Cameroun - Politique. Gouvernement : La diaspora n’aura pas de ministère

Georges Alain Boyomo | Mutations Mercredi le 14 Décembre 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les espoirs des Camerounais de l’étranger fondés sur les clins d’oeil successifs du chef de l’Etat à leur endroit se sont évanouis.

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Parmi les éléments constitutifs de la nouvelle dynamique annoncée par le chef de l’Etat à l’ouverture du 3e congrès ordinaire du Rdpc, le 15 septembre dernier, qui devaient autant irradier ce parti que l’appareil gouvernant, on notait particulièrement la plus grande place à accorder aux jeunes et aux femmes, la préparation de la relève dans la gestion des affaires du parti et de l’Etat ainsi que l’implication de la diaspora dans le développement du Cameroun.

Si sur les deux premiers points cités, une réponse, fût-elle molle, a été donnée dans le gouvernement rendu public vendredi dernier; au sujet du 3e point, Paul Biya semble avoir laissé l’opinion nationale et internationale sur sa faim. En effet, la diaspora n’est évoquée que dans les attributions du ministre des Relations extérieures, qui est notamment chargé «de la protection des ressortissants et des intérêts camerounais».
Pourtant, l’évocation de la diaspora dans les dernières sorties publiques du chef de l’Etat ne présageait pas d’une telle perspective. D’aucuns avait même anticipé en annonçant l’avènement d’un secrétariat d’Etat chargé de la diaspora dans le «gouvernement des grandes réalisations», sur la base des déclarations et actes du président de la République en direction des Camerounais de l’extérieur.

Ainsi, dans son discours à l’occasion de la prestation de serment, Paul Biya affirmait : «Vous, Camerounais de la diaspora en particulier, sortis des plus grandes écoles, exerçant vos activités dans des sociétés de rang mondial, vous qui excellez dans les domaines de pointe, le moment est venu de mettre votre expertise au service de votre pays. En prêtant serment, ce jour, devant le peuple camerounais, j’ai la conviction que tous ensemble, Camerounais des villes et des villages, de l’intérieur et de l’extérieur, sans discrimination de quelle que nature que ce soit, nous pouvons, mieux, nous devons résolument transformer le Cameroun en un chantier de l’émergence…».

A la tribune du dernier congrès du Rassemblement démocratique camerounais (Rdpc), Paul Biya (qui est sorti vainqueur de la présidentielle dans la quasi-totalité des bureaux de vote de l’étranger) donnait déjà le ton : «A nos camarades qui vivent à l’extérieur de nos frontières, je tiens à rappeler qu’ils doivent se comporter en promoteurs et défenseurs de nos idéaux auprès de leurs pays d’accueil, demeurer vigilants pour contrer toute tentative de désinformation ou de diffusion d’une image négative de notre pays. Le Cameroun attend de sa diaspora qu’elle participe aussi à l’oeuvre de construction nationale ; c’est dans le souci d’associer pleinement cette diaspora à la grande dynamique républicaine, que j’ai promulgué, après approbation du Parlement, une loi leur ouvrant le droit de vote».

Promesses
De fait, au mois de juillet dernier, après le dépôt et l’adoption par les députés, à l’Assemblée nationale, de la loi (introduite en session extraordinaire) portant sur le vote des citoyens camerounais établis ou résidents à l’étranger, (concrétisation d’une promesse présidentielle vieille de 2 ans), les espoirs de la diaspora, quant à une meilleure prise en compte de ses intérêts, par le pouvoir de Yaoundé se sont ravivés.
L’après élection présidentielle ne semble malheureusement pas offrir une lisibilité sur l’intégration des préoccupations liées à la diaspora par le gouvernement. «Je pense que la diaspora attendait minimalement qu’un Camerounais résidant à l’étranger, ou qu’un Camerounais de la diaspora qui a accepté de rentrer au pays, fasse son entrée au gouvernement. En tant que militant du Rdpc, je me dis que le chef de l’Etat, dans ce que j’appelle la nouvelle dynamique phase 1, a décidé de promouvoir des hommes d’expérience au regard des résultats électoraux.

Après les législatives, je pense qu’il pensera à intégrer la diaspora», relativise Pascal Messanga Nyamding, enseignant à l’Institut des Relations internationales du Cameroun. Ce cadre du parti au pouvoir, qui dit avoir vécu sans discontinuer en France pendant 25 ans et qui a assumé les fonctions de président de la sous-section Rdpc de Paris précise, sur la même lancée, que «trois anciens membres de la diaspora ont été faits membres titulaires du comité central au cours du dernier congrès du Rdpc. En dehors de moi, il s’agit d’Hervé Emmanuel Nkom, qui a longtemps vécu à Paris et de Jacques Bimaï, qui a résidé en Allemagne. Selon la hiérarchie du Rdpc, nous avons été cooptés en cette qualité là. C’est dire qu’il y a des raisons d’espérer». Selon les statistiques officielles, la diaspora camerounaise est forte d’au moins 4 millions d’âmes.

Mémorandum de Yaoundé pour une plus grande implication de la diaspora au développement du Cameroun
A l’initiative du Gouvernement, le premier Forum économique et commercial avec la diaspora (Forecdia) s’est tenu à Yaoundé les 13 et 14 août 2010, au Palais des congrès, sous le Très haut patronage de Son Excellence Monsieur Paul Biya, président de la République et sous la présidence de Son Excellence Monsieur le vice-Premier ministre, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, représentant le Premier ministre, chef du gouvernement.
Cette rencontre a rassemblé les membres de la diaspora camerounaise venus d’Allemagne, de Belgique, du Bénin, du Burkina Faso, du Canada, de Chine, du Danemark, des Emirats Arabes Unis, des Etats-Unis, de France, de Grande-Bretagne, du Nigeria et de la Suisse, ainsi que des acteurs des secteurs public et privé. Ces assises avaient pour objectif d’examiner les voies et moyens d’une plus grande implication de la diaspora dans le processus de développement du Cameroun.

Au terme des travaux, les participants :
• considérant la vision prospective du Gouvernement de faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035 dont le programme de mise en oeuvre de la première étape 2010-2020 est décliné dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) ;
• considérant la volonté permanente des pouvoirs publics d’améliorer l’environnement des affaires au Cameroun ;
• considérant la volonté des pouvoirs publics d’impliquer davantage la diaspora au processus de développement du Cameroun ;
• considérant la nécessité d’établir un cadre régulier de concertation entre la diaspora camerounaise et les secteurs public et privé locaux;
• considérant la qualité et les compétences reconnues à la diaspora camerounaise ;
• considérant la capacité de la diaspora à mobiliser l’épargne des Camerounais de l’étranger et les apports financiers de leurs partenaires en faveur de l’investissement productif au Cameroun ;
• considérant le rôle moteur du secteur privé dans le développement économique du pays,

Ont convenu de ce qui suit :
• félicitent le gouvernement pour l’initiative d’organiser le Forum ;
• adhèrent à la vision prospective du gouvernement de faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035 ;
• notent avec satisfaction les initiatives prises par le Gouvernement pour promouvoir et faciliter l’investissement productif.

Dans cette perspective, la diaspora souhaite :
• la disponibilité et la diffusion permanentes de l’information dans les domaines économique et commercial à l’intention des investisseurs issus de la diaspora ;
• l’examen et la prise de mesures incitatives spécifiques en faveur de la diaspora ;
• une plus grande reconnaissance de ses aptitudes et compétences à contribuer au développement du pays ;
• l’extension, au Cameroun, des activités du Fonds mondial d’investissement de la diaspora et dans la mesure du possible la création d’un fonds d’investissement de la diaspora camerounaise;
• l’intensification des relations économiques et commerciales entre la diaspora et les acteurs économiques locaux ;
• l’institutionnalisation du Forum économique et commercial avec la diaspora comme cadre de concertation entre la communauté nationale de l’intérieur et la diaspora.
Fait à Yaoundé, le 14 Août 2010

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