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Cameroun - Politique. Emeutes de février 2008: ""Les apprentis sorciers" courent toujours

Olivier A. Ndenkop | LActu Mardi le 20 Mars 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les pouvoirs publics qui ont parlé de conspiration n'ont jamais présenté les véritables conspirateurs. Quatre ans après le déclenchement des « émeutes de la faim » les mémoires sont toujours marquées par la réaction des pouvoirs publics. La descente de la population dans les rues pour revendiquer les meilleures conditions de vie, à la suite d'une baisse drastique du pouvoir d'achat et de la non disponibilité des denrées n'était pas une exclusivité du Cameroun.

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Mais, chez nous, le pouvoir a crié au complot et à la déstabilisation. Quelques jours après le déclenchement de ces « émeutes de la faim », Paul Biya a effectué une sortie médiatique pour tancer la jeunesse et mettre en garde « les apprentis sorciers tapis dans l'ombre ». Aujourd'hui, les institutions spécialisées de l'Etat n'ont jamais déniché les apprentis sorciers qui selon le chef de l'Etat avaient instrumentalisé la jeunesse. Les sanctions infligées en cascade à des jeunes « manifestants » dans une célérité inhabituelle confortent toujours la thèse d'une « parodie de justice », d'après la formule des leaders d'associations de la société civile préoccupés par cette affaire.

La récente condamnation à vie de Paul Eric Kingue par le Tribunal de grande instance du Moungo ne s'en écarte pas. Car, les malheurs de l'ancien maire de Njombe-Penja ont commencé en février 2008 et il a d'ailleurs été présenté comme l'instigateur des « émeutes dans sa localité ». Le même discours a été tenu à l'encontre de l'artiste Lapiro accusé d'avoir entrainé les jeunes de Mbanga dans la rue. L'artiste a passé trois ans en prison. Comme eux, des milliers de Camerounais ont été embastillés pendant les manifestations. Certains ont été relaxés après une audition sur procès verbal dans les structures de police, mais la majorité est passée devant les tribunaux. Faisant parfois l'objet des procès et des sanctions collectifs.

Ce qui n'a rien changé au fond du dossier. Car, le pouvoir qui a crié à la « conspiration des apprentis sorciers en vue d'obtenir par la route ce qu'ils n'ont pas pu obtenir par les urnes » n'a jamais dévoilé l'identité des conspirateurs. D'ailleurs, lors du conseil de ministre du 7 mars 2008, Paul Biya s'est presque dédit en reconnaissant que la grogne est partie d'un mal-être réel. C'est d'ailleurs pourquoi il a instruit ses collaborateurs à travailler dans le sens de l'amélioration des conditions de vie des Camerounais, même si quatre ans après, le panier de la ménagère reste maigre.
 

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