dernier, apprend-on d’ailleurs des camarades de son parti, se trouvait hier soir encore dans un état inquiétant à l’hôpital Laquintinie. Quant aux deux autres et à Kah Wallah, ils ont séjourné pendant plusieurs heures dans l’après-midi aux urgences de la clinique Docteur Muna, sise au quartier Bonanjo, avant d’en retenir.

 

Sans nouvelles de Mboua Massock

 

Vers 14 h pourtant, les dirigeants et cadres du Sdf dans le Littoral, du Manidem, de l’Ufdc, et du Pds se retrouvent au siège du Manidem, sis au lieu dit « carrefour, Tif », situé à un jet de pierre du lieu de la manifestation. Question pour eux d’analyser la journée et réfléchir à la nouvelle stratégie. C’est là que l’on constate que Jean Michel Nintcheu a des meurtrissures sur le bras droit et une blessure à la main. Il a aussi perdu ses lunettes médicales dans l’altercation et sa chemise est déchirée. L’on apprend qu’après leur enlèvement, tous ces hommes ont été transportés très loin au lieu dit « Pk 14 », à l’extrême périphérie de la ville. Là, disent-ils, ils ont été débarqués de la voiture et abandonnés sur place. Lors de ce point de presse, ils ont déploré le comportement « barbare » des forces de l’ordre face à des manifestations pacifiques.

En effet, aucune action violente n’a été observée chez ces leaders politiques, ni chez les personnes qui les entouraient, encore moins chez les populations qui sont sorties sur les trottoirs pour assister à ces bastonnades et arrestations qui avaient commencé, apprend-on, dès l’aube. Avec l’arrestation à Bonanjo de Mboua Massock dont La Nouvelle Expression était sans nouvelles jusque tard hier soir…

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