Cameroun - Consommation. Flambée des prix des produits alimentaires à Yaoundé et Douala

cameroun24.net Jeudi le 12 Décembre 2019 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Au cours des douze derniers mois, les ménages des deux principales villes du Cameroun ont vu leurs dépenses en nutrition augmenter de manière inquiétante, en raison de la hausse des coûts de certains produits tels que les viandes, les poissons, les pains et céréales, ainsi que les fruits.

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Entre octobre 2018 et octobre 2019, les populations résidant dans la capitale camerounaise et la principale ville économique du Cameroun ont vu leurs dépenses en approvisionnement d’aliments augmenter. Selon des notes de l’Institut National de la Statistique (INS) sur l’évolution des prix à la consommation finale, publiées en toute fin du mois de novembre, le niveau général des prix sur cette période a progressé pour s’établir à un taux de 2,4%, aussi bien à Yaoundé qu’à Douala. Les analyses présentées par l’Institut relèvent que cette hausse est due en grande partie au rebond des prix des produits alimentaires qui ont connu une augmentation de 0,5% dans chacune de ces métropoles au cours du mois d’octobre 2019, par rapport au mois précédent.

Pour ce qui est de Douala, la hausse mensuelle des produits alimentaires s’explique, entre autres, par la progression des prix des fruits (4,2% après 9,4% le mois précédent), dans le sillage des prix des agrumes et des autres fruits frais tels qu’avocat, banane douce, papaye, ananas, « Saah »,… Le redressement des prix des poissons et fruits de mer de -0,3 à 3,5% est en lien avec la hausse des poissons et autres produits séchés. Quant aux pains et céréales, leurs coûts ont augmenté de 2,2% en raison du regain des prix des céréales non transformées (maïs sec en grains, riz importé et local) et des farines, semoules et farine de maïs. Notons aussi que les prix des viandes ont augmenté de +1,9%, tandis que lait, fromage et œufs connaissaient une hausse de 2,5%.

A Yaoundé, qui concentre au moins 2,5 millions d’habitants, les prix des produits alimentaires augmentent sur un mois sous l’effet du renchérissement des coûts des viandes (2,5% en octobre contre 0,9% en septembre), une augmentation à mettre en lien avec la flambée des prix de la viande de bœuf. Les prix des céréales et des pains ont également augmenté (2% contre 0,9%) pour les mêmes raisons que celles évoquées par l’INS à propos de Douala. Idem pour les progressions des prix des fruits qui ont été de 2,1%.

Certains produits ont cependant connu une diminution de leurs coûts dans les places marchandes de la capitale camerounaise. Ainsi, indique l’Institut National de la Statistique, les prix des légumes se sont contractés davantage que le mois précédent -0,4%, de même que ceux des poissons et fruits de mer (-0,3%). On note également une baisse des prix des tubercules et plantains. A Douala, les prix des légumes se sont repliés à -1,9% après +1,5% le mois précédent, et dans le même temps, on a connu l’accentuation de la baisse des prix du sel, des épices et des sauces.

Restaurants, hôtels, habillement…

Les notes de l’Institut National de la Statistique (INS) indiquent aussi que sur l’ensemble du territoire camerounais, les prix à la consommation finale des ménages camerounais ont augmenté en moyenne de 2,5%. En moyenne, sur les douze derniers mois, cette hausse est de 2,3%, en nette augmentation par rapport à la même période de 2018 (0,8%) et 2017 (0,5%). « La hausse du niveau général des prix résulte, en grande partie, du renchérissement des prix des produits alimentaires de 2,8% ; des restaurants et hôtels de 5,3% ; des articles d’habillement et des chaussures de 2,8% ; et des transports de 2% », précise l’INS dans son document.

Ainsi, les prix de certains produits alimentaires de grande consommation, à l’instar du maquereau congelé (4%) et du riz (3%), et dans une moindre mesure de la viande bœuf (0,9%) ont flambé à travers le pays. En moyenne, la flambée des prix des produits alimentaires découle principalement du rebond des prix des fruits (+9,7% après 2,7% un an auparavant ; des légumes (+6,8% après -3,4%), des viandes (+1,2% contre -0,5% en 2018). Il faut ajouter à cela une nouvelle progression des prix des prix des poissons et fruits de mer, des pains et céréales, ainsi que ceux des produits comme sucre, confiture, miel, chocolat, confiserie, lait, fromage et œufs.

Les restaurants et hôtels constituent la deuxième source d’inflation au Cameroun. Cela provient essentiellement de la progression des prix dans les restaurants, cafés et établissements similaires (5,3%), ainsi que celle des services d’hôtel et autres services d’hébergement (6,9%). Ils sont suivis par les articles de l’habillement et chaussures découlant de l’accroissement des articles de vêtement (2,7%) et des articles chaussants (3,4%).

Par ailleurs, l’INS constate une persistance de l’inflation importée et une accélération de l’inflation de source locale. En moyenne, sur la période de référence, les prix des biens importés ont progressé de 2,3% alors qu’ils avaient augmenté de 1,7% sur la même période en 2018, principalement à cause des dysfonctionnements dans la chaine de distribution qui ont été provoqués par la crise des devises. Parallèlement, les prix des biens locaux augmentent de 2,4% par rapport à 0,4% un an avant.

Le secteur de la production a également connu une inflation conséquente. Ainsi, les prix des biens et services du secteur primaire ont augmenté de 2,9% après 0,5% un an auparavant, tout comme ceux des biens du secteur secondaire (1,7% après 1,1%), et des services (2,2% après 0,8%). L’INS souligne que les prix des biens du secteur primaire grimpent sous l’effet des produits frais, entretenue entre autres par la baisse de la production dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.

Serge Eric EPOUNE, Chef Cellule Communication Mincommerce

« Il n’y a pas de flambée des prix sur les marchés du Cameroun »

Réagissant à la suite de la publication dans l’édition N°295 du 4 décembre 2019 de l’article intitulé « Flambée des prix à Yaoundé et Douala », le chef de la Cellule de Communication du ministère du Commerce, justifie l’apparente augmentation des prix observée sur certains marchés du pays.

Vous semblez remettre en cause un article publié sur les flambées des prix de certaines denrées de première nécessité dans certains marchés camerounais. Que reprochez-vous à ces chiffres de l’Institut National de la Statistique (INS) qui ont fondé l’article ?

Nous ne remettons pas en cause les chiffres de l’INS. Il se trouve simplement que c’est un article de portée économique qui ne s’arrête qu’à l’évocation des chiffres sans le situer ni dans son contexte sous régional, encore moins national. Lorsque l’on sait que le critère de convergence en zone CEMAC est de 3% et que le taux d’inflation national se situe à 2,5 %, il est injuste de parler de «flambée de prix » sur les marchés du Cameroun. Parce qu’en fait, il convient de rappeler que le taux d’inflation de chacune des régions du Cameroun est le suivant : 2,4 %  à Yaoundé ; 2,5 % pour Douala ; 2,6 à Bafoussam ; 5,3 à Bamenda ; 1,5 à Garoua ; 0,1% à Maroua ; 2,2 à Ngaoundéré et à Bertoua ; 3,2% à Buea et 2,7% à Ebolowa.

L’on comprend très bien à l’analyse que les taux de 5,3 % de Bamenda et 3,2 % de Buea sont justifiés par la situation socio-politique et sécuritaire qui est source de dysfonctionnement au niveau de la production  et de la chaîne d’approvisionnement. Mieux, cette situation se répercute mécaniquement sur les régions voisines, l’Ouest et le Littoral notamment, qui sont appelées à accueillir le flux humain qui fuit ces régions en difficulté.

Ce qui ne change pas l’augmentation des prix comme le note l’INS ?

Il s’agit effectivement de légères augmentations, maîtrisées par ailleurs, et non une « flambée » pour reprendre vos termes. Une flambée signifierait que les prix passeraient par exemple du simple au double ! Pourtant, il faut bien constater et féliciter la stabilité des prix. Et puis, le calendrier agricole pourrait tout aussi bien nous renseigner sur les spéculations qui sont en cours de récolte, et qui seraient donc naturellement abondantes et à bons prix sur le marché d’une part ; et celles des spéculations qui sont en cours de production et dont il serait normal que les prix connaissent une légère augmentation. Il faut aussi dissocier les denrées produites localement et celles importées dans la mesure où les produits de la deuxième catégorie pourrait, du fait de quelques conjonctures internationales, connaître une légère augmentation, une fois parvenus sur le sol camerounais.

Il me semble utile de toujours préciser toutes ces spécificités dans nos articles afin que le consommateur n’ait pas l’impression que le gouvernement ne maîtrise ni les prix, ni les approvisionnements et le jeter ainsi à la vindicte populaire.

Cet article n’avait pas du tout pour objectif de jeter le gouvernement à la vindicte populaire. Pour preuve, les deux derniers paragraphes ont aussi présenté les denrées dont les coûts ont connu une baisse !

Vous savez bien comme moi que nous avons trois catégories de lecteurs : ceux qui ne s’arrêtent qu’aux titres tels qu’affichés aux kiosques ; ceux qui lisent les articles en transversal, notamment les revues de la presse et enfin, ceux qui sont effectivement intéressés et vont au bout des articles. Du coup, s’arrêter uniquement aux titres dans un contexte de préparatifs de la célébration des fêtes de fin et de début d’années, vos titres pourraient alarmer les ménages et faciliter la tâche à des commerçants véreux qui pourraient en profiter pour augmenter les prix.

Toutefois, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana veille au grain. Et comme tous les ans, il fera le tour des marchés de quelques villes afin de se rassurer aussi bien des approvisionnements que des prix pratiqués. Entre-temps, les éléments de la Brigade nationale de contrôles poursuivent leur surveillance quotidienne des espaces marchands.

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