Les raisons du déplacement du chef de l’Etat camerounais qui a pris part samedi à la cérémonie d’investiture du président ivoirien Alassane Dramane Ouattara.

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Rarement on a vu Paul Biya aussi déterminé à effectuer un voyage de travail hors du pays malgré la fatigue des festivités de la fête nationale du 20 mai à Yaoundé. En effet, le président Biya a tout fait pour honorer le samedi 21 mai 2011 la cérémonie d’investiture de son nouvel homologue ivoirien Alassane Dramane Ouattara à Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d’Ivoire. Une cérémonie qui s'est déroulée dans la vaste salle de la Fondation Houphouët-Boigny, en présence de nombreuses personnalités dont une vingtaine de chefs d’Etat parmi lesquels le président français Nicolas Sarkozy qui a spécialement effectué le déplacement de Yamoussoukro, tout comme Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (Onu).

Usages diplomatiques

Au cours d’une cérémonie qui a débuté par un rituel d’accueil et de bénédictions du nouveau président ivoirien par des chefs traditionnels de Yamoussoukro, Alassane Dramane Ouattara qui a prêté serment deux semaines auparavant, au palais présidentiel, à Abidjan, a reçu à Yamoussoukro les attributs de ses fonctions de président de la République ivoirienne et de chef d’Etat.

Paul Biya avait de bonnes raisons pour faire le voyage de Yamoussoukro. Il fallait se plier aux usages diplomatiques qui encouragent de tels déplacements pour consolider les liens d’amitié et de coopération entre les deux pays et les deux peuples. La présence de Paul Biya à Yamoussoukro est d’autant plus normale qu’il avait récemment adressé ses félicitations à Alassane Dramane Ouattara au lendemain de sa prestation de serment. Mieux, Paul Biya, qui est le président de tous les Camerounais, y compris ceux de l’étranger et donc de la Côte d’Ivoire, devait faire ce déplacement pour rassurer les Camerounais de Côte d’Ivoire dont certains ont été des victimes collatérales de la crise politico-militaire ivoirienne.

Pendant les cinq mois de crise liée à la contestation des résultats du deuxième tour de l’élection présidentielle ivoirienne qui s’était déroulée le 28 novembre 2010, le Cameroun s’était abstenu de prendre officiellement position à cause de la confusion qui régnait à partir du 4 décembre 2010 : la Côte d’Ivoire s’était retrouvée avec deux présidents de la République. D’un côté, Laurent Koudou Gbagbo qui avait prêté serment devant le Conseil constitutionnel qui l’avait proclamé élu le 3 décembre 2010. De l’autre côté, Alassane Dramane Ouattara que la commission électorale indépendante avait donné vainqueur du même scrutin, avait « prêté serment par écrit » à l’hôtel du Golf d’Abidjan. L’Onu avait certifié les résultats de la commission électorale indépendante.

Apaiser Sarkozy

D’autres raisons peuvent également expliquer le voyage en aller et retour de Biya à Yamoussoukro. La possibilité de rencontrer Nicolas Sarkozy aurait énormément compté parmi tant d’autres raisons. Paul Biya était justement assis à la droite de Nicolas Sarkozy lors de la cérémonie d’investiture d’Alassane Dramane Ouattara. Mais, nous ne savons pas si les deux chefs d’Etat se sont entretenus par la suite.

Depuis qu’il a accédé au pouvoir en France, Nicolas Sarkozy n’a pas effectué de visite au Cameroun. Il a visité des pays voisins comme le Gabon et le Tchad. Le président français Nicolas Sarkozy a certes déjà dépêché des émissaires à Yaoundé parmi lesquels son Premier ministre François Fillon en 2009. L’année dernière lors de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance, Alain Joyandet, alors secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie représentait la France. Le ministre français délégué à la Coopération Henri de Raincourt était attendu le 20 mai dernier à Yaoundé. Il n’a plus fait le déplacement…

A quelques mois de l’élection présidentielle, Paul Biya ne tient pas à rester « en mauvais termes » avec Nicolas Sarkozy, nous a indiqué un diplomate. Il voudrait absolument apaiser Nicolas Sarkozy. D’autant que Nicolas Sarkozy et son ami Barack Obama, le président des Etats-Unis d’Amérique, ont montré au monde entier, à travers ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire et ce qui se passe en Libye, jusqu’où ils peuvent aller avec ceux qu’ils considèrent comme des dictateurs ou de faux démocrates.

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