Vous avez encadré l’équipe nationale du Cameroun pendant plusieurs années. Quel regard portez-vous sur cette équipe aujourd’hui ?
L’équipe nationale est en reconstruction comme les dirigeants le disent. Il y a au sein de ces équipes des joueurs talentueux qui ont besoin d’être bien encadrés, bien entourés sur le plan managérial sur le plan technique avec un staff technique bien aguerri, suffisamment expérimenté pour les défis avenirs. Puisque les matches les plus difficiles arrivent. Ces joueurs bien encadrés doivent évoluer dans un environnement assaini leur permettant de bien se déployer sur l’aire de jeu.
Quand vous parlez de l’assainissement de l’environnement, à quoi faites-vous réellement allusion ?
Je fais allusion aux petites erreurs de gestion, de management. Des erreurs similaires à ce qui s’est passé avec Idriss Carlos Kameni ne doivent plus se répéter. On est dans un monde professionnel et il faut éviter ce genre d’erreur. Il faut respecter les uns et les autres.
L’équipe nationale doit être bien encadrée sur le plan technique. C’est-à-dire qu’il faut mettre à la disposition de cette équipe tous les arguments techniques permettant à l’entraîneur de pouvoir prendre de bonnes décisions. Il faut renforcer le staff technique avec les observateurs de matches. Ceux qui ont la bonne connaissance du football africain.
Sur le plan technique, il faut prospecter de nouveaux joueurs pour les postes qui en ont besoin. C’est pour cela que je parle de personnes d’expériences. Et surtout éviter des erreurs de gestion.
La sélection de l’entraîneur des Lions Indomptables Hugo Broos a été longuement décriée. Est-il selon vous l’homme de la situation ?
Je suis de ceux qui ne se prononcent pas rapidement sur un sujet. Il y a des entraineurs qui sont arrivés au Cameroun sans background aussi important et ont fait de très bon résultats. Pierre Le chantre n’avais pas entrainé quand il arrivait au Cameroun et encore moins Valery Neponiachy à l’époque, on peut encore citer d’autres. Je crois Claude Leroy aussi. D’autres sont venus sans background et n’ont rien fait du tout
Mais, Hugo Broos lui a un background. Il a quand même entraîné. Il doit seulement travailler pour faire du bon résultat. Il faut qu’il sache que tout dépend de son envie, de sa passion, de tout ceux qu’il va mettre autour de lui pour avoir des victoires sur le plan du jeu et de l’environnement de son équipe. Pour y parvenir, il faut qu’il s’entoure de bonnes personnes. Le staff qu’il y a autour de lui est bien mais, il faut un peu plus.
Le Cameroun vient de se qualifier pour la Can 2017. Est-ce que cette qualification n’est pas à mettre à son actif ?
C’est à mettre à son actif, c’est aussi à mettre à l’actif des joueurs à l’actif de la fédération. Elle était évidente cette qualification. Elle était presque acquise. Moi à sa place je n’aurais pas à me glorifier. Dans cette poule, le Cameroun ne pouvait que s’en sortir. On n’était pas dans une poule difficile comme le Ghana le Nigéria, le Mali où encore l’Egypte. La qualification du Cameroun était presque acquise. Je pense qu’il a encore beaucoup de choses à découvrir pour conquérir le football africain. Et donc pour convaincre les camerounais. Vous connaissez notre mentalité il suffit qu’on perde un match que la population lui demande de partir.
C’est vrai que le Cameroun s’est qualifié pour la Can 2017, mais il faut reconnaitre que ce n’était pas donné ?
La qualification pour le Cameroun était difficile c’est vrai. Mais à regarder le niveau des adversaires que nous avons croisé on pourra dire qu’on a encore fort à faire. Si on monte encore d’un cran plus haut avec le niveau du jeu, imaginez-vous même comment nous serons. On a encore fort à faire.
Depuis deux rencontres le capitaine Stéphane Mbia n’a pas été aligné. Contre la Mauritanie, il n’a même pas été convoqué. Comment interprétez-vous cela entend qu’entraineur ?
Je pense qu’il faut arrangez ça. Si c’est possible, reparler avec lui. S’il a commis une bêtise, il faut en reparler avec lui. Je me souviens toujours d’un joueur qui m’avait dit qu’il ne reviendrait plus jamais en équipe nationale. Dès qu’on m’a recruté comme entraineur des Lions Indomptables, j’ai tout fait pour qu’on le rappelle en sélection et il a fait une très belle carrière avec les l’équipe. Je pense qu’il faut en reparler avec Stéphane Mbia. Il faut être faire play. Et ça c’est le travail de l’entraineur lui-même et pas de personnes intermédiaires. Il faut qu’on donne les pouvoirs à l’entraineur de le faire lui-même et de décider de le ramener où pas. Constamment on crée des conflits entre les joueurs et on vient joueur les médiateurs. Il ne faut pas que des gens disent que c’est eux qui ont fait revenir Mbia. C’est l’entraineur qui doit le rencontrer. Quit à se qu’il déclare qu’il reviendra jouer pour lui ou non, qu’il reviendra jouer comme les autres et qu’il ne veut plus le brassard. Ce que l’on craint le plus et qui a appâté tous les camerounais, c’est le brassard. C’est même quoi ce brassard. Mbia n’a pas besoin de ce brassard pour jouer dans les Lions. Il peut encore jouer pour quelques années s’il le mérite. Je ne le soutiens pas particulièrement. Mais, je ne suis pas sur qu’à lui tout seul, Hugo Bross aurait voulu se séparer de ce joueur.
Vous avez déclaré lors d’une interview à équinoxe télévision que le passage de brassard mal géré entre Rigobert Song et Samuel Eto’o est à l’origine de la crise au sein des Lions Indomptables ?
Le passage de ce brassard n’a pas été bien géré. Je ne cesserais de le dire. Il y a eu trop de manipulations derrière. IL y a eu beaucoup d’interférences. En plus, ça venait tout seul aussi. Puisque Rigobert Song Bahanag était à la fin d’une très grande carrière. Et il allait partir tranquillement sans qu’on, ne lui crée une ennemie.
Pourquoi le brassard au sein des Lions Indomptables déchaine autant de passion. Sa gestion au Cameroun est-elle différente des autres pays ?
Au Cameroun on a fait du brassard une affaire terrible. Sa gestion au départ était simple j’étais au sein de cette équipe en 1996 et c’est l’entraineur qui désignait les capitaines et non l’administration. Je crois sa doit se faire comme ça. Quelqu’un ne peut pas désigner à votre place celui qui doit être votre relais, c'est-à-dire vous-même.
Une bonne équipe, c’est un bon entraineur et un capitaine qui pense et travaille comme l’entraîneur. Et non un entraineur et un capitaine qui pense et travaille comme les autres qui ne sont même pas à coté de l’équipe. Pour que cette querelle autour du brassard de capitaine cesse, il faut que ce soit l’entraineur qui désigne son capitaine. Si je devais prendre la décision ça devait se passer ainsi. Mais comme ce n’est pas moi qui décide, ce n’est pas faisable
Comment percevez-vous la différence de traitement qu’il y a entre les entraîneurs Blancs et les locaux ?
C’est un problème de complexe de ceux qui font venir les entraineurs. Ils estiment que les entraineurs européens valent mieux que des entraineurs camerounais. Il faudrait qu’ils lâchent un peu ce type de complexe. Nous sommes formés dans les mêmes écoles que ces derniers. On était parfois major et tout. Mais, quand on revient chez nous, on ne nous laisse même pas proposer ou décider sur la marche du football. Je crois que pour choisir un entraineur camerounais au Cameroun il faut demander à tous les entraineurs, qui est le bon. Il ne faut pas demander à une autre personne.
L’entraîneur c’est quelqu’un qui prend trop de risques et qui fait beaucoup de sacrifices. Il mérite d’être très bien rémunéré. Je ne parle pas seulement de salaire mais du fait d’être bien traité. Lorsque les joueurs savent que l’entraîneur dès qu’il est quelques part il ne traine pas, il est vite reçu. Lorsqu’on sait que la décision qu’il prend est maintenue, on le respecte. Mais, lorsqu’on sait que quatre cinq voire six à sept personnes peuvent modifier sa décision, il n’est pas respecté. Ses joueurs ne l’écoutent pas et ne le respectent pas. Le problème avec le football camerounais ce n’est pas seulement à l’équipe nationale. C’est aussi les clubs. Les présidents de clubs font la loi. Il décide de quel joueur joue et de qui ne joue pas. On ne peut rien. Si tous les entraineurs pensaient comme moi, on se retrouverait en association et on déciderait de ce que nous devons forcement imposer à l’environnement du football camerounais.
Le Cameroun est qualifié pour la Can 2017 au Gabon. Que faut-il faire d’après vous pour redorer le blason durant cette compétition ?
Il faut construire une bonne équipe, une bonne sélection. Il faut faire une bonne auto-évaluation. Le fait de n’avoir pas été dans une poule forte peut nous desservir. On peut croire qu’on s’est qualifié pour cette compétition parce qu’on est fort et puis se fracasser le nez.
Pour dire vrai, je pense qu’il faut faire une auto-évaluation. La coupe d’Afrique a mieux à offrir que ce que nous avons vu pendant les éliminatoires. Il faut faire une autocritique de notre jeu. Voir s’il faut la renforcer et surtout bien la préparer. Surtout laisser l’entraineur travailler.
Le football camerounais c’est la jeunesse. Vous venez de mettre sur pied un concept baptisé « rising stars ». De quoi s’agit-il exactement ?
Le rising stars c’est un programme qui se donne pour mission d’aller chercher les étoiles montantes du sport camerounais. Tous les domaines sportifs sont concernés par cette initiative. Il s’agit du football, du, de tennis de table, le judo et le karaté. Nous créons un environnement qui permet aux enfants âgés de 6 à 15 ans et de 16 à 19ans de venir s’exprimer pendant les vacances. De prouver qu’il a des talents et nous allons assurer son suivie avec l’appui des membres de la fédération nationale concernée. Rising stars va se dérouler au complexe sportif de Ndi samba du 15 juillet au 15 aout 2016.Ce projet concerne tous les jeunes qui sont autour de Ndi samba. Nous les invitons pour pratiquer toutes les disciplines sportives.
Nous avons créé toute une animation autour de ce camp multisports. Notamment la foire du Réseau de business du Cameroun et qui va inviter les jeunes femmes entrepreneur autour de ce projet. Il y aura du tourisme autour de l’évènement. Nous voulons aller chercher plus bas ceux qui pourront remplacer Samuel Eto’o, Rigobert Nsong Mba à Mouthe au basquet ou Me Wakam au Karaté. Pour me résumer nous sommes aux recherches des nouveaux talents.
Propos recueillis par Hervé Villard Njiélé