Cameroun - Emploi. Eyango Ndjong: « M. Moussa Bouba, Dga de Camair-co, sera poursuivi personnellement»

David Nouwou | La Nouvelle Expression Jeudi le 20 Octobre 2016 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Eyango Njong est le président du syndicat des travailleurs des transports aériens du Cameroun. Très tranché quand les intérêts des travailleurs aériens sont affectés, il revient ici sur le sort des employés qui ont été brutalement remerciés par la compagnie de navigation aérienne nationale. Il donne également son avis sur les options de la nouvelle équipe de l’Etoile du Cameroun.

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L’une des dernières actualités sociales à Camair-Co concernent les travailleurs ; c’est que la direction générale a décidé de mettre à la retraite certains personnels qui avaient atteint l’âge de 60 ans, une retraite méritée, mais il semble que la procédure n’a pas été respectée ; en tant que syndicaliste, qu’en dites-vous ?

 

Le conseil d’administration, en effet, a sorti une résolution dans le cadre de ces opérations d’assainissement et de diminution des charges,  visant à se séparer des travailleurs âgés de plus de 60 ans. D’ailleurs, le Pca dans une interview à un autre journal a dit que ceux qui seraient utiles jouiront d’un autre statut. Mais, ils vont d’abord se séparer d’eux. En réalité, cette résolution est bien justifiée, car la Camair-Co ploie sous une situation  où elle ne produit pas de recettes. Les subventions de l’Etat vont maintenant jusqu’aux salaires. C’est une honte pour des gens d’un certain niveau, d’une certaine expertise. Ce qui a fait problème ici, c’est pour cela que ça a marqué l’actualité, ce n’est pas cette séparation ; les gens prennent la retraite tous les jours dans les entreprises. Ce qui fait problème ici est que cette résolution, dans sa mise en œuvre, a été confiée au directeur général adjoint M. Moussa Bouba , et c’est ici que le problème est venu.

D’abord d’un, M. Moussa Bouba fait une liste et c’est dans celle-ci qu’il informe les gens dont les noms y figurent qu’ils ne font plus partie de l’entreprise. Ce qui est une faute et un abus, parce que le contrat est individuel et la cadre individuel du contrat doit se suivre jusque dans la séparation. Chacun doit être notifié séparément selon les textes. Ensuite, M. Moussa Bouba commet un délit. Il s’adresse aux banques dans lesquelles les salaires de ces agents sont virés pour leur dire qu’ils ne font plus partie des effectifs de Camair-Co.

 

Et cela pose quel problème ?

 

 C’est un délit. Je vais vous dire la conséquence : il y a un parmi ceux-là qui a failli s’évanouir, parce qu’en allant chercher de l’argent pour soigner son enfant, il n’a pas pu accéder à son compte. M. Moussa n’a pas à entrer dans la vie privée des gens ; et nous apprenons d’ailleurs qu’ils ont écrit à certaines chancelleries. Ici, l’intention de nuire est manifeste et incontestable. Des avocats ont été saisis pour réagir par rapport à cet acte signé par M. Moussa qui ne pourra pas se réfugier derrière sa fonction. Il sera poursuivi personnellement. Pour le moment, le principe d’une réaction est arrêté. Nous allons voir la forme que cela devra prendre afin que cela ne se répète pas car ce que fait ce monsieur est inhumain. Il n’a pas respecté les textes, ni la simple morale, ni les pratiques en matière d’humanité.

 

Il y a un autre problème qui se pose à Camair-Co, cet éternel problème entre les anciens et les nouveaux, semble-t-il, c’est ce que M. Bouba a voulu arranger ; est-ce que cela ne vous semble pas pertinent ?

 

Je répète ici de sorte que nul n’en ignore, car cette question, je m’étais déjà ouvert là-dessus. Je vais vous dire, sachez que le décret qui crée Camair-Co prévoit que la priorité doit être les anciens de la Camair. C’est logique ; quand la Camair a ouvert en 1971, elle avait commencé par les anciens de  Air Afrique, parce qu’ils avaient déjà l’expérience. C’est M. Essimi Menye qui, sachant ce qu’il voulait faire, qui s’est méfié de ces anciens, parce qu’ils savaient qu’avec eux, il ne pouvait pas faire ce qu’il a fait. Maintenant, on démarre avec la Camair-Co et des jeunes qui n’ont aucune connaissance du transport aérien. La Camair-Co, il faut le dire, était tombée. Il fallait vraiment le concours des gens expérimentés. Malheureusement, maintenant, ce sont les premiers ex-Camair recrutés à Camair-Co qui se sont ligués pour qu’on ne recrute pas d’autres anciens collègues. Nous  au  syndicat  étions tous les jours derrière le directeur général et même plus de trois ministres que nous avons rencontrés à Yaoundé, pour faire appliquer le décret afin de doter Camair-Co d’un personnel expérimenté. Ceux qui s’opposaient au recrutement des anciens de la Camair à Camair-Co étaient les premiers anciens de la Camair recrutés. Le tout premier haut dirigeant à s’être opposé à cela s’appelle Bozo, Dga parmi d’autres agents. Sachez qu’il y a un agent de la Camair, un ancien, un jeune de moins de 40 ans qui a été licencié illégalement de la Camair-Co. Même le gouverneur a trouvé cela illégal. Le dossier de ce licenciement a été monté par plus de 5 agents de l’ancienne Camair dont la moyenne d’âge est  de 59 ans.

Les jeunes de Camair-Co ne sont pas concernés par cela. Ce qu’il faut dire est que la Camair-Co a eu ses fripouilles, trois ou quatre cadres, qui d’ailleurs, n’auraient jamais été recrutés à la Camair. On voit leur réel niveau mais la plupart des jeunes de la Camair-Co sont des travailleurs et le font à toute heure.

 

Un autre volet des problèmes que rencontre Camair-Co c’est que le nouveau top management semble ne pas suivre le rapport que Boeing Consulting avait déposé et qui était  approuvé par le chef de l’Etat. Est-ce qu’on ne va pas retomber là dans un autre tourbillon ?

 

Que l’on sorte de la tête des gens le mot Boeing Consulting. Demandez à ceux qui en parlent qu’ils vous montrent un document produit par une compagnie appelée Boeing Consulting. Pour la genèse, c’est en 2009 qu’on a saisi Boeing pour demander un business plan. Ce sont Mendouga Paul Jérôme, Bilaï Biloa Joseph, un pilote, qui saisissent Boeing. En 2009, Boeing Company répond qu’il ne fait pas de business plan, mais  peut nous aider dans le cadre de notre start-up programme à faire ci ou ça gratuitement. En 2014, nous voyons un document produit par une autre structure qui s’appelle Boeing Professional services, qui dit qu’ils vont faire un business plan et qui va coûter 549 000 dollars. Puis en 2016 sort un business plan de Boeing Company. Voilà la genèse. Aucun constructeur ne fait du business plan. Maintenant si Boeing a changé et fait du business plan, ok d’accord. Mais, en tout cas, que l’on ne parle pas de Boeing Consulting.

 

Quel est le rapport qui a été présenté au chef de l’Etat ?

 

Je suis sûr que c’est celui que je détiens, celui de Boeing Company sauf s’il y en a un autre, qu’on le montre. Je défie de montrer un autre document.

 

C’est pour cela que le nouveau top mangement de Camair-Co aujourd’hui doit se frayer un autre chemin et  non celui que le Chef de l’Etat a approuvé ?

 

Je ne dirai pas que le chef de l’Etat a approuvé. D’abord, un business plan s’il était si bon, pourquoi on n’a pas laissé ceux qui l’ont fait le mettre en application ? Pour le contenu, ce business plan est vide. Il ne fait aucun audit, aucun état des lieux, aucune note de conjoncture. L’analyse financière est fausse par endroits. Il n’y a aucune stratégie commerciale. Il n’y a rien. Ce document est tout au plus une esquisse de plan de flotte. Il vise directement l’acquisition de la flotte. Mais ce n’est pas comme ça qu’on acquiert des avions, il faut une vision. La vision c’est d’abord sans avion. La vision n’attend pas dix avions pour produire des résultats. Je n’ai pas rencontré le Dg ni le Pca pour savoir si c’est vrai. Moi je vous donne là mon avis personnel. Je n’ai attendu l’avis de personne. Je suis en mesure d’apprécier un business plan. Mon  bagage intellectuel et syndical me le permet.

 

Et donc vous donnez raison à la nouvelle direction qui veut se frayer un nouveau chemin en faisant son business plan ?

 

Je crois que c’est ce qu’il y a de mieux à faire ; et si on insiste pour qu’ils utilisent celui-là, alors il faut le corriger pour en faire un document de travail.

 

Est-ce que cela peut être à l’origine du conflit qu’il y a en ce moment entre le Ministre des transports qui était là, qui a approuvé et le Pca qui est en même temps son ministre délégué ?

 

Je ne suis pas au courant de cela. Avant que M. Mefirou ne soit Pca, il  était ministre délégué, ils ont travaillé ensemble, j’ai entendu qu’il y a une petite brouille entre eux mais je ne sais pas si c’est lié à cela. Pour autant que les choses soient claires, la Camair-Co a deux tutelles (la tutelle technique du ministre des Transports, la tutelle financière, le ministre des finances, lui qui est le porteur des actions de l’Etat, c’est pour cela qu’il est le président de l’Assemblée générale. Les organes dirigeants d’une entreprise sont l’Assemblée générale, le conseil d’administration, puis la direction générale ; et je ne veux pas rentrer dans un conflit quelconque. Le conseil d’administration a un rôle d’administration et de gestion aux pouvoirs les plus étendus. La direction générale a une mission de gestion. Les administrateurs sont les actionnaires.  Cet organe du conseil d’administration a perdu deux membres et a besoin d’être renforcé. Il y a une place pour les anciens Dg de la Camair. En plus, il y a le ministère du commerce, car Camair-Co fait du commerce. Il serait utile qu’un membre du Mincommerce soit nommé pour renforcer  le conseil d’administration. Il y a là des bandits patentés soutenus par certains membres du conseil d’administration de l’ancienne Camair.

 

Comme vous parlez du commerce international, il se trouve que la nouvelle direction a suspendu, on ne sait pas pour combien de temps, la déserte de Paris qui rapportait beaucoup à cette compagnie, comment appréciez-vous cette décision ?

 

Je vais faire une demande audience au directeur général. Peut-être c’est juste le fait du calendrier. J’en avais parlé avec l’ancien Dg. Des mesures existent, Camair-Co fait du transport aérien de niveau un, Elle ne peut pas être absente d’une ligne rémunératrice comme celle de France-Cameroun. Les mécanismes existent pour exploiter la ligne France – Cameroun, malgré ce qu’il y a là maintenant. Celui qui se dit expert, qui connaît le travail, peut trouver des mécanismes pour être présent sur une ligne. Le mécanisme existe.

 

Il y a aussi le fait que la compagnie vient d’ouvrir les lignes intérieures comme Bafoussam qui a été inaugurée samedi dernier. Est-ce que ce sont des efforts pour faire rentrer de l’argent dans la caisse de la compagnie ?

 

Ici, je n’ai pas eu d’occasion. Je voudrais adresser un petit mot au ministre des transports qui a beaucoup œuvré  pour la mise de l’exploitation des avions MA60. C’était du sabotage qui a été fait pour tuer la compagnie. La ligne de Bafoussam est une ligne domestique fait par MA60 (en matière de carburant, consomme à peu près le tiers du 737-500 surtout que le carburant c’est dans les 80% de charges, imaginez l’impact). Cette ligne méritait d’être essayée. Sur le plan social et économique, elle va faire beaucoup pour l’Ouest Cameroun. Je crois que les taxis vont s’améliorer. Ça va modifier beaucoup la physionomie socio-économique de l’Ouest

 

Finalement, que faut-il pour que Camair-Co prenne véritablement son envol ?

 

J’ai rencontré des privés qui m’ont dit être prêts à verser des milliards Fcfa jusqu’à dix, juste pour que Camair-Co marche.

 

Le ministre des transports vient d’annoncer que l’Etat a débloqué 30 milliards sur les soixante qui étaient attendus pour relancer la compagnie, en tant que président de syndicat, ça vous apporte du baume au cœur ?

 

C’est une excellente nouvelle, si ça peut faire payer les dettes car c’est à cause de cela qu’on ne fait pas la ligne de Paris. Je suggérerai que l’on confie ces créances à un cabinet sérieux mais ce ne sera pas fait car il y a beaucoup de gens qui mangent dans ces créances. Camair-Co souffre des contrats. Camair-Co est un panier percé qui ne peut pas continuer avec des anciens contrats. Il y a des membres du gouvernement qui sont complices.

 

Que faudra-t-il faire contre les faux contrats ?

 

Les réviser, ou les confier à un cabinet. Tant que ce ne sera pas fait, ce sera une raison de plus pour que Camair-Co ne marche pas.

 

Entretien mené par David Nouwou

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