Cameroun - Politique. Graines d’espoir

Marie-Claire NNANA | Cameroon-tribune Mardi le 06 Décembre 2016 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
CAN féminine. Programme économique et financier national en débat au Parlement. Violent prurit à l’université de Buea. Levée du mot d’ordre de grève des enseignants…

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Alors qu’une semaine intense et éprouvante pour les nerfs vient de s’achever, nous promenant sans ménagement de l’espoir au désenchantement d’avant-hier, nous devons convenir, passé le choc, que nous avons somme toute, de bonnes raisons d’espérer. Non, le ciel ne nous est pas tombé sur la tête, le pays est en marche vers le futur. Pour notre part, nous voyons au moins deux bonnes raisons de nous réjouir:  


Les Lionnes indomptables du football
Celles que les Camerounais ont appris à connaître et à aimer, non pas d’un amour foudroyant et volatile, mais d’une manière lente, raisonnée, profonde et durable, méritent l’estime et le respect que le peuple leur porte. Elles doivent s’inscrire au panthéon de l’histoire du sport et nourrir de diverses manières la mémoire collective, pour avoir su réconcilier les Camerounais avec le ballon rond et avec les stades, pour avoir su faire apprécier le football féminin, qui tarde à gagner ses lettres de noblesse, malgré les efforts et les exploits de ses adeptes.


Bien plus, nous avons le devoir de leur exprimer notre reconnaissance pour la générosité et l’humilité exprimées tout au long du tournoi qui s’achève, et que nous avions  rarement vu chez des sportifs de haut niveau. Sans nombrilisme et sans fanfaronnade, elles n’avaient de cesse de s’inquiéter des réactions et de l’adhésion du public. L’une de ces héroïnes est même allée jusqu’à présenter des excuses publiques aux Camerounais… pour avoir pris deux cartons jaunes. Nous l’avons compris : ces guerrières  sont aussi des femmes d’honneur. Elles sont au-dessus des querelles d’égo, des batailles de primes, au-dessus du sectarisme et du tribalisme qui minent d’autres équipes que nous avons connues.


Alors que nous leur disons Merci pour la joie et la fête qu’elles ont offertes à leurs compatriotes ces derniers jours, nous nous devons de saluer la clairvoyance de celui qui a cru en elles le premier : le président de la République. En consentant des sacrifices financiers importants pour construire et réhabiliter les stades, les routes, et les hôtels à travers le pays, afin d’accueillir cette CAN, Paul Biya avait sans aucun doute décelé dans notre équipe féminine de football l’Esprit Lions qu’il vante tant à la jeunesse du Cameroun, lorsqu’il l’exhorte au sens de l’initiative et à l’audace. Les valeurs qui les animent en permanence, foi, courage, travail, humilité doivent pouvoir inspirer de nombreux autres jeunes tentés par le découragement ou la facilité.


En ce sens-là, l’histoire des Lionnes indomptables est moins une tragédie qu’une épopée. Si l’on considère qu’elles ont échoué trois fois au pied du podium, devant le même bourreau, le Nigeria, l’histoire peut en effet paraître tragique. Mais si l’on retient le formidable élan qu’elles suscitent, les foules en liesse ou en larmes, la ferveur et l’unité de tout un peuple, le chef de l’Etat ovationné et l’hymne national chanté à tue-tête par les stades en délire,  sans oublier les grandes qualités humaines et sportives de ces filles, sources d’inspiration pour tous, alors cette aventure des Lionnes est simplement épique.


L’approche du gouvernement face aux remous sociaux  
Les députés viennent d’adopter le budget de l’année 2017 après moult débats sur le programme financier, économique et social qui, malgré la conjoncture peu favorable à la croissance, reste focalisé sur le développement des infrastructures, l’agriculture modernisée et l’amélioration des conditions de vie des populations. Mais dans quelle ambiance ce budget sera-t-il exécuté? Point n’est besoin d’être mage ou exégète attitré pour voir les ombres qui planent sur le climat social. Comme dans toute démocratie qui sacralise la liberté d’expression, des revendications et des protestations peuvent fuser ici et là, quitte au gouvernement d’ouvrir le dialogue. Et aux protestataires d’accepter cette main tendue.
En  multipliant les gestes de conciliation envers les grévistes et les manifestants depuis quelques jours, le gouvernement du pays va certainement dans la bonne direction. Les enseignants viennent donc logiquement de lever le mot d’ordre de grève, suite à la décision historique d’octroyer une subvention spéciale à l’enseignement privé, d’intégrer dans la fonction publique les enseignants contractuels, tout en intégrant également, de manière progressive, les instituteurs de l’enseignement primaire. Auparavant, le chef de l’Etat avait instruit le recrutement de 1000 enseignants bilingues.


A travers cette ouverture de dialogue fructueuse, certains ont cru voir une forme de capitulation de l’Etat. Surprenante lecture au regard des enjeux. Qu’on ne s’y trompe pas : dans le contexte social si particulier que connaît le pays, engagé dans un programme de développement socio-économique ambitieux malgré la dépréciation des cours des matières premières, l’enjeu vital est bien de sauver la paix,  et non pas de procéder à une démonstration de force ou d’entêtement. Or que constatons-nous ? Au moment où le dialogue s’amorce, où le gouvernement fourbit les armes de la paix, en décidant d’accéder à certaines revendications des grévistes, d’autres acteurs sociaux et politiques n’ont de cesse de transformer la moindre étincelle en brasier. En ce qui concerne les hommes politiques, il s’agit sans nul doute de tenter de se refaire une légitimité en surfant sur les dissidences de ceux qui dans la société s’estiment en marge. Ils espèrent ainsi pulvériser notre bien le plus précieux : l’unité nationale.
Il est évident qu’au lieu de prendre de haut les populations qui expriment leur malaise, le gouvernement aurait toujours intérêt à y prêter une oreille attentive.  Le dialogue et l’action visant à corriger les éventuelles inégalités resteront toujours les meilleurs antidotes aux récupérateurs et aux agitateurs de peurs et de haine qui veulent prendre le contrôle de nos esprits. Et de nos rues. Néanmoins, la sagesse commande que les gouvernés apprécient eux-mêmes à leur juste valeur les efforts consentis par la puissance publique, et n’entraînent pas le pays dans un cycle interminable de grèves, destructrices pour l’économie et pour la confiance des investisseurs. Ils doivent pouvoir lâcher du lest et donner une chance à la paix. Afin de permettre à notre pays de poursuivre sa marche en avant. Dans l’unité et la cohésion.

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