Laurent Fabius, a effectué une visite à Yaoundé pour apporter le soutien de la France au Cameroun dans la lutte contre Boko Haram.

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Moins de 24 h c'est le temps qu'aura passé Laurent Fabius au Cameroun. Arrivé samedi en fin d'après-midi dans la capitale camerounaise, pour une visite de travail, le ministre français des Affaires étrangères est reparti le lendemain dans la matinée.

 

 

Laurent Fabius qui venait tout droit du Tchad s'est rendu directement au ministère camerounais des Relations extérieures pour une séance de travail. Par la suite, il a eu un entretien avec le président camerounais, Paul Biya, avant de donner une conférence de presse un peu plus tard à la Résidence de France.

 

La presse camerounaise n'a pas fait grand écho de cette visite. Convié sur invitation stricte à la conférence de presse samedi soir, elle s'est contentée de faire un compte rendu froid. Pour ce qui est de l'opinion publique, la venue de Laurent Fabius a été reçue avec une certaine méfiance.

 

Les enjeux

 

Rassurer les uns et les autres, repositionner ou encore redorer le blason de la France, c'est en quelque sorte l'objet de la visite de Laurent Fabius au Cameroun. L'étape du Cameroun s'inscrit dans le cadre de sa tournée dans les pays francophones en proie aux exactions de Boko Haram.

 

« Une visite pour rien » se sont empressé de nombreux observateurs. Et pourtant pour la France qui a le souci de garder « ses partenaires de longue date, c'était une nécessité ». Pour le ministre français des Affaires étrangères, il s'agit tout simplement pour la France « d'apporter sa caution à la lutte que mène les pays de la sous-région

contre Boko Haram » a-t-il affirmé.

 

Cette visite aurait également d'autres enjeux, à savoir que la France puisse coordonner le renseignement militaire ainsi que la diplomatie dans le cadre de l'implication des Nations-Unies dans la force multinationale mixte de l'Union Africaine contre le mouvement djihadiste.

 

Malgré cela, la France tient à garder une certaine distance par rapport à son intervention. « Nous aidons ces pays amis, mais nous n'avons pas l'intention de nous investir directement dans le conflit », avait déclaré M. Fabius à la presse avant de quitter la France. Cette visite participerait également à démentir les allégations qui prête à la France le dessein de déstabiliser le Cameroun. Des allégations qui pourraient se justifier selon Daniel Abwa, historien et vice-recteur de l'Université de Yaoundé 1.

 

Manoeuvre

 

Le choix de Paul Biya à trouver d'autres partenaires justifie pour beaucoup une volonté déstabilisatrice de la France dans la sous-région. Ceci justifierait pour beaucoup l'ostracisme de la France pour le Cameroun. Si les esprits s'interrogent encore sur la tiédeur du concours de la France à venir en aide au Cameroun, les raisons sont multiples « Nous avons suffisamment montré que nous pouvons nous en sortir sans eux ».

 

L'arrivée de Laurent Fabius est plutôt mal venue tant certains trouvent en cela une autre manœuvre de la France de vouloir garder la main mise sur le Cameroun. « La CEEAC et l'Union Africaine se sont mis ensemble pour trouver des solutions communes à ce conflit. Nous n'avons donc pas attendu la France pour réagir » se sont indigné les élites du Nord Cameroun qui se félicitent des mesures prises pendant le sommet de la COPAX. Des dispositions qui créent aujourd'hui un certain chauvinisme au sein des populations. Une simple visite ne suffirait donc pas à faire changer les gens d'opinion.

Sylvie Mbia à Yaoundé

 

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