Affaire Marafa. Fébrilité: René Sadi dans l'étau des réseaux pro Marafa - Des cadres du MINATD regrettent l'ère Marafa

Jean François CHANNON | Le Messager Vendredi le 24 Aout 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Instructions non relayées à la base. Animosités vivement affirmées. L'actuel ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation fait face à des collaborateurs dont la plupart auraient encore la nostalgie de leur ancien patron qui a régné au Minatd une décennie durant. Décryptages.

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Dans l'entourage direct de René Emmanuel Sadi, beaucoup en sont aujourd'hui à se demander si la sortie médiatique récente du ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation, pour justifier l'interdiction de la conférence de presse du Mouvement pour le redressement du Cameroun (Mrc) était vraiment opportune. Le moins que l'on puisse dire est que le Minatd qui a été amené à défendre un sous-préfet aujourd'hui qualifié de «maladroit» a plutôt fait une grosse publicité non seulement au Mrc et à son président, le politologue Alain Fogué, mais aussi à l'ancien ministre délégué auprès du ministre la Justice, Garde des Sceaux et enseignant émérite de droit, Maurice Kamto, pressenti comme le futur leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun. Selon un haut responsable du Minatd joint au téléphone par le Messager : «Rien, mais alors rien ne justifiait le fait que ce soit le ministre en personne qui aille parler de cette affaire dans les médias d'Etat, alors que le préfet du Mfoundi ou alors le gouverneur de la région du centre était plus bien fondé à le faire. C'est comme si on a voulu comploter contre le ministre en le laissant faire, pour qu'il puisse paraître ridicule au bout du processus.» Et de poursuivre: «C'est et se demander si à chaque fois qu'il y aura dans une unité administrative du territoire national de manière fondée ou non fondée une interdiction d'une manifestation publique, le ministre devra aller se justifier dans les médias». Un point de vue largement partagé par des proches de René Emmanuel Sadi qui se demandent effectivement si les collaborateurs du Minatd qui ont proposé la validation de cette conférence de presse n'ont pas voulu le rendre risible devant l'opinion publique.


Sabotages

En tout cas, de sources bien introduites au Minatd, René Emmanuel Sadi fait face à une série de sabotages. Tous attribués à certains nostalgiques de son prédécesseur. Le dernier cas en date est relatif à une récente instruction régalienne de l'actuel Minatd, et qui n'a pas du tout été relayée aux responsables de commandement dans les unités administratives du pays. En effet, il y a quelques semaines de cela, alors que les rumeurs relatives à une hausse des prix des carburants se faisaient de plus en plus avérées, pour prévenir et garantir le maintien de l'ordre public sur l'ensemble du territoire national, face aux menaces de grèves avisées par certains syndicats, le ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation a envoyé un message-porté à tous les gouverneurs des régions, à tous les préfets et sous-préfets du Cameroun. Ledit message porté demandait à ces «chefs de terre» comme on les appelle généralement, de prendre entre autres des mesures préventives de sécurité publique et maintien de l'ordre public dans leurs unités de commandement respectives, et de produire des rapports quotidiens à ce propos. Si le message en question (dont la plupart des services de sécurité que sont le Sed (Secrétariat d'Etat à le défense), la Dgsn (Délégation général à la Sûreté nationale), la Dgre (Direction générale à la recherche extérieure) Dst (Direction de la surveillance du territoire) ont reçu une ampliation), a bien été formalisé dans les services appropriés du Minatd, pour exécution immédiate, il est aujourd'hui avéré que la plupart des chefs d'unités administratives du territoire national ne l'ont pas reçu. Du moins pas à temps utile. C'est le cas de ce sous-préfet en poste dans une unité administrative de la région du centre approché par le Messager qui s'est plaint à sa hiérarchie de n'avoir eu vent du message porté du Minatd que par l'entremise de son commissaire spécial chargé des renseignements généraux, en poste dans son unité de comandant. Renseignements pris, le message-porté aurait été «bloqué» à la sous-direction du Minatd chargé du courrier administratif et placé sous la responsabilité direct du secrétaire général du ministère de l'administration territoriale et de la décentralisation. A ce jour, ce grave dysfonctionnement qui a été porté à l'attention du Minatd a provoqué une espèce de tension qui reste encore vive dans ce département ministériel.


Une lettre anonyme contre René Sadi

Tout comme reste aussi frétillante dans les esprits, une autre tension provoquée par une correspondance anonyme, rédigée et déposée au début du mois de juin 2012 dans les services du Premier ministre, qui en était le principal destinataire; avec ampliations aux principaux services de sécurité et de renseignements. Ladite correspondance, qui serait l'œuvre de certains hauts fonctionnaires du Minatd (parait-il déjà régulièrement identifiés) s'attaque violemment à la personne de l'actuel Minatd. René Emmanuel Sadi est en effet entre autres traité de «fainéant et de paresseux, qui passe son temps à ne recevoir que des voyous qui l'intoxiquent contre ses principaux collaborateurs». Ladite correspondance (dont Le Messager a reçu copie) qui a été renvoyée au ministre René Emmanuel Sadi par le Premier ministre, a ainsi fait le tour du ministère de l'Administration territoriale et de la décentralisation. Du coup, dans les couloirs de ce ministère, c'étaient des jasements et des chuintements. Au point où, mi-juillet 2012, le ministre Sadi s'est vu obligé de convoquer une grande réunion de concertation réunissant la plupart de ses collaborateurs directs des services centraux de son département ministériel. Le diplomate de formation et de carrière, n'a pas mis les gangs pour rappeler à l'ordre «tous les nostalgiques d'un système récent, gui manœuvrent pour torpiller la bonne marche du travail» dans le ministère dont il a la charge depuis le 9 décembre 2011.

Il est évident que quand on a passé près de dix ans à la tête d'un ministère de souveraineté et de commandement comme le Minatd, on se fait un système et un réseau difficilement ébranlable. Il est aujourd'hui inéluctable de penser que le ministre d'Etat Marafa Hamidou Yaya a bien ses hommes et son réseau dans ce ministère. D'ailleurs, plusieurs parmi ceux-ci ne se cachent même plus. Certains hommes de commandements toujours en poste, au rang desquels des gouverneurs, des préfets, et des sous-préfets lui doivent dans un passé lointain ou récent, un bon coup de pousse dans leur carrière administrative, et lui sont ainsi redevables... parfois à vie.

Aujourd'hui, Marafa Hamidou Yaya est dans les liens de la détention. Il peut être évident que ses affidés peuvent avoir des états d'âme à l'endroit du système en place, qu'ils jugent responsable de son embastillement actuel, et par conséquent devenir des loups dans la bergerie et cerner Sadi dans une espèce d'étau.

Au final, en homme expérimenté du sérail politique camerounais (il est l'un des plus anciens hauts fonctionnaires de la présidence de la République), on ne saurait douter que René Emmanuel Sadi a pris la mesure de cette rude adversité dont il doit désormais faire face. Et la première des choses à accomplir: convaincre le chef de l'Etat, aux fins d'accorder une suite favorable aux projets de textes de nominations des préfets et des sous-préfets par lui préparés et transmis à la haute hiérarchie depuis près de six mois déjà. Deuxièmement, rétablir le réseau du système des radios de commandement, proscrit depuis près d'une décennie par son prédécesseur, ne serait-ce que pour s'assurer de la maitrise de l'information administrative de terrain. Sinon...

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