Cameroun - Economie. Ex Oncpb, Régifercam, Onpc : L’Etat abandonne des milliards aux « vautours »

David Nouwou | La Nouvelle Expression Mercredi le 01 Juin 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Plus de dix ans après la liquidation de ces anciennes sociétés d’Etat, leurs actifs résiduels évalués à plus de 100 milliards de Fcfa sont éparpillés à travers le pays. Et font de bonnes affaires des pontes du régime.

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L’un des derniers rebondissements de la gestion des actifs résiduels de l’Ex-Office national de commercialisation des produits de base (Oncpb), de l’Office national des ports du Cameroun (Onpc) et de la Régie nationale des chemins de fers du Cameroun (Regifercam), est l’installation dans l’un des immeubles de l’ancienne direction de la Regifercam à Bonanjo du groupement polyvalent d’intervention de la gendarmerie (Gpig). Une source introduite à cette unité d’élites de la gendarmerie nationale atteste que la demande de s’installer dans cette base stratégique sur un plateau du quartier administratif de la capitale économique du Cameroun a été adressée au cabinet Challenger Corporation. Lequel a reçu depuis 2008 du ministre des Finances et tutelle des privatisations, Essimi Menye, un « mandat de sauvegarde et de gestion des actifs résiduels » de ces trois entreprises liquidées, pour le compte de l’Etat du Cameroun.

Dans le principe, bien évidemment, la légion de gendarmerie du Littoral qui loge une de ses unités ici, doit verser le loyer au cabinet Challenger corporation, pour transmission au trésor public. C’est ici que le flou et le choc des procédures et des intérêts commencent. Dans la même enceinte, des dizaines de locataires sont placés depuis plusieurs mois et même plusieurs années par le cabinet Atou qui avait reçu mandat pour la sauvegarde des mêmes actifs. Mais ce mandat avait été retiré en 2007 par l’ancien ministre de l’Economie et des fiances, Polycarpe Abah Abah, aujourd’hui écroué à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, pour détournement présumé des deniers publics.

Dans la foulée, et dans la même période, Lazare Atou a obtenu de son côté une lettre de janvier 2008 signée du secrétaire général de la présidence dela République pour poursuivre son mandat de sauvegarde. Selon des informations de La Nouvelle Expression, Essimi Menye a renouvelé et renforcé sa confiance au cabinet Challenger Corporation en 2010.

Sur le terrain, et dans un pays où les dirigeants sont soucieux des biens sociaux, les deux cabinets ne devaient jamais exister concomitamment. Alors qu’ils sont commis aux mêmes tâches par des autorités différentes appartenant à la même administration. Un capharnaüm qui fait l’affaire d’une longue chaîne de complicités et de profiteurs de l’immense patrimoine éparpillé sur le territoire national, dès lors que les deux cabinets donnent l’impression de se neutraliser.

Illustration des pillages

Au terme de la liquidation de l’Oncpb il y a une dizaine d’années, un inventaire de ses actifs résiduels faisait état de magasins, de terrains et d’immeubles non bâtis dans tous les bassins de production de café et de cacao (Littoral, Centre, Sud, Est, Littoral, Ouest et Sud-ouest). A Douala par exemple, on peut aussi compter entre autres immeubles, la tour qui abritait la direction générale à Bonanjo. On peut citer également 1000 ha de terrain non bâti dans le Sud-Ouest… Mais il y a aussi tous les immeubles qui n’ont pas été récupérés par la Camrail dans les gares de l’ancien tracé des chemins de fer Douala –Nkongsamba et Douala - Yaoundé - Ngaoundéré, une centaines d’immeubles bâtis et non bâtis dont l’ancienne direction générale à Douala… Ce sont autant d’éléments du patrimoine identifié comme faisant partie des actifs résiduels de l’Ex-Régie nationale des chemins de fer du Cameroun (Regifercam).

D’aucun sont même surpris d’apprendre que l’Ex-Office national des Ports du Cameroun dispose de deux gros immeubles d’une dizaine d’appartements dans le quartier Omnisports de Douala, entourés de plusieurs hectares de terrains. Sans compter qu’à l’issue de la réforme qui avait abouti à l’éclatement de l’ancien Office national des ports du Cameroun en Ports autonomes, l’Etat a abandonné tous les actifs de l’office notamment à Garoua et Tiko.



Les experts qui se sont frottés à ces dossiers évaluent le patrimoine abandonné à plus de 100 milliards de Fcfa. « En réalité, tout ce vaste patrimoine est spoliés par des personnalités influentes de cette République ; Et du coup, dans tous les rouages de l’administration, des réseaux se sont constitués afin qu’il n’y ait pas de lisibilité dans la gestion de ces actifs résiduels. Parce que chacun a pris sa portion. Donc le flou arrange tout les profiteurs », révèle un enquêteurs de la police judiciaire qui travaillé sur le dossier.

Lazare Atou que nous avons approché dans le cadre de cette enquête avoue lui-même que beaucoup de locataires, depuis plusieurs années, ne versent aucun sous au titre des loyers, profitant ainsi de la confusion qui règne. Le cabinet Challenger corporation est confortablement installé dans l’immeuble siège de l’ancien Oncpb. Son personnel avoue continuer sereinement sa mission dans le cadre du mandat que le ministre des Fiances vient de renouveler. « Malgré quelques difficultés ». Sans plus…

Pendant ce temps, le pillage sans vergogne de ces abondantes sources d’argent si précieuses à l’Etat en ces temps de galère continue. Peut-être est-on convaincu que l’opération Epervier, du nom de cette campagne pompeuse de lutte contre les détournements des deniers publics, a pris du plomb dans l’aile. Et n’inquiète plus outre mesure…
 

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